All you need is love

mitford_poursuite_amour.jpgCes derniers jours votre fidèle chroniqueuse a éprouvé un besoin soudain de partir défricher les terres anglo-saxonnes. Plantant là toutes mes lectures en cours, j’ai donc opté pour La poursuite de l’Amour, fatiguée d’entendre la voix plaintive de Linda qui me criait depuis la bibliothèque : « lis-moi, lis-moi ! ». Celles qui ont lu ce roman savent à quel point cette demoiselle peut être exigeante et comprendront qu’elle ne m’aurait laissé aucun répit !

Avant d’aller plus loin, je propose de former un comité de « Protection de l’Intégrité Austenienne » afin de lutter contre l’appropriation (plus ou) moins justifiée du nom d’Austen par tout ce qui a un rapport avec l’Angleterre et porte des jupons. Quoique, l’Angleterre est une définition bien étroite puisqu’il existe maintenant une Jane Austen iranienne. Et si Nancy Mitford parle de jeunes filles en fleurs à la recherche du grand amour, le rapprochement avec Jane Austen me semble plutôt hasardeux.

Ici on découvre Linda, issue d’une famille d’aristocrates délicieusement décadente et pittoresque. Racontée par Fanny, sa cousine, cette histoire très amusante m’a fait passer un moment franchement jubilatoire. Entre la Trotteuse aux mœurs légères, Oncle Matthew et ses dentiers régulièrement renouvelés, le placard des Honorables, le fantasque voisin Merlin et un domaine digne des romans de Radcliffe, difficile de s’ennuyer ! Terriblement anglais, ce roman ne pouvait pas ne pas me plaire.

Il reste cependant léger : j’ai pensé au cadre plus ou moins contemporain des romans de Forster ou de Virginia Woolf mais, hormis l’époque et l’aspect profondément britannique, difficile de comparer Mitford et son humour exquis à ces auteurs.

Attention, le roman présente de nombreuses qualités. Le style est agréable (du moins à la traduction), les personnages bien campés et la narratrice pose un regard assez ironique sur l’histoire de sa cousine préférée, dont la quête de l’âme sœur est loin d’être évidente ! Ajoutons à cela un portrait malicieux de la haute société anglaise et nous voilà avec un très bon roman, divertissant et plein de charme !

La suite très bientôt !

 

Quelques extraits savoureux :

Le Mariage de Louisa (sœur aînée de Linda) :

« Tout à coup, il y eut un mouvement de foule. John et son témoin, Lord Stromboli, surgis comme deux diables d’une boîte, se trouvaient au pied de l’autel. Dans leurs jaquettes, les cheveux copieusement enduits de brillantine, ils étaient vraiment éblouissants, mais à peine eûmes-nous le temps de les regarder que Mrs Wills attaqua un grand jeu d’orgue, pendant qu’Oncle Matthew remorquait le long de la nef, à une folle allure, Louisa, dont le visage était voilé. En cet instant je crois que Linda eût volontiers changé de place avec Louisa, fût-ce au prix très lourd de vivre heureuse à jamais avec John Fort-William.

Nous n’eûmes pas le temps de nous ressaisir que Louisa redescendait la nef, remorquée par John. Elle avait rejeté son voile en arrière et Mrs Wills faisait presque sauter les vitraux avec une Marche nuptiale tonnante et triomphale. » (p74)

Oncle Matthew parlant à la mère de son futur gendre, d’origine allemande :

« Ma chère Lady Kroesig, je n’ai lu qu’un seul livre de toute ma vie, et c’est Croc-Blanc. C’est tellement bien que je ne me suis jamais donné la peine d’en lire un autre. » (p101)

Et sachant qu’il a assommé un certain nombre d’Allemands avec sa pelle-pioche pendant la guerre :

« … nous vîmes qu’on montait deux plateaux pour sir Leicester et Lady Kroesig.

« Non, vraiment, ça dépasse la mesure, que diable ! dit Oncle Matthew. Jamais je n’ai entendu parler d’un homme qui prend son petit déjeuner au lit ! »

Et il jeta un regard nostalgique à sa pelle-pioche. » (p103)

Elles ont aimé : Emjy, enthousiaste ; Malice (qui a lu les deux Mitford de 10/18 dans le cadre du swap Eternel Féminin) ; Lilly (avec quelques réserves) ; Anne, qui comme Clarabel, trouve que Nancy Mitford c’est « Waouh » ; Nanou, dont j’avais oublié la note pourtant indiquée sur son billet sur L’amour dans un climat froid

Elles sont plus déçues : Papillon a trouvé ce roman « drôle et joliment écrit » mais a été déçue par la fin du roman ;  Caro[line], encore moins convaincue.

In Cold Blog a également parlé d’un livre sur ces incroyables sœurs Mitford… voilà qui me tente bien !

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254 p

Nancy Mitford, La Poursuite de l’Amour, 1945

Commentaires

J’ai ça au fin fond de ma pile… je ne pensais pas du tout que c’était drôle, malgré les billets qui le disent… faut croire que mes préjugés étaient solidement ancrés! Tout ça pour dire qu’il faut que je le lise!

Écrit par : Karine 🙂 | 25/10/2008

Je l’ai lu il y a longtemps. J’avais aimé, mais je ne m’en souviens plus très bien.

Écrit par : Aifelle | 25/10/2008

j’achète! et comme toi,je suis agacée de l’austenisation de’auteurs/livres qui n’aont rien en commun, ou sipeu, avec l’oeuvre de notre chère Jane!!! Shame!

Écrit par : choupynette | 25/10/2008

En fait, ce qui m’ennerve avec ces comparaisons, c’est qu’elles dénaturent non seulement l’oeuvre d’Austen, mais aussi les livres comme celui-ci, qui ont bien d’autres mérites.

Écrit par : Lilly | 25/10/2008

J’ai bien aimé ce livre, mais comme Papillon, la fin m’a déçue car je l’ai trouvée baclée.
Maintenant, il te faut lire L’amour dans un climat froid, où l’on retrouve certains personnages et en particulier la narratrice.

Écrit par : Nanou | 25/10/2008

Fort appétissant! Je vais passer outre l’austenisation et ne pas bouder mon plaisir!

Écrit par : chiffonnette | 25/10/2008

@ Karin 🙂 : j’ai insisté sur le côté drôle mais ce n’est pas que ça… c’est juste que j’ai été très sensible aux traits d’humour. Ce serait presque un mélange de Danielle Steel et de Bridget (mais bien écrit), de Wodehouse (mais moins comique) et de Barbara Pym (avec moins de pasteurs). Mais au final ces comparaisons ne rendent pas service à Mitford :p

@ Aifelle : oui j’imagine qu’on l’oublie assez vite ! Mais peut-être qu’on le relit avec plaisir !

@ Choupynette et Lilly : c’est un peu comme comparer le chocolat noir et le chocolat au lait, qui contiennent tous du cacao et sont tous les deux délicieux mais n’ont au final pas grand-chose en commun… la comparaison ne sert ni le noir ni le lait !

@ Nanou : j’ai lu ta critique de « l’amour dans un climat froid » et je compte bien le lire très prochainement ! Je suis dans ma période « (Manchester), England, England, across the Atlantic sea »

@ Chiffonnette : oh oui on passe un très bon moment !

Écrit par : Lou | 26/10/2008

Ouhlala ça me donne envie tout ça : ton billet, la couverture et le titre !!!

Écrit par : Cécile | 26/10/2008

Je vote pour la constitution du comité de « Protection de l’Intégrité Austenienne »!!! On signe où ? :)))

Écrit par : fashion | 26/10/2008

Si tu aimes les destins hors du commun, n’hésite pas une seconde : « Ces extravagantes soeurs Mitford », d’Annick Le Floc’hmoan (paru depuis en version poche je crois bien) se lit d’une traite.

Écrit par : In Cold Blog | 26/10/2008

C’est vrai que je m’étais promis de lire un autre titre. Encore un projet de lecture inassouvi (soupirs!)

Écrit par : Anne | 27/10/2008

@ Cécile : alors n’hésite pas… D’autant plus que je vais très vite reparler des soeurs Mitford et serais ravie d’en discuter avec ses lecteurs ;o)

@ Fashion : je propose d’envoyer un courrier au ministère de la culture britannique… aux grands maux, les grands remèdes !

@ In Cold Blog : pff… de toute façon ta note m’a tellement convaincue que j’ai commandé cette biographie (re-soupirs) ;o)

@ Anne : oui les projets de lecture inassouvis sont aussi un problème récurrent chez moi… je compatis !

Écrit par : Lou | 27/10/2008

Et ça fait un moment que je me dis qu’ il faut que je le lise celui – là !

Écrit par : La Pyrénéenne | 27/10/2008

je le note pour une pèriode vieille angleterre, pourquoi pas!

Écrit par : pom’ | 27/10/2008

N’hésitez pas, c’est très divertissant… et rafraîchissant ! (pas seulement à cause de la pluie britannique) :o)

Écrit par : Lou | 27/10/2008

Il fait toujours partie de ma LAL et compte bien le lire, un jour…

Écrit par : Florinette | 27/10/2008

Celui-ci me fait de l’oeil depuis un bout de temps et ton billet me fait comprendre que je ne dois plus hésiter un seul instant !

Écrit par : Manu | 27/10/2008

Un de ces jours mais je ne sais pas quand !

Écrit par : anjelica | 27/10/2008

Je l’ai déjà noté, donc maintenant, je vais tâcher de ne pas oublier quand j’irai à la biblio…

Écrit par : liliba | 27/10/2008

Ah, les projets de lecture toujours repoussés… je connais :o)
En tout cas n’hésitez pas à le lire, c’est un roman très sympathique !

Écrit par : Lou | 27/10/2008

Moi aussi j’ai des envies de défricher les terres anglo-saxonnes en ce moment! Du coup, ma bibliothèque a récemment accueilli quelques nouvelles acquisitions purement « british » … qui prennent la poussière pendant que je m’attaque à des bouquins qu’on m’a prêté ou que j’ai acheté il y a 2 ans!

Celui-là viendra peut-être les rejoindre! Je note le titre en tout cas!

Écrit par : Keltia | 28/10/2008

@ Keltia : je connais bien ces accumulations vicieuses… ;o) Je ne veux même pas compter le nombre d’anglo-saxons en attente !

Écrit par : Lou | 28/10/2008

« comité de « Protection de l’Intégrité Austenienne » »: j’adhère immédiatement! Et en plus, je cumule avec Tolkien qui apparait comme comparaison sur 3 couv sur 4 en fantasy. Editeurs, laissez les auteurs morts tranquilles!

Écrit par : Isil | 03/11/2008

@ Isil : ah oui Tolkien aussi, tu as raison… on dirait qu’il a envoyé des ondes pendant leur sommeil à Pullman, Rowling… pourquoi pas à Beatrix Potter aussi pendant qu’on y est ?!

Écrit par : Lou | 04/11/2008

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