Mangez-moi, mangez-moi…

pirzad_on_sy_fera.jpgVous avez sans doute déjà lu un certain nombre de billets sur On s’y fera de Zoyâ Pirzâd. Pas étonnant : il s’agit de la nouvelle opération du Livre de Poche, que je remercie pour cet envoi ! Alors, alors…

Avec ce titre peu évocateur, on peut s’attendre un peu à tout en ouvrant ce roman. Après lecture, on comprend mieux le choix de l’auteur (ou du traducteur) pour cette phrase vaguement philosophique, un brin défaitiste, un poil optimiste.

L’histoire est celle d’Arezou, une femme iranienne dont la vie est loin d’être simple : responsable d’une agence immobilière, Arezou doit subvenir aux besoins de sa famille et gérer les sautes d’humeur d’une mère acariâtre et d’une fille insupportable. Rien n’est au goût de la mère qui joue les grandes dames, tandis que la fille négocie tout à coup d’ « achète-moi ci » et d’ « achète-moi ça ». Entourée de quelques épaules fidèles, Arezou est dynamique et plutôt attachante, malgré une façon assez pessimiste d’aborder la vie, entre kilos en trop et manque de reconnaissance. Jusqu’au jour où elle rencontre Zardjou, un client agaçant qui devient en peu de temps un chevalier servant plutôt cocasse. Reste le poids des traditions. Sans parler de la réaction des proches d’Arezou qui, entre jalousie ou réprobation, risquent de ne pas lui faciliter les choses.

On s’y fera est à mes yeux un livre plaisant mais un peu léger. Beaucoup de personnages secondaires restent assez inconsistants comme Shirine, la meilleure amie, ou Nosrat, qui a toujours travaillé dans la famille d’Arezou.

Les scènes se répètent, entre restaurants, goûters, trajets en voiture, visites de logements et papotage à l’agence. Pleine d’abnégation, Arezou est un personnage intéressant mais qui, malheureusement, tourne un peu en rond jusqu’à une fin laissant bien des questions en suspens. Tant et si bien qu’on a presque l’impression de ne pas avoir avancé d’un pouce malgré l’entrée en scène de Zardjou, l’élément perturbateur.

Certaines scènes sont difficiles à transposer dans le contexte français auquel le lecteur lambda est habitué ; ainsi, le tutoiement exprimant la hiérarchie entre deux personnes choque un peu et aurait peut-être pu être exprimé en français par le vouvoiement (par exemple dans un magasin, entre un client et un employé). Même l’héroïne, plutôt sympathique, m’a profondément agacée dans sa relation avec Naïm, vieux domestique de la famille chargé de toutes les corvées et peu respecté. Comme lorsqu’à la fin du livre, pour la première fois, Arezou demande à Naïm de faire cuire son déjeuner pour le partager avec elle, juste avant de changer d’avis et de déjeuner avec une employée, lançant à un Naïm interrogatif : « Tu peux tout manger ! » (p 302)

Au final, ce roman est une fenêtre ouverte sur l’Iran et offre à ses lecteurs un agréable voyage, assez rapide et malheureusement quelque peu superficiel. Une lecture facile et dépaysante, donc, qui tient cependant de Jane Austen et de ses héroïnes à peu près autant que Mamma Mia ! rappelle Pride and Prejudice (cette pauvre Jane doit se demander ce qu’elle a bien pu faire pour figurer sur tant de quatrièmes de couverture et de synopses de films) !

Quelques avis de lectrices : Sylire (qui évoque l’annonce brutale d’un mariage avec un petit ami très chaste qui n’a pas encore été présenté à la famille), Praline, Malice, Tamara, Brize, Miss Alfie (toutes un peu déçues), Saxaoul, Clarabel, Anne, Lina Ribeiro (nettement plus convaincues) et Fashion (qui a souligné avant moi l’incongruité de la référence à Jane Austen).

317 p

Zoyâ Pirzâd, On s’y fera, 2008

Commentaires

Bon beh alors pas très tentant ! c’est dommage car je crois qu’avec l’Iran comme environnement, il y a de quoi faire des romans sympa !

Écrit par : Thaïs | 13/10/2008

@ Thaïs : je suis allée chercher chez Miss Alfie un commentaire que je lui ai laissé hier et qui rend un peu plus justice à ce roman tout de même sympathique. « J’ai aimé la vision de l’Iran présentée dans ce livre, même si ma critique est assez mitigée. Peut-être que j’ai justement aimé le fait que l’auteur ne rajoute pas trop de détails sur tout ce qui est un peu exotique pour moi, car cela m’a permis de me sentir plus proche des personnages et de dépoussiérer une vision assez passéiste de l’Iran (car je dois bien avouer que je ne sais strictement rien de ce pays). J’ai l’impression que ce roman ne s’embarrasse pas de clichés… » Bon, pour les clichés j’étais peut-être un peu trop radicale en écrivant ça hier soir, mais disons qu’on est loin des froufrous orientaux ou, à l’inverse, d’une vision alarmiste version « envoyé spécial ».

Écrit par : Lou | 13/10/2008

Je te promets, je le note !

Écrit par : Thaïs | 13/10/2008

Juste avant de lire ton billet, je viens de d’écrire dans un com’ à Sylire que j’étais choquée de la façon dont les 2 vieux domestiques étaient traités.
Tu vois, que mon avis sur ce roman rejoint complètement le tien.

Écrit par : Anne | 13/10/2008

A votre bon cœur messieurs/dames, venez en aide à une gentille brute en manque d’élèves.
Nous avons récoltés le titre de point d’acier grâce à tous vos efforts, mais ce n’est pas suffisant, la recherche à besoin de vous.
Faites le 36/37 ou devenez membre de notre confrérie:

http://htrjzrrjz.labrute.fr

Merci à vous

Écrit par : jjpower | 13/10/2008

@ Thaïs : oops, je ferais peur ? ;o)

@ Anne : en grosse flemmarde je recopie ici le commentaire que je t’ai laissé :pp
Je suis assez contente de voir que je ne suis pas la seule à être choquée par cette question de hiérarchie… sans doute culturelle, peut-être que je suis un peu trop nombriliste et franco-française… mais tout de même, la façon dont cette vieille harpie demande à Nosrat quand elle se décidera à apprendre à frapper aux portes ou dont Naïm sert tout le monde tandis que Shirine et Arezou se moquent de lui… c’est un peu difficile à avaler ! La cas de Naïm m’a encore plus choquée. Pour Nosrat, j’étais un peu étonnée de voir qu’Arezou ne l’aide jamais alors qu’elle fait en quelque sorte partie de la famille (c’est presque une mère de remplacement). Mais j’ai trouvé le cas de Naïm pire encore : j’ai trouvé qu’elle ne le respectait même pas alors qu’il travaille aussi bien à l’agence qu’à la maison depuis des années, demandant juste à être mis de temps en temps dans la confidence.

@ Jjpower : hum… ceci serait donc un spam ? Bon pour cette fois je ne dis rien parce que ce site stupide est très sympa :o)

Écrit par : Lou | 13/10/2008

Mouais, non… pas convaincue du tout !

Écrit par : Lilly | 13/10/2008

Je n’ai pas trouvé cette lecture désagréable mais ce n’est pas un livre que je garderai longtemps en mémoire !

Écrit par : sylire | 13/10/2008

Je n’arrive pas à me décider à le noter …

Écrit par : Gambadou | 13/10/2008

Il y a beaucoup de divergences d’opinions sur ce livre qui titille malgré tout ma curiosité…

Écrit par : Florinette | 14/10/2008

@ Lilly : je crois que ma lecture suivante ne va pas te convaincre plus… :o)

@ Sylire : pareil pour moi !

@ Gambadou : dans ce cas autant passer je crois :p

Écrit par : Lou | 14/10/2008

@ Florinette :c ‘est en tout cas un moment de lecture agréable… en ce qui me concerne, pas passionnant, mais sympathique :o)

Écrit par : Lou | 14/10/2008

Domage, car l’Iran est un pays passionnant, ses traditions, la religion… Mais il y a tant de livres à lire que je passe mon tour pour celui-ci !

Écrit par : liliba | 15/10/2008

@ Liliba : pour l’instant j’ai lu beaucoup de critiques négatives (plus que la mienne) sur ce livre. Et là encore, sans opération spéciale je ne l’aurais d’abord pas remarqué et surtout je ne serais pas allée au bout – je suis la spécialiste des livres commencés puis laissés en attente indéfiniment.

Écrit par : Lou | 15/10/2008

il ne me tente pas celui-là !

Écrit par : BelleSahi | 19/10/2008

Je me souviens! Je l’avais commencé, attirée par la référence à Jane Austen (on ne se refait pas, hum) et j’ai lâché au bout de peu de pages, un peu désorientée …

Écrit par : keisha | 21/10/2008

@ Keisha : Je lis en ce moment Nancy Mitford, avec une présentation qui cite aussi Austen… un peu plus justifiée, mais si à chaque fois qu’on parle de jeunes filles en âge de se marier on songe à Austen, les rapprochements ne manquent pas!

Écrit par : Lou | 21/10/2008

Comme tu le dis, c’est une fenêtre ouverte sur l’Iran mais c’est dommage que la vue soit très limitée ! mdr !

Écrit par : Joelle | 06/11/2008

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