Le fait d’avoir lancé le challenge British Mysteries m’a permis de faire un point sur ma PAL, qui regorge de livres autour de ce thème… j’ai d’ailleurs mis dans la colonne de droite de ce blog quelques-uns des livres qui attendent sagement sur mes étagères, afin de vous donner une petite idée des billets à venir ici (n’hésitez pas à me dire si vous les connaissez, les appréciez, avez envie de les lire !).
J’ai ainsi réalisé qu’il y avait bien longtemps que je ne vous avais pas parlé de Lee Jackson, un de mes auteurs contemporains favoris. Lee Jackson est un spécialiste de l’époque victorienne et tient un site web passionnant sur le sujet (traitant des moeurs et de la société surtout) – j’en ai déjà parlé là. J’ai découvert cet auteur en 2007, ce blog avait alors à peine plus de six mois. Je me suis vraiment régalée avec le début de sa série Decimus Webb, dont j’ai continué à parler par ici. Entretemps j’ai échangé quelques mails avec Lee Jackson, qui m’a même laissé quelques commentaires ici (j’ai mis du temps à m’en remettre!) et que j’ai rencontré lors d’un pot de 10-18 au cours duquel il m’a présenté Gyles Brandreth. Et depuis le début, ses livres occupent une place de choix chez moi dans ma section polars historiques (mes bibliothèques étant classées par thèmes d’une logique implacable selon mes critères tout personnels, sans doute moins évidente pour le néophyte !).
Cette fois-ci j’ai lu Il était une fois un crime, un roman sombre dont la construction m’a beaucoup plu. Lorsque le récit débute, deux policiers pénètrent par effraction chez Mr & Mrs Jones, dont la disparition a été signalée. Ils découvrent Dora Jones morte à l’étage, le crâne fracassé contre la cheminée, tandis que dans un salon se trouve un journal, laissé bien en vue. Il s’agirait des confessions de Mr Jones, sur qui les soupçons se tournent immédiatement. Le roman va dès lors alterner les longs extraits du journal de Mr Jones, qui couvre une période de six mois environ, et de brefs chapitres dans lesquels l’inspecteur poursuit son enquête et interroge quelques témoins afin de démêler cette triste affaire. Très rapidement, il suspecte une affaire de coeur : Dora aurait soupçonné son mari d’entretenir une liaison avec une jeune femme issue des classes populaires, Ellen Hungerford.
Lorsque débute le récit et que le lecteur découvre les premiers passages du journal de Mr Jones, il se demande ce qui a pu conduire celui-ci à tromper son épouse, qui plus est avec Ellen, très jeune et étonnamment innocente pour une orpheline des bas-fonds londoniens. Les premiers mois sont ceux de l’idylle, le couple semble heureux et s’apprête à déménager dans le quartier plus prestigieux d’Islington. Une ombre apparaît bientôt au tableau : alors que son épouse est la fille d’un riche marchand et vient de Chelsea, Mr Jones n’est qu’un simple clerc et fait tout son possible pour se hisser dans la société. Or la réapparition de son père alcoolique plane comme une menace, alors même que son épouse ne sait rien de ses origines. Lorsque son père lui présente la jeune Ellen Hungerford, Jones commence à nourrir un intérêt particulier pour elle et veut faire son possible pour la sortir du quartier dans lequel elle évolue avant qu’elle ne soit corrompue. A partir de là, les rebondissements se multiplient, jusqu’à l’issue tragique, mais ne comptez pas sur moi pour vous en dire plus !
Mr Jones est un personnage assez fascinant. Sous des dehors respectables, alors qu’il semble sincèrement épris de sa femme et pourrait tout avoir du jeune ambitieux sympathique de bien des romans du XIXe, Jones laisse régulièrement entrevoir des aspects moins séduisants de sa personnalité. Ainsi par exemple, il rejette tout du milieu dont il vient et méprise les pauvres, tenant à leur sujet des propos abjects (se réjouissant ainsi de s’être élevé au dessus « de telles immondices »). Puis il fait une fixation sur la pureté d’Ellen Hungerford et s’imagine ce que son père ou d’autres pourraient lui faire, la sexualité étant une thématique sous-jacente très présente dans son journal (à travers beaucoup de non-dits notamment), souvent liée à une morale puritaine, l’Eglise intervenant aussi fréquemment dans le récit. Quant à sa femme, malgré ses propos affectueux (« ma chère petite femme »), elle est très appréciée pour son aspect décoratif il me semble. C’est elle qui lui a permis de faire un beau mariage, il apprécie son physique, son humeur légère mais dès qu’elle se fait plus sombre, on sent poindre la fragilité de leur relation.
Comme toujours, Lee Jackson parvient avec succès à faire revivre Londres à l’époque victorienne (je m’en rends d’autant plus compte que ma lecture actuelle, The Pleasures of Men, ne me convainc pas autant pour l’instant). On se régale de l’ambiance et des quelques descriptions mais on se délecte aussi des personnages aux portraits habilement brossés, si bien que je les voyais sans peine s’animer et m’accompagner lors de tous mes déplacements. Car les romans de Lee Jackson sont de véritables page-turners : difficile de se laisser distraire et de prêter attention à son environnement immédiat une fois que l’on a laissé l’histoire nous happer ! Je ressors enthousiaste de cette lecture et du coup bien décidée à lire la série Sarah Tanner, jamais évoquée ici.
De Lee Jackson sur ce blog (laissez-vous tenter !) :
- Les secrets de Londres
- Série Decimus Webb, T1, Le cadavre du métropolitain
- Série Decimus Webb, T2, Les bienfaits de la mort
- Série Decimus Webb, T3, Le Jardin des Derniers Plaisirs
Deuxième lecture dans le cadre du challenge British Mysteries, organisé avec Hilde et ici-même, mais aussi un billet pour le challenge I Love London de mes chères Titine et Maggie et du challenge victorien. C’est aussi ma lecture pour le mois de mars avec les Victorian Frogs ans Ladies.
346 p
Lee Jackson, Il était une fois un crime, 2011
Commentaires
J’ai le même type de classement que toi dans ma bibliothèque 🙂
Écrit par : Shelbylee | 02/02/2013
Écrit par : Lou | 02/02/2013
Écrit par : jerome | 02/02/2013
Écrit par : Titine | 02/02/2013
@ Titine : ah là là, moi j’adore vraiment son univers, j’ai aimé tous ses romans. Je crois que j’avais notamment beaucoup aimé « Le jardin des plaisirs », le 3e tome de la série Decimus Webb, mais peut-être que tu aimerais celui-ci, qui n’est pas vraiment un polar « classique ».
Écrit par : Lou | 02/02/2013
Écrit par : rachel | 03/02/2013
Écrit par : Lou | 03/02/2013
Écrit par : rachel | 03/02/2013
Écrit par : Lou | 03/02/2013
Écrit par : niki | 03/02/2013
Écrit par : sybille | 03/02/2013
Écrit par : Bianca | 03/02/2013
@ Sybille : chouette, peut-être qu’avec celui-là je vais te pousser à le lire à ton tour… ;o)
@ Bianca : pour moi la comparaison repose sur le genre et l’époque, par contre derrière l’approche est très différente, et là je suis particulièrement séduite par l’approche de Lee Jackson. Et oui, il faut le lire !
Écrit par : Lou | 03/02/2013
Écrit par : rachel | 04/02/2013
Écrit par : Lou | 04/02/2013
Écrit par : rachel | 05/02/2013
Écrit par : Lou | 05/02/2013
Écrit par : maggie | 09/02/2013
Écrit par : Lou | 09/02/2013
Les commentaires sont fermés.