« C’était l’hiver, le terrible hiver de l’Egypte misérable. La journée avait commencé dans l’horreur d’un froid glacial. D’abord, le vent avait harcelé la ville moderne et ses bâtisses en béton armé, pareilles à d’invincibles forteresses. Puis, il avait deferlé comme un sauvage sur les quartiers populaires. Là, aucun obstacle sérieux ne s’opposait à l’énormité de son élan. Il avait pris d’assaut l’infini des masures et rempli les venelles de son souffle dévastateur. C’était un vent glacial, chargé d’une humidité nocive. Il passait à travers les cloisons branlantes des taudis ; il pétrissait les ruines ; il s’enroulait autour d’infâmes décombres, soulevant partout l’odeur pestilentielle de la misère. » (p7)
C’est ainsi que s’ouvre le court roman La Maison de la Mort certaine. Aussi, si je vous dis que c’est la merveilleuse écriture d’Albert Cossery qui m’a emportée, vous ne serez sans doute pas étonnés.
Cette histoire est celle d’une maison, défigurée par une fissure qui inquiète de plus en plus ses habitants, tous locataires et, à l’exception du boueux soucieux de faire des économies, trop pauvres pour déménager. S’attendant à voir la maison s’écrouler et causer leur mort, les voisins exigent une intervention de la part du propriétaire. Mal à l’aise devant eux, inquiet face à leurs enfants trop farceurs à son goût, le propriétaire finit par venir accompagné d’un soi-disant ingénieur, jeune homme auquel il a visiblement demandé de déclarer que la maison était tout à fait saine, en dépit du bon sens. Sommé de visiter lui-même la maison, il entreprend l’ascension des marches branlantes avec inquiétude, découvrant ainsi un sol affaissé et prêt de s’effronder dans l’appartement du dessous, ou encore un appartement auquel il manque tout simplement un pan de mur vers l’extérieur.
Ce sont les conditions de vie de la populaiton misérable de ce quartier égyptien qu’évoque Cossery à travers ce roman que l’on pourrait sans doute qualifier de fresque sociale. Entre l’artiste sans emploi, le menuisier sans client et les autres habitants sans avenir de cette bâtisse moribonde, se dresse le portrait d’une classe oubliée par la société, une classe dont le sort n’intéresse visiblement personne. Un certain fatalisme se dégage de ces pages et pourtant, on est davantage frappé par la richesse du texte et la capacité de Cossery à faire d’une situation dramatique une scène riche en couleurs et invitant au voyage. Un écrivain éloigné de mon univers de prédilection mais que je relirai avec grand plaisir et que je vous invite à découvrir absolument.
Merci à Papa Lou pour la découverte !
Les photos proviennent du blog Balade égyptienne où vous trouverez de nombreuses photos tout aussi intéressantes.
Les avis d’Enlivrez-vous, Le blog des bouquins, Sybilline
144 p
Albert Cossery, La Maison de la Mort certaine, 1994
Commentaires
Écrit par : rachel | 16/05/2011
Écrit par : céline | 16/05/2011
@ Céline : je vais sans doute déjà piocher dans la bibliothèque paternelle et note ton conseil 🙂
Écrit par : Lou | 16/05/2011
Écrit par : rachel | 16/05/2011
Écrit par : Lou | 16/05/2011
Écrit par : rachel | 16/05/2011
Si tu permets, mon com:
http://www.lecture-ecriture.com/1470-La-maison-de-la-mort-certaine-Albert-Cossery
Bonne soirée
Écrit par : Sibylline | 16/05/2011
@ Sibylline : ah oui Sibylline, je l’ai lu et je me suis perdue dans les liens !! Merci d’y avoir pensé 🙂
Écrit par : Lou | 16/05/2011
Écrit par : rachel | 17/05/2011
Écrit par : Alice | 17/05/2011
@ Alice : je ne pourrai pas te le prêter cette fois-ci malheureusement, car l’exemplaire n’est pas à moi :o(
Écrit par : Lou | 17/05/2011
http://www.amazon.fr/Juge-dEgypte-Pyramide-assassin%C3%A9e/dp/2266118404/ref=sr_1_14?ie=UTF8&qid=1305631683&sr=8-14
mon dernier CJ…;)..
et bin bonne lecture….
Écrit par : rachel | 17/05/2011
Écrit par : Lou | 17/05/2011
Écrit par : yueyin | 17/05/2011
Écrit par : rachel | 19/05/2011
Écrit par : Margotte | 19/05/2011
@ Rachel : ok alors j’éviterai absolument !!
@ Margotte : je vais voir de ce pas quel voyage égyptien tu as fait ^^
Écrit par : Lou | 20/05/2011
Écrit par : rachel | 20/05/2011
Écrit par : Lou | 20/05/2011
Écrit par : rachel | 20/05/2011
Écrit par : Lou | 22/05/2011
Écrit par : rachel | 22/05/2011
Écrit par : Lou | 22/05/2011
Écrit par : rachel | 22/05/2011
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