Les conditions climatiques foncièrement impertinentes de cette exquise journée de juin me laissent penser qu’il est grand temps de vous parler du film Easy Virtue, vu le mois dernier. A part le titre de la VF qui aurait fait fuir toute madeleine de Proust ou d’hyper qui se respecte (Un Mariage de Rêve), ce film avait quelques atouts de poids pour prendre dans ses filets votre fidèle chroniqueuse :
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Un manoir en Angleterre, dans les années folles, quand les Victoriens étaient à peine dépoussiérés par quelques autos ma foi tout à fait charmantes.
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Un casting prometteur.
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Des costumes de rêves sur l’affiche, à faire pâlir d’envie toute Miranda Priestly qui se respecte, malgré les quelques décennies d’écart.
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Ah oui, j’allais oublier. Colin Firth. Vous savez, ce type qui a joué dans une série méconnue de la BBC il y a quelques années. Un petit détail tout à fait insignifiant, je vous l’accorde. Mais bon…
Tiré d’une pièce de Noël Coward (à l’origine d’un autre film de Hitchcock en 1928), ce film traite du retour au bercail de John Whittaker pendant les années folles. John est l’héritier de propriétaires terriens anglais sur le déclin, une famille visiblement portée sur les traditions aristocratiques anglaises et le respect des conventions sociales. La surprise est donc de taille lorsque John revient de Monaco marié à une certaine Larita. Une épouse idéale, vous pensez bien : américaine, très directe, blonde platine, déjà mariée, Larita est une héroïne moderne qui aime participer à des courses automobiles, passe son temps à fumer et n’a de cesse de mettre un terme à la visite familiale. Vous vous en doutez déjà, Mrs Whittaker mère n’entend pas les choses de cette façon.
C’est donc cette guerre impitoyable que se livrent la nouvelle épouse et sa belle-mère qui est au cœur de l’histoire et donne lieu à des scènes très drôles, à des répliques excellentes et des moments cultes – à commencer par le chien involontairement écrasé, les fleurs offertes en masse à une allergique au pollen, ou les conseils de lecture (Sodome et Gomorrhe et Lawrence) judicieusement prodigués à une belle-soeur un peu trop innocente.
Ce film offre un excellent moment de dépaysement au spectateur. Outre l’humour, j’ai particulièrement apprécié les décors et les costumes soignés, la musique entraînante et toujours à propos, sans parler des scènes rythmées qui s’enchaînent pour notre plus grand plaisir.
Le casting est sans aucun doute le point fort de Easy Virtue. Kristin Scott Thomas est parfaite dans le rôle de la mère et de l’épouse incomprise qui doit gérer seule son domaine et lutter bec et ongles pour sauvegarder le peu qui lui reste. Colin Firth est franchement sympathique en mari méprisé par son épouse, en sauvageon barbu affable cachant une blessure secrète – comme c’est romanesque! On est loin de Darcy ou des multiples comédies romantiques dans lesquelles on est habitués à le retrouver. Et si je trouve que les photos de Firth mal rasé ne le flattent pas, il m’a totalement charmée dans ce film où il est de toute manière parfaitement convaincant dans son rôle délicieusement décalé.
Du majordome aux enfants, en passant par tous les membres de la famille, tous les acteurs ont été particulièrement bien choisis – même si le jeune mari est un peu inconsistant, il me semble que cela correspond parfaitement à son tempérament et rend le duo père (Colin Firth) / fils plus intéressant. Mais la surprise vient pour moi de Larita, incarnée par Jessica Biel. Gardant le souvenir d’un personnage franchement soporifique dans Sept à la maison (7thHeaven), je n’aurais pas été voir le film pour les beaux yeux de Jessica Biel envers qui j’avais quelques a priori. Et pourtant, sa seule performance vaut le déplacement : Biel incarne une Larita flamboyante,
rendant aussi bien justice à la provocatrice qu’à la facette plus fragile du personnage. Superbe, drôle, très expressive, cette Larita entraîne ses partenaires (et le spectateur!) dans son sillage, avec brio.
Attention : produit très addictif !
Easy Virtue, Stephen Elliott, 2008



Commentaires
Écrit par : Maribel | 10/06/2009
Écrit par : rachel | 10/06/2009
Écrit par : Kitty | 10/06/2009
Écrit par : Aifelle | 10/06/2009
Écrit par : keisha | 10/06/2009
Écrit par : Dominique | 10/06/2009
Écrit par : praline | 10/06/2009
Écrit par : Titine | 10/06/2009
Écrit par : mary dollinger | 10/06/2009
Alors c’était du Sade le fameux livre pornographique ? Je n’y avais pas pensé vu que le titre était Sodome and Gomorrah dans la version anglaise… du coup je comprenais pas comment Proust était devenu pornographique.
Écrit par : The Bursar | 10/06/2009
Écrit par : Brize | 10/06/2009
Écrit par : Isil | 10/06/2009
Écrit par : Neph | 10/06/2009
Écrit par : La Nymphette | 10/06/2009
Écrit par : hydromiel | 10/06/2009
@ Rachel : ou sinon la version espagnole directement, ce qui me fait toujours rigoler (j’adore voir certains acteurs avec des voix qui ne leur vont pas du tout et j’ai remarqué que les versions espagnoles étaient souvent encore meilleures que les françaises de ce côté ^^)… sinon, what about English subtitles ?
@ Kitty : je ne sais pas si tout le monde trouve Colin bon acteur mais j’ai lu récemment un article d’une blogueuse insensible à son charme… si si, ça existe encore ! (qui étais-tu mystérieuse blogueuse ? viendras-tu te dénoncer par ici ? – ah oui, il y avait Ys qui en plus n’aime pas J. Ehle tst tst tst, mais elle n’était pas seule dans son entreprise foncièrement maléfique ;o))
Écrit par : Lou | 10/06/2009
@ Keisha : mais j’adoooore les danses de la BBC ! Avec Mr Lou on a fait des tentatives pour faire les pitres mais plus sérieusement, si quelqu’un me trouve un cours de danse « austenienne », je suis partante !
@ Dominique : j’attends que les prix baissent encore un peu mais je compte bien acheter le DVD moi aussi… miam !
@ Praline : j’adore les passages avec le chien… le meurtre mais aussi l’oraison funèbre sans dépouille, tandis qu’un autre chien déterre le défunt sous le nez de la coupable… le coup du majordome qui aide à enterrer le chien en cachette est excellent aussi. Et le French Can Can sans culotte ! Et Thanksgiving ! Sans parler des remarques acides made in the UK de Colin Firth !
Écrit par : Lou | 10/06/2009
Écrit par : rachel | 10/06/2009
@ Mary Dollinger : c’est justement pour ce genre de remarques que la spectatrice française anglophile en moi fond complètement pour les Britanniques :o)
@ The Bursar : grâce à toi j’ai vu que j’avais fait un raccourci rapide. J’avais oublié le titre exact et n’ayant retenu que « Sodome » j’ai pensé que ça devait être les « 120 jours de Sodome » en faisant ma note un mois plus tard. Ce n’est donc pas Sade, ceci dit c’est tout de même choquant parce qu’entre le titre provocateur de Proust et les histoires de Lawrence, Larita n’a pas raté sa belle-mère adorée. Merci pour ta remarque qui m’a permis de corriger mon article !
@ Brize : ça m’arrive assez souvent, ça ! Il faut d’ailleurs que je me dépêche de finir « Le Secret de Moonacre » pour aller voir le film tant qu’il est encore temps…
@ Isil : Satirique est un grand mot pour ça je crois :o) Et rassure-toi ma chère amie SOS romantisme (glurps), je crois vraiment que tu passerais un très bon roman. En fait dès le début l’histoire du couple est tournée en dérision, ils arrivent déjà mariés, on n’a pas à suivre leur rencontre, les yeux doux et tout le tintouin, le réalisateur attaque directement sur la rencontre de choc entre belle-fille et belle-mère. C’est surtout drôle et bien filmé.
@ Neph : en fait je crois que je viens juste de donner une réponse à The Bursar car je m’étais trompée de titre. J’espère que tu auras l’occasion de le voir, c’est tellement sympa… !
@ La Nymphette : tu as raison, je l’ai repéré par les affiches dans le métro mais j’imagine qu’en n’étant pas dans une très grande ville je n’aurais sûrement rien vu… ils sont peut-être passés par des revues de type Telerama mais aujourd’hui est-ce vraiment suffisant pour toucher une cible assez large ? C’est curieux vu le casting mais je me souviens aussi de « Miss Potter », passé à la trappe en quelques semaines ou de « The Furr » avec Nicole Kidman, repéré au ciné en voyant la bande-annonce mais sorti très rapidement des salles (et je ne me souviens pas d’avoir vu la moindre affiche à l’époque).
@ Hydromiel : au moins ce film aura bénéficié d’un petit buzz sur les blogs :o)
Écrit par : Lou | 10/06/2009
Écrit par : Hambre | 10/06/2009
Écrit par : Lou | 10/06/2009
Écrit par : Lou | 10/06/2009
hummm lala je me regale en ecoutant prime suspect avec helen mirren….hummm…quel accent….
Écrit par : rachel | 10/06/2009
Écrit par : Titine | 10/06/2009
Mais qu’est-ce que j’ai ri sinon!
Écrit par : Ori | 10/06/2009
Écrit par : Trillian | 10/06/2009
@ Titine : je m’étais régalée avec cette expo moi aussi. La plupart des toiles de Sorolla se trouvent au musée de Madrid, dans la maison du peintre. Je l’ai découvert en 1994 en allant à Madrid pour la première fois. J’avais 11 ans et ça ne m’a pas passé!
@ Ori : sacré Colin !!
@ Trillian : je n’ai rien contre la série malgré son peu d’intérêt mais je n’aimais pas son rôle de fille parfaite et pleine de bonnes intentions, et je ne trouvais pas sa performance particulièrement remarquable. Mais là, chapeau !
Écrit par : Lou | 10/06/2009
Écrit par : rachel | 11/06/2009
Écrit par : Rory | 11/06/2009
Écrit par : Celsmoon | 11/06/2009
Écrit par : Ofelia | 11/06/2009
@ Rory et Celsmoon : je ne suis pas étonnée de savoir que vous avez adoré !
@ Ofelia : déménagé ?
Écrit par : Lou | 12/06/2009
Écrit par : rachel | 12/06/2009
Écrit par : Lou | 12/06/2009
Écrit par : rachel | 12/06/2009
Écrit par : Ofelia | 12/06/2009
@ Ofelia : ah mais je ne comprends pas hier j’y suis allée en pensant à ça et je n’ai pas vu de lien ou quoi… ah mais j’y pense, j’ai dû cliquer sur le lien de ton message et j’imagine que tu as hébergé ton ancien blog ailleurs, ce qui fait que ça ne se voit pas à première vue… après vérification ça a bien l’air d’être ça !
Écrit par : Lou | 13/06/2009
mais je te rejoinds avec les lusophones..que c’est agreable d’ecouter du bresilien…on dirait qu’il chante… le portugais est beaucoup plus brutal…;o)..
Écrit par : rachel | 13/06/2009
Écrit par : liliba | 14/06/2009
Et c’est tout à fait ça pour le Brésilien par rapport au portugais : moins dur, moins de « ch » et de jolis rebondissements comme dans les fins de mots en « de » qui se prononcent à peu près « dji ». J’adore !
@ Liliba : oui sûrement !!
Écrit par : Lou | 14/06/2009
Écrit par : rachel | 14/06/2009
Écrit par : Lou | 14/06/2009
Écrit par : rachel | 14/06/2009
Écrit par : Lou | 15/06/2009
Écrit par : rachel | 15/06/2009
Écrit par : Lou | 15/06/2009
Écrit par : chiffonnette | 17/06/2009
Écrit par : Lou | 17/06/2009
Écrit par : Sabbio | 20/06/2009
Écrit par : Lou | 21/06/2009
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