Comme l’an dernier où j’ai eu la chance de lire les romans finalistes du prix Landerneau (et aimé un livre qui a fait couler beaucoup d’encre, en bien comme en mal), je m’apprête à découvrir les six livres en liste pour le prix 2009. Cette année, c’est Jérome Ferrari avec Un Dieu un animal qui a obtenu cette récompense mercredi dernier – lors d’une remise de prix à laquelle je n’ai malheureusement pas pu assister.
Avant de me lancer dans mon premier billet, j’ajoute un lien vers les blogs présentant aussi tous ces livres : Katell, Le Bibliomane, Caro[line], Anne, Joëlle, Michel, Fashion, Anne, Lily, Cathulu, Stéphanie, Clarabel, Isabelle, Vanessa et Sylire.
Avec Les Mains nues, Simonetta Greggio raconte à la première personne l’histoire d’une femme approchant de la cinquantaine, accusée d’avoir abusé d’un mineur. En réalité, malgré l’accroche de l’éditeur (« LA DIABLE AU CORPS ») absolument racoleuse et mensongère, ce roman n’a pour moi rien d’une enième version de Lolita. La relation amoureuse entre Emma et le fils de son ancien compagnon n’est presque qu’un sujet parmi d’autres. Je n’ai d’ailleurs pas été particulièrement sensible à cet aspect du récit, vu le peu d’importance qui lui est accordée et la superficialité avec laquelle l’auteur a choisi d’aborder cette relation, aussi bien sur le plan sentimental que sur les plans physique et psychologique. Et, sans les dernières lignes qui remettent le jeune homme à l’honneur, on pourrait presque penser que cette aventure n’est qu’un accident dans la vie d’Emma.
J’ai lu ce roman rapidement, avec un certain intérêt, mais mon avis est plutôt mitigé. Comme d’autres avant moi, j’ai éprouvé une certaine sensation de déjà vu et regretté les nombreux clichés : les deux femmes malheureuses en amour qui se retrouvent à la montagne, l’une vétérinaire de campagne, l’autre jeune cadre dynamique devenue éleveuse de chèvres (rien que ça !). La vision que la narratrice a de la solitude est à mon sens un peu éculée : au final, si je résume, seul l’amour et la vie à deux peuvent apporter le bonheur, le vieil ours solitaire s’épanouissant grâce à sa toute nouvelle vie conjugale, les solitaires se plaignant finalement de leur solitude et les quelques couples semblant tous plutôt heureux, à l’exception de l’ex d’Emma mais on l’a compris, son mariage était une erreur et Emma la femme de sa vie. D’où l’aspect légèrement ridicule de la relation avec le jeune Gio, qui a tout d’un transfert affectif caricatural bien que sans doute hautement symbolique. Je me le demande encore : que veut nous démontrer la narratrice ?
Si ce livre ne m’a pas renversée, je lui ai trouvé certaines qualités. J’ai d’abord jugé le déroulement de l’histoire un tantinet poussif, faisant des retours en arrière et des bonds en avant sans vraiment réussir à aiguiser ma curiosité. Mais on suit tout de même les pensées de la narratrice, qui nous laisse entrevoir des bribes de sa vie en suivant son propre fil conducteur, donnant quelques indications sur son état d’esprit et sa personnalité. Ceci dit, ce que j’ai sans doute réellement apprécié tient à la sensualité qui se dégage de certains passages pourtant anodins et rarement liés à l’aventure d’Emma avec un adolescent. Les mains nues évoquées dans le titre sont aussi mises à l’honneur à plusieurs reprises, mais c’est à mon avis le corps dans son ensemble qui occupe une place importante dans ce récit, avec quelques descriptions courtes mais symboliques, servies par une écriture assez souvent musicale. Enfin, selon moi, Emma incarne aussi le passage du temps, se questionnant sur la façon dont les années qui passent l’ont marquée. Son rapport à la mort est aussi mis en avant et, malgré une impression d’inachevé, cette esquisse est un point fort du roman – d’où le rôle joué par le corps.
Au final, voici un roman globalement agréable mais pour moi un poil figé, une toile où les personnages seraient collés dans une attitude dont ils ne parviennent pas à se dépêtrer, ce qui est bien dommage parce que votre fidèle et dévouée a un peu ramé elle aussi.
Les avis positifs de Lily, Malice, Clarabel ; négatifs de Fashion, Calepin, Caro[line] ; et mitigés de Cathulu, Papillon.
Merci à Elodie Giraud, contact des blogueurs pour ce prix, organisatrice d’enfer et consultante très sympa dont l’enthousiasme mériterait un award à lui tout seul 😉
170 p
Simonetta Greggio, Les mains nues, 2009
Commentaires
Écrit par : Ys | 08/06/2009
Écrit par : Lou | 08/06/2009
Écrit par : rachel | 08/06/2009
Écrit par : Ofelia | 08/06/2009
Écrit par : Lilly | 08/06/2009
@ Ofelia : je te réponds enfin alors que j’ai jeté un oeil au tag tout à l’heure. Je donne suite très rapidement, merci d’avoir pensé à moi (Isil va être contente, alors qu’elle venait juste de se débarrasser de mes trois tags… :)).
@ Lilly : ah parce que d’habitude tu n’écoutes pas ?! C’est du joli tout ça ! ;o)
ET BRAVO POUR SOROLLA (yeux en forme de coeur, à la manga!)
Écrit par : Lou | 09/06/2009
Écrit par : rachel | 09/06/2009
Écrit par : Lou | 09/06/2009
Écrit par : rachel | 09/06/2009
Écrit par : Lou | 09/06/2009
Écrit par : rachel | 09/06/2009
Écrit par : Mango | 10/06/2009
@ Mango : en fait j’ai essayé de m’expliquer de façon assez détaillée (« the pros and cons » dans un sens) car j’avais un peu de mal à définir mes impressions de lecture. Globalement je ne m’étais pas vraiment ennuyée, j’avais tourné rapidement les 170 p et apprécié certains paragraphes en particulier… et pourtant je n’étais pas très enthousiaste. ça se retrouve du coup dans mon billet assez partagé…
Écrit par : Lou | 10/06/2009
Écrit par : rachel | 10/06/2009
Écrit par : Hambre | 10/06/2009
Écrit par : Lou | 10/06/2009
Écrit par : Lou | 10/06/2009
Écrit par : rachel | 10/06/2009
Écrit par : Elodie G | 10/06/2009
Quant aux compliments, si jamais ça t’aide à avoir une promotion… ;o) Ceci dit on compte tous sur toi pour continuer à gérer le prix Landerneau s’il sollicite toujours les blogueurs ^^
Écrit par : Lou | 10/06/2009
Écrit par : Elodie G | 10/06/2009
Écrit par : praline | 11/06/2009
@ Praline : je viens de voir ça… j’y réponds très vite !!
Écrit par : Lou | 11/06/2009
Écrit par : liliba | 14/06/2009
Écrit par : Lou | 14/06/2009
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