Quelques jours après avoir refermé le roman Hantise / La Maison hantée de Shirley Jackson, et longtemps avoir vu le film de Spielberg, j’ai eu envie de découvrir la première adaptation de Robert Wise, qui date de 1963.
Bienvenue à Hill House, dont la sinistre histoire est présentée aux spectateurs dès le début du film (alors que le roman laissait plus de temps pour cela). La première maîtresse de maison est victime d’un accident de voiture, les chevaux s’emballant avant qu’elle ne voie les lieux pour la première fois… c’est donc morte qu’elle est transportée dans la maison ; sa fille est forcée de contempler le corps sans vie par un père dont on comprend immédiatement qu’il s’agit d’un puritain qui a mal tourné ; la deuxième femme fait une chute mortelle dans les escaliers ; la fille, une fois âgée, meurt parce que sa dame de compagnie est partie retrouver un jeune homme ; enfin, cette même employée se suicide dans la tour de la bibliothèque après avoir hérité de la maison.
Construite par Hugh Crain, un esprit monstrueux, Hill House est elle aussi difforme: immense, luxueuse, mais tordue, déroutante et surchargée de bibelots luxueux de mauvais goût. Sans parler des statues glauques qui sont légion.
Le Professeur Montague (ici à gauche) décide d’utiliser Hill House pour faire une étude d’ordre scientifique sur les phénomènes paranormaux qui s’y déroulent probablement. Pour lui, cette maison est malade. Il entend bien mener une expérience et invite à cette fin plusieurs personnes.
Seules Eleonore (à droite) et Theodora répondent présentes, tandis que le futur héritier du domaine est envoyé sur place par sa famille pour surveiller l’opération.
Comme dans le roman, Hill House se fait plus menaçante à la nuit tombée. La gouvernante récite là aussi sa litanie : elle part avant qu’il ne fasse nuit, revient le lendemain. Personne n’habite à proximité. Aussi, s’ils appellent pendant la nuit, personne ne les entendra.
Et de fait, l’obscurité approchant, la maison n’est pas des plus accueillantes.
Sensation de froid coupant, coups violents frappés à la porte… la maison semble bien décidée à trouver ses occupants et s’en prend aux deux jeunes femmes après avoir incité les hommes à sortir à la poursuite d’un chien qui serait entré dans la maison.
Mais comme dans le roman, l’attention se focalise sur Eleonore, qui semble ressentir avec une acuité particulière les mouvements de la maison. Ce personnage est tourmenté par les messages lui sont adressés personnellement. Rapidement, elle conclut que la maison s’intéresse à elle. Les sentiments d’Eleonore à son égard évolue : de la peur, de la fascination, et pour finir, un sentiment d’appartenance et le souhait de rester pour toujours.
Comme dans le roman, le film sème le doute quant au personnage d’Eleonore. Contrainte de s’occuper seule de sa mère malade pendant des années, et probablement responsable de sa mort, Eleonore n’a jamais construit sa propre vie. Elle est désormais l’obligée de sa sœur et de son beau-frère, qui n’ont aucune considération pour elle. C’est pourquoi lorsqu’elle arrive en quête d’aventure, Eleonore semble également nourrir des sentiments à l’égard du docteur – dans le roman, c’est vers l’héritier qu’elle se tourne. Il est évident que le personnage est fragile psychologiquement et peu apte à interagir avec autrui. Elle passe ainsi son temps à se demander si elle est bien à sa place et adopte une attitude naïve face aux sarcasmes et à une Theodora séduisante et beaucoup plus sexualisée.
La Maison du Diable est une adaptation globalement très fidèle, qui tente de faire ressortir la complexité des personnages, en particulier celui d’Eleonore. Si certaines « attaques » de la maison sont omises et la trame simplifiée (aussi bien dans l’histoire de la maison que dans le rôle joué par la femme du docteur), l’histoire est habilement restituée dans l’ensemble. Difficile de retraduire l’épouvante tout en conservant la sobriété du roman. Néanmoins, Wiser s’y emploie en ayant recours à un décor surchargé, des jeux de regard, des contre-plongées ou encore, des reflets. En revanche, le jeu des acteurs est assez suranné – il me semble qu’ils surjouent plutôt qu’ils n’incarnent pleinement leur personnage. Mais ce n’est pas la première fois que j’ai cette impression devant des films du vieux Hollywood. Les amateurs du genre ne devraient pas être gênés.
Et la conclusion s’impose d’elle-même : mieux vaut passer les prochaines vacances ailleurs. Enfin, s’il y en a…
J’en profite pour vous recommander cet article fouillé sur le roman et ses deux premières adaptations.
La Maison du Diable – Film de Robert Wise (1963)
dommage pour le jeu didonc…car il semble quand meme bien fait ce film….de quoi avoir de bien gros frissons
Sûrement une des sources d’inspiration de « The Shining » de Kubrick…
Je n’ai jamais vu cette version mais je reconnais l’actrice qui jouait la mère de Valene dans « Côte Ouest » ;-p… Julie Harris.