Margaret Kennedy, Les Oracles

C’est avec la menace imminente puis le déchaînement d’un orage spectaculaire que s’ouvre ce roman de Margaret Kennedy qui, décidément, affectionne les débuts qui secouent ses lecteur.ice.s. Un phénomène naturel qui va impacter directement la petite ville de Summersdown, sur le canal de Bristol. Lorsque Swann, sculpteur renommé qui travaille à un Apollon pour un concours, disparaît brutalement, sa mécène, représentante et meilleure amie autoproclamée décide de prendre les choses en main. Quitte à mettre en avant l’œuvre obscure dénichée dans l’atelier, dont elle suppose qu’il s’agit de la pièce tant attendue. En parallèle, les enfants Swann (les siens et ceux de sa compagne) ont été privés par la foudre de l’arbre dans lequel ils avaient l’habitude de jouer, et de la chaise en métal qui les aidait à y grimper…

Margaret Kennedy dresse avec humour et un sens du ridicule certain le portrait acide de tout un cercle élargi, de la mécène à sa clique en passant par un notaire de province frustré d’avoir dû renoncer à Oxford et sa femme un peu trop parfaite et très provinciale à ses yeux. Si le sort de l’Apollon est la principale préoccupation de certains, Swann réapparaît plus loin sous un autre nom pendant que sa compagne fait ses valises, abandonnant les enfants à leur sort.

Sont abordés l’art et sa perception, la vanité des faux érudits, la confrontation de l’intelligence, de l’éducation et du bon sens, mais aussi la question du couple, dont les différents exemples offrent un panaché doux amer. Un texte que j’ai pris plaisir à découvrir et dont j’ai dévoré la seconde moitié, même si j’ai mis un peu de temps à rentrer dans le récit au tout début en raison de la galerie de personnages étendue. Sur la fin, j’ai été surprise que l’intrigue se resserre autour du notaire et de son épouse, au détriment de Swann, des enfants ou même de la mécène insupportable, qui disparaît un peu plus tôt. De petits bémols pour un roman globalement très intéressant. J’en profite pour vous recommander chaudement Le Festin pour lequel j’avais eu un coup de cœur !

368 p

Margaret Kennedy, Les Oracles (2024 pour la VF)

Margaret Kennedy, Le Festin

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