Anita Diamant, The Boston Girl

diamant_boston girl.jpgC’est avec ce roman offert par Mr Lou (qui se doutait bien que je n’aurais rien contre un souvenir de la librairie des presses de Harvard) que je poursuis mes lectures américaines du moment.

Née au début du XXe à Boston, la narratrice est issue d’une famille d’immigrés juifs pauvres, dont les débuts aux Etats-Unis ont été marqués par la perte de leurs deux garçons. Des trois filles restantes, Betty, l’aînée, a quitté la maison et s’en tient à distance à cause de Mameh, une mère pour le moins acariâtre ; Celia est plus fragile, elle s’efface devant ses parents et ne parvient pas à s’épanouir ; Addie est la troisième de la fratrie et la narratrice du récit. Dans ce « coming of age novel », nous accompagnons Addie de la fin de l’adolescence à l’âge adulte et voyons comment elle parvient à s’émanciper de son environnement sinistre. C’est aussi pour le lecteur une traversée de l’Histoire, puisque l’on suit Addie à des périodes marquées par les guerres ou encore le krach boursier.

Ce livre aurait pu être un coup de coeur et je l’ai lu avec grand plaisir, avalant les courts chapitres rapidement – dès que je le refermais à la fin d’un chapitre, j’étais tentée de le rouvrir pour parcourir quelques pages de plus. Ce roman a cependant ses failles, ce qui n’en fait au final qu’une lecture très agréable ; il lui aurait fallu un peu plus de consistance pour en faire le coup de coeur espéré.

L’ambiance est agréablement rendue : l’institution / foyer de jeunes femmes qui permet à Addie de faire des rencontres marquantes et de s’élever dans la société ; les vacances à Rockport Lodge, accueillant certaines d’entre elles ; Boston, ses rues, ses lieux de sortie, son dynamisme contrastant avec la crasse et la misère sociale des quartiers immigrés… Néanmoins on passe à côté des évènements majeurs de l’Histoire, et lorsqu’ils affectent certains personnages, leur évocation reste assez superficielle. A ce titre, la comparaison n’a pas été flatteuse entre le cas de « shell shock » (traumatisme des vétérans) de ce roman et celui évoqué par Anna Hope dans le superbe roman Wake dont je ne vous ai pas encore parlé.

– On suit le parcours d’Addie, ses efforts pour s’instruire, son expérience dans la presse… puis elle rencontre l’homme de sa vie et dès lors, c’est le néant. On ne s’intéresse plus qu’à sa famille pendant les derniers chapitres. Addie devient une femme au foyer (ce qui peut être étonnant malgré l’époque, car Addie fait preuve de beaucoup d’audace pour faire ses propres choix lorsqu’elle est plus jeune). Elle finit par écrire un livre, mais à vrai dire, cette partie de l’histoire ne semble plus trop intéresser Anita Diamant.

Certains personnages sont caricaturaux ou insuffisamment exploités. Je pense en particulier à la mère d’Addie, qui passe sa vie à critiquer, faire des récriminations et à manifester beaucoup d’aigreur et d’hostilité envers le pays qui l’a accueillie et envers sa famille. J’ai trouvé le personnage insupportable et soupiré de soulagement quand elle s’est décidée à faire un malaise lors d’une fête familiale. Pourtant, traité avec plus de subtilité, le personnage aurait pu être intéressant : Mameh refuse de parler anglais, elle est venue à contrecoeur aux Etats-Unis, a perdu un enfant lors de la traversée et le suivant à Boston. Elle est complètement dépassée dans ce nouveau monde trop moderne et éloigné de ses origines. Il y avait là matière à étoffer un peu ce personnage et à le rendre plus ambigu et moins antipathique. 

La structure un peu maladroite : le prologue indique qu’Addie s’adresse à sa petite fille, qui s’apprête à l’enregistrer. On a du mal à vraiment y croire, l’histoire est trop bien organisée pour que la vieille femme ait pu spontanément raconter sa vie. Le style simple évoquant le caractère oral du récit ne suffit pas à masquer la superficialité du procédé. On aurait pu largement se passer du prologue et des quelques références à l’auditrice supposée.

Malgré ces bémols qui peuvent paraître nombreux, je réitère : j’ai lu ce roman avec avidité et passé un très bon moment. Le fond historique était intéressant, malheureusement pas autant qu’il aurait pu l’être mais suffisamment pour donner un peu de matière à l’histoire somme toute classique d’une jeune immigrée pauvre qui fait son petit bout de chemin dans la société. Si comme moi vous aimez les romans où les personnages féminins prennent leur envol, dans un cadre historique de préférence, ne boudez pas votre plaisir !

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320 p

Anita Diamant, The Boston Girl, 2014

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Commentaires

Il n’y a plus de ma place sur ma liste de livre à lire 🙂 …dommage !

Écrit par : lcath | 25/09/2016

@ Lcath : ah la LAL envahissante, je connais ! C’est dommage, ce roman m’a bien plu malgré quelques réserves.

Écrit par : Lou | 26/09/2016

Il a l’air sympa mais j’avoue, je ne suis pas sûre que ça me plairait alors je préfère passer mon tour !

Écrit par : Chicky Poo | 30/09/2016

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