Ann Granger, A Particular Eye for Villainy

granger_a-particular-eye-for-villainy.jpgI’ve never liked clowns, though the word is inadequate to describe the real horror they inspire in me. I panic at the sight. My heart pounds and terror tightens my throat so I can barely swallow. I can hardly breathe. You’ll think me foolish but nothing so real can be dismissed as nonsense. (p7)

Beaucoup de blogs mettent à l’honneur Ann Granger en ce moment, avec la parution en France du premier roman de la série Ben et Elizabeth Ross. Or, quelques mois plus tôt, je me trouvais dans ce lieu de perdition qu’est W.H. Smith lorsque mon oeil s’est arrêté sur A Particular Eye for Villainy du même auteur. Je n’avais jamais entendu parler d’Ann Granger mais le « Victorian gentleman » associé à un « mystery » m’a fait de suite penser que ce roman pouvait tout à fait me plaire, d’autant plus que je cherchais de nouvelles idées de lectures pour le challenge British Mysteries. 

C’est au mois de juillet que je me suis décidée à le lire. Les tomes sont dissociés les uns des autres et le fait de commencer par le quatrième de la série ne m’a gênée en rien (évidemment je me suis depuis procurée le tome 1 que j’ai hâte de découvrir également). 

Le sujet ? Thomas Tapley, qui loge chez la respectable voisine de l’Inspecteur Ross et de son épouse Elizabeth, est retrouvé assassiné dans son salon, violemment frappé à la tête par son meurtrier. Ross va être chargé de résoudre l’affaire mais, de par la proximité des deux maisons et parce qu’elle a eu l’impression qu’un clown suivait Mr Tapley le jour précédent sa mort, Lizzie est également bien décidée à mener sa propre enquête. Les chapitres alternent ainsi deux voix, celles de Ben et de son épouse, chacun avançant pas à pas dans son enquête, l’intervention de Lizzie servant les intérêts de l’inspecteur.

Mr Tapley est un vrai mystère. Sa logeuse ne sait presque rien de lui, on peine à découvrir à quoi il occupait ses journées, d’où provenaient ses revenus, pourquoi il a suffisamment inspiré confiance à sa logeuse pour qu’elle lui confie une clef d’entrée. Apparaît alors un cousin de Tapley, juriste et célèbre pour ses plaidoyers au tribunal, habitant un quartier huppé. Il semble peu ému du décès mais cherche à étouffer l’affaire, craignant qu’elle ne nuise aux projets de mariage de la fille de Tapley, qui lui a été confiée depuis l’enfance.

En matière de Victorian mystery, voilà un roman qui m’a beaucoup plu ! Rien à dire sur le plan de l’intrigue, bien menée, très sympathique. On soupçonne peut-être le ou la coupable rapidement mais Ann Granger s’amuse à explorer de nouvelles pistes et ajouter un brin d’extravagance à son enquête.

Mais si j’ai vraiment apprécié cette lecture, c’est avant tout pour deux raisons. D’abord, le cadre bien retraduit, avec la mise en avant de quelques particularités du Londres et du folklore de l’époque, telles les figures populaires et inquiétantes de Will o’ the Wisp et Springheeled Jack, ou encore, les souvenirs d’une période barbare où les pirates étaient exécutés et abandonnés sur les rives de la Tamise. There are still people who remember when pirates where hanged at Wapping. Whether their twitching limbs and swollen faces, or their tarred remains left hanging in iron cages as a warning, did anything other than provide the residents with a good spectacle is doubtful. Occasionally, even now, a yellowed bony hand pokes out of the stinking mud when the tide goes out (p 309).

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On découvre aussi la gare réservée aux convois funéraires de Brookwood Necropolis, qui n’a pas manqué d’éveiller ma curiosité. « After the service we shall all go, with the coffin, to the Brookwood Necropolis railway station and travel by train out of London to Surrey as a funeral party. My father will be buried there, in the Necropolis burial ground »  ( p 269).

Our destination was the modest railway station, situated near to its bigger brother at Waterloo, which was the starting point of the private line running to the huge burial area, known as the Brookwood Necropolis, some twenty-five miles out of London (p 287).

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arsenic-poison-bottle_shutterstock_89147137.jpgEt pour les lecteurs et bibliophiles, cette anecdote : We had to take out every single book and open each at every page, but we found the former landlady’s letter tucked neatly into a volume of Cowper’s poetry. The volume was bound in green cloth and I made a mental note to wash my hands carefullly before I ate. Arsenic is less used now to produce the colour green, since the danger of absorbing the poison through the skin is known. But it is still to be found in older books (p 73).

L’autre aspect qui ne m’a pas laissée indifférente tient au caractère bien trempé de deux personnages féminins, la fille de Thomas Tapley, indépendante d’esprit bien qu’emprisonnée dans sa belle demeure, et Elizabeth Ross, qui ne manque pas d’aplomb. De Lizzie, l’un des protagonistes dit ceci, non sans humour : « Though married to a plain-clothed jack out of the Yard, eh ? » He shook his head sorrowfully. «  Not that I’m surprised to learn it, mind you. You always had a funny interest in corpses. Ladies do have hobbies, I know that. Only generally it’s painting flowers or bothering the poor with their good works. But your pa was a sawbones, I recollect you telling me. So I suppose it runs in the fam’ly. You certainly have a particular eye for a murder. » (p 86) Mrs Ross est persuadée qu’un jour les femmes entreront à Scotland Yard et seront d’une grande utilité à la police, elle poursuit ses investigations découragée ou non par son époux. Elle ne manque pas de jugeote ni de sang-froid, c’est un personnage délicieux. Bien évidemment le couple fait penser à Thomas et Charlotte Pitt mais je trouve que le roman ne tombe pas dans les travers des livres d’Anne Perry, parfois pavés de bonnes intentions et de morale réchauffée à chaque tome.

A noter malheureusement une belle coquille : « I’m Elizabeth Ross, the husband of Inspector Ross who is investigating your father’s death. » (p 189)

Un mystère victorien rafraîchissant et addictif, j’ai hâte de retrouver le couple Ross !

Les billets de la LC British Mysteries du jour : Oscar Wilde et le Meurtre aux Chandelles de Gyles Brandreth chez ClaudiaLuciaPurple Velvet et Titine ; Oscar Wilde et les Crimes du Vatican de Gyles Brandreth chez EmmaLes Etranges talents de Flavia Luce d’Alan Bradley chez Hilde ; A Particular Eye for Villainy de Ann Granger par ici.

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362 p

Ann Granger, A Particular Eye for Villainy (Ben & Elizabeth Ross Mystery, T4), 2012 

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Logo Lou.jpgvictorien.jpgcommonwealth.jpgsérie benn et elizabeth ross,ann granger,a particular eye for villainy,londres,londres xixe,angleterre,angleterre xixe,époque victorienne,victorian mystery,challenge british mysteries,polar historique,mystère victorien,polar victorien

Commentaires

et bin les auteurs victoriens aiment le mystere….c’est bien prometteur…et surtout les femmes mises en avant….j’aime beaucoup aussi….;)

Écrit par : rachel | 19/09/2013

Ca fait penser à Charlotte et Thomas Pitt d’Anne Perry ou il y a une dimension différente? Parce que ça a l’air tentant.

Écrit par : Perséphone | 19/09/2013

@ Rachel : disons que nos contemporains aiment bien l’époque l’époque victorienne pour parler de mystères… et c’est vrai que la période s’y prête bien je trouve :o) Et oui je ne suis pas insensible à ces personnages féminins forts !

@ Perséphone : J’en parlais un peu dans mon billet à la fin mais j’avoue que ce couple est bien rafraîchissant, je trouve que le couple Pitt devient « gnangnan » (je peux difficilement dire ça autrement), bref, de nouvelles personnalités ça ne fait pas de mal :o)

Écrit par : Lou | 19/09/2013

Grâce à toi, je vais bientôt découvrir Ann Granger! 😉 Je n’ai pas pu me procurer le premier tome de cette série, mais bon, je note pour une éventuelle découverte future.

Écrit par : Hilde | 19/09/2013

cela donne encore plus envie de le lire…ces femmes fortes…;)

Écrit par : rachel | 19/09/2013

Je n’ai plus qu’à attendre la traduction en français et à lire l’autre série !

Écrit par : Titine | 19/09/2013

Beaucoup d’éléments font que cette série me tenterait bien. Pour cette lecture commune j’ai lu un tome des aventures d’Oscar Wilde: Oscar Wilde et les crimes du Vatican, 3ème de la série pour moi (je les ai lu également dans le désordre!)
http://lesptitscartons.canalblog.com/archives/2013/09/19/28050657.html

Écrit par : cartonsdemma | 19/09/2013

Je lis tous les billets concernant le challenge « mystères britanniques » avec la plus grande attention même si je manque de temps pour y participer autant que je voudrais ! Je m’excuse donc de mon absence de billets depuis quelque temps mais je compte bien me rattraper bientôt ! (j’ai des tonnes d’Agatha Christie, de William Pitt, de 10/18 autour de O. Wilde …)

Écrit par : Mrs Figg | 19/09/2013

Je crois que j’aimerais bien cette série… mais comment trouver le temps de tout lire? (Je n’oublie pas ton tag, mais là aussi le temps me manque. J’y répondrai d’ici quelques jours après un week-end revigorant dans le pays de Goethe).

Écrit par : Cleanthe | 19/09/2013

@ Hilde : tu parles du tome de quelle série ? :o) Pour le tome 1 de Ann Granger on pourrait se faire une LC !

@ Rachel : tout à fait !

@ Titine : tu veux dire le premier de la série (qui est en français) ? sinon maintenant que tu as tenté le coup avec Brandreth peut-être que tu pourrais le lire en anglais aussi ?

@ Emma : lire dans le désordre est un peu ma spécialité :o) Je ne fais pas franchement exprès mais en même temps ça ne me gêne pas de ne pas commencer par le 1er tome lorsque les histoires sont indépendantes. Merci beaucoup pour le lien !

@ Mrs Figg : ne t’en fais pas, on ne peut malheureusement pas tout suivre, moi aussi j’aimerais être plus dispo pour le challenge québécois par exemple… et là se profile notre traditionnel challenge Halloween… et un seul billet de prêt :o) Sans compter quelques SP que je veux chroniquer rapidement ! J’ai hâte de lire en tout cas ton avis sur tous ces polars historiques…

@ Cléanthe : ah la gestion du temps est un problème crucial pour le livrovore, surtout lorsque, comme moi, il lit très lentement… pas de souci pour le tag prends ton temps… J’ai mis des mois à y répondre !! Mmh tu vas en Allemagne le week-end de la fête de la bière ?:o) Tout ça est très louche ! En tout cas j’espère que tu pourras en profiter, dans quel coin vas-tu ?

Écrit par : Lou | 20/09/2013

Tu es vraiment une fana de polars victoriens toi ! Tu dois représenter 50% du chiffre d’affaire de 10/18 dans ce domaine. Pour ma part, je suis un peu tentée, mais on verra. C’est vrai que ça a l’air particulièrement bien.

Écrit par : Lilly | 20/09/2013

@ Lilly : pour le coup j’ai acheté celui-ci en anglais 🙂 Mais il est vrai que j’ai une PAL de 10-18 longue comme le bras ! J’adore les romans se passant à l’époque victorienne, y compris les romans d’auteurs contemporains, alors je m’en donne à coeur joie. J’avoue que cette série me change d’Anne Perry, voyons si elle garde toute sa fraîcheur après d’autres lectures ! Et justement j’ai commencé un autre polar victorien découvert samedi dernier à la gare de Liverpool Street en attendant de prendre mon train pour Cambridge… on ne se refait pas !

Écrit par : Lou | 21/09/2013

Ah bon, je ne savais pas pour l’anecdote de l’arsenic, je vais regarder avec méfiance maintenant mes vieux bouquins (…. vérification faite, ils ont tous une couverture rouge, ouf, sauvée!). Autrement, moyennement tentée par ces intrigues victoriennes, mais on ne sait jamais…

Écrit par : zarline | 21/09/2013

petite visite du soir…
et me voilà avec une tentation de plus !
Je ne connais pas l’auteur, donc je note… pour noël maintenant.
Bien peur d’être tombée amoureuse des auteurs victoriens.
bonne nuit,
bises

Écrit par : mazel | 21/09/2013

@ Zarline : comment ça moyennement tentée par les intrigues victoriennes ? :p Maintenant que tu le dis j’ai un vieux vieux livre à la couverture verte… hum !

@ Mazel : moi aussi je suis complètement sous le charme de la période victorienne, de ses auteurs et des récits néo-victoriens. Très bonne soirée à toi :o)

Écrit par : Lou | 21/09/2013

dans mon colis « anniversaire », je pense que cela va me plaire 🙂
j’ai lu toute la série écrite par ann granger sur les enquêtes de l’inspecteur markby et son amie meredith mitchell – ainsi que sa nouvelle héroïne récurrente = fran faraday, un peu plus sombre mais une « anti-héroïne » intéressante
et j’ai lu le tout premier opus de cette nouvelle série, qui m’a évidemment donné envie d’en lire d’autres

Écrit par : niki | 22/09/2013

Rien à voir avec ton billet mais je ne sais si tu as vu que je t’ai envoyée un mail accompagné de photos !!!!

Écrit par : Malice | 22/09/2013

Niki m’avait fait découvrir cette romancière, qui avait déjà été publiée chez Liana Levi.
Je devais participer à cette LC mais je n’ai pas encore terminé ma lecture 🙁

Écrit par : Manu | 22/09/2013

J’étais dans le Kaiserstuhl, une région de vignobles entre la Forêt-Noire et le Rhin… un week-end donc plus vin que bière :o)

Écrit par : Cleanthe | 23/09/2013

@ Niki : ah justement je m’interrogeais sur ses autres séries, est-ce qu’elles sont victoriennes également ou pas du tout ? quel est le sujet ?

@ Malice : oups non mais je vais regarder, quand je reçois des mails type pubs je les vire sur un équivalent d’outlook sauf qu’il a tendance à me marquer comme déjà lus les mails environnants et des fois je peux ne pas en voir certains à cause de ça !

@ Manu : Je ne connaissais absolument pas à l’origine, je vois que Niki l’a beaucoup lue :o) Ce n’est pas grave pour la LC tu peux participer en retard je rajouterai bien sûr ton lien. J’ai dû changer mon sujet de billet aussi car je n’avais pas le temps de lire le Brandreth à temps. Bonne lecture !

@ Cleanthe : Ah je suis allée assez près à Freibourg et dans la Forêt Noire, mais je connais surtout l’Allemagne de l’Est, presque toute ma belle-famille est en Saxe où je vais en moyenne une fois par an. Je suis aussi allée dans la région des lacs au Nord avec eux et plusieurs fois en Thuringe, une région que j’aime beaucoup.

Écrit par : Lou | 23/09/2013

lou, les autres séries n’ont rien de victorien – elles se situent à notre époque – meredith mitchell est une fonctionnaire qui parvient toujours à fourrer son nez dans des crimes, se trouvant là lorsque cela se produit – ce qui énerve copieusement l’inspecteur markby – au fil du temps, il va devenir inspecteur principal et tous les deux finiront par former un couple sympathique 🙂
quant à fran varady, elle est réellement une anti-héroïne très intéressante – elle vaut d’être découverte – elle aussi fourre son nez où il vaudrait mieux pas – elle est totalement rebelle à toute institution, ce qui me la rend particulièrement sympathique 🙂

Écrit par : niki | 24/09/2013

@ Niki : ah les deux ont l’air pas mal et ces héroïnes m’ont l’air bien sympathiques mais je lis finalement très peu de polars contemporains, je ne sais pas pourquoi mais ça m’attire beaucoup moins… je note quand même :o)

Écrit par : Lou | 24/09/2013

vendu!! je commencerai quand même par le premier tome 🙂

Écrit par : choupynette | 26/09/2013

@ Choupynette : ça devrait te plaire ! Et je retrouverai le premier tome dès la fin du challenge Halloween qui va bien m’occuper :o)

Écrit par : Lou | 27/09/2013

J’ai découvert Ann Granger avec « Un intérêt particulier pour les morts » et je ne compte pas m’arrêter là. Je suis ravie de voir que la série ne baisse pas en intensité.

Écrit par : SvCath | 06/10/2013

@ SvCath : et j’ai hâte de lire le premier tome qui est dans ma PAL !

Écrit par : Lou | 06/10/2013

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