Une belle couverture et le plaisir de redécouvrir ce que les Anglais appellent des « Vintage classics » m’ont fait jeter mon dévolu sur The Darling Buds of May, ouvert sans trop savoir à quoi m’attendre. Parfois, pour un classique ou un roman dont je suis à peu près sûre qu’il me plaira, je fais mes choix un peu au hasard, sans lire très attentivement le résumé. Et je suis ravie d’avoir recouru à cette technique ici, car voilà un roman qui m’a complètement prise au dépourvu, pour mon plus grand plaisir !
Pop & Ma Larkin sont à la tête d’une famille de six enfants et mènent une vie heureuse et insouciante, comme en témoigne la scène d’ouverture, dans laquelle ils s’apprêtent à rentrer dans leur ferme du Kent (Pop’s paradise) après avoir profité des magnifiques paysages environnants. Dans une joyeuse ambiance, les Larkin dévorent des glaces dégoulinantes avant d’attaquer les chips. On le verra bientôt, les Larkin ont une conception assez particulière de la nourriture : dans ce roman, on mange beaucoup, les repas s’enchaînent, les petits déjeuners se dédoublent, les énormes petits encas précèdent de généreux repas arrosés copieusement de ketchup et de crème, tandis que les cocktails décapants de Pop le disputent au thé arrosé de lai (le lait ayant une forte teneur en alcool).
Pop passe son temps à dire que tout est parfait (« perfick »), pendant que Ma, aux très généreuses courbes, rit à gorge déployée (shaking all over « like a jelly »). Dans ces premières pages, Pop remarque que leur aînée Mariette est bien silencieuse, et Ma lui explique que c’est parce qu’elle vient de découvrir qu’elle est enceinte. Une situation qui ne semble pas spécialement alarmer ses parents. D’ailleurs, rien n’a jamais l’air de trop les perturber tout au long du récit, et c’est cette indifférence joyeuse face à l’adversité est extrêmement rafraîchissante pour le lecteur – qui a de bonnes chances d’être dérouté dans les premières pages avant de tout à fait se faire à la normalité selon les Larkin.
Lorsque les Larkin rentrent chez eux, un jeune homme les attend. Il vient de la part des impôts car Pop n’a pas fait sa déclaration de revenus. Coincé, poli et sérieux, Mr Charlton tente désespérément de remplir pour Pop un formulaire, dans l’indifférence la plus totale et les rires gras des Larkin, qui prétendent ne rien à avoir à déclarer (« Income ? » on devrait plus parler d' »outcome »). De façon complètement incohérente – là encore, c’est tout le charme de cette famille, les Larkin vont alors inviter Mr Charlton à manger avec eux, faisant étalage devant lui de nombreuses dépenses récentes : des ananas bien trop chers, comme le dit Ma, un tout nouveau meuble à cocktails, deux télévisions, sans parler de la Rolls sur laquelle Pop aurait des vues. Très embarrassé, refusant la plupart des plats car il ne mange que des œufs ou presque, Mr Charlton détonne dans cet environnement. Mais, après avoir été entraîné malgré lui dans une soirée très arrosée, il se détend et finit par passer le week-end chez les Larkin, qui font tout pour le convaincre de poser un arrêt maladie et de rester plus longtemps. Car on l’aura tout de suite compris, c’est une opportunité à ne pas laisser passer alors que Mariette attend un bébé. Nous sommes dans les années 1950, après tout, et même pour une famille peu conventionnelle comme les Larkin, il est dans l’intérêt de leur aînée de ne pas être fille-mère.
Un roman étonnant, décapant, plein de fraîcheur et d’entrain, porté par une famille hors normes rapidement très attachante. Je me suis régalée !
Pour la lecture commune du Mois anglais consacré aux saisons, et en avance pour le thème années 50-60. Une chronique qui me permet aussi de participer aux challenges Cottagecore et Des Livres en cuisine, de FondantGrignote et Bidib.
137 p
H.E. Bates, The Darling Buds of May (1st Larkin Family novel), 1958
L’humour anglais est vraiment bon…tout bon….et en plus un roman court…oui
J’adore l’humour anglais, c’est toujours un régal !
Tout pour me plaire, j’adore ce que tu en dis alors c’est noté pour cet été !! 😀 Bon dimanche, bise
Génial ! Je vais normalement lire cet été « A breath of French air » qui est la suite, les Larkin décident de partir prendre des vacances en France… ça m’a l’air parfait !
Je ne connais pas, mais ça a l’air plutôt sympathique 🙂 Belle semaine à toi !!
J’ai découvert sur le compte Instagram d’une lectrice espagnole fan d’Angleterre, et je suis vraiment ravie du dépaysement !