Dale Bailey, In the Night Wood

La couverture sombre et envoûtante du roman In the Night Wood est une invitation à pénétrer dans les méandres de cette histoire qui en englobe une autre: le récit, qui a lieu de nos jours, se construit autour de In the Night Wood, sorte de conte fantastique inquiétant d’un obscur auteur victorien, dont la couverture d’origine ressemblait beaucoup à celle du texte que nous tenons entre nos mains.

Charles Hayden et son épouse américaine Erin ont perdu brutalement leur fille, et l’on comprend rapidement que Charles a sa part de responsabilité dans cet évènement tragique, dont on ne connaîtra les détails qu’en fin de récit. En plein malheur, le couple apprend qu’Erin est la dernière héritière du domaine  de Hollow House, dans le nord de l’Angleterre. N’ayant pas de raison de rester aux Etats-Unis, le couple s’installe dans l’immense demeure, perdue dans la campagne et séparée du village le plus proche par une immense et inquiétante forêt. Le domaine a appartenu au XIXe à l’auteur de In the Night Wood, dont Erin est la descendante. Un auteur sur lequel Charles décide d’écrire. L’universitaire en lui espère en effet faire des découvertes majeures dans les archives de Hollow House.

Dans ce roman assez court construit autour du conte, réalité et fantastique se mêlent. A la dépression d’Erin et aux souffrances du couple se mêlent d’autres faits troublants. Une petite fille aperçue sur la route à côté des arbres. Une autre qui a récemment disparu. Un roi de la forêt menaçant et couronné de cornes présent dans l’horrible conte du XIXe, mais partout aussi : dans le nom du pub local et bientôt, dans les rêves du couple, dans des hallucinations, et semble-t-il, près de la forêt, sur le curieux mur d’enceinte érigé comme un rempart autour de la maison. On le comprend dès le départ, les légendes qui ont inspiré l’écriture du conte du XIXe ont sans doute une part de vérité et semblent inévitablement liées à Hollow House et au destin de ses habitants. Charles devient-il fou? Est-il le seul à croire voir ce roi ténébreux ? Quel est le véritable parcours de l’aïeul d’Erin ? Beaucoup de récits d’enfants perdus, de folie et de folklore local se rejoignent ici.

Loin de l’histoire de maison hantée que j’attendais, ce roman est plutôt celui d’une forêt oppressante et de dieux anciens. La construction d’un roman autour d’un autre est intéressante, et la forêt tentaculaire nous attire et nous fait la repousser tout à la fois. Un texte qui se distingue des romans d’inspiration gothique traditionnels, que j’ai trouvé intéressant sur le plan littéraire mais dont la magie n’a pas complètement opéré avec moi. Trop de difficultés à m’attacher aux personnages et certaines répétitions de scènes qui ont rendu ma lecture un peu poussive pendant la première moitié du texte. J’ai donc mis beaucoup de temps à terminer ce roman court, le laissant, y revenant, relâchant souvent mon attention lorsque je le lisais. C’est sans nul doute un roman plein de qualités et je me suis régalée avec certains passages particulièrement bien écrits. C’est donc avec un certain regret que j’en ressors avec un avis partagé.

216 p

Dale Bailey, In the Night Wood, 2018

2 thoughts on “Dale Bailey, In the Night Wood

  1. J’étais enthousiaste à la lecture de ton billet, mais les répétitions de scènes et le manque d’attachement aux personnages peut rebuter du coup. Je vais le garder dans un coin de ma tête parce que ça m’intrigue quand même… Peut-être une version en français exsite-t-elle et il pourrait être acheté pour ma médiathèque (ne jamais perdre le nord !)
    Bon dimanche Lou 🙂

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