Gareth P. Jones, L’Héritage des Jumeaux Diaboliques

Voici un roman jeunesse repéré grâce à La Petite Lumière, une librairie parisienne qui m’a permis de faire de belles découvertes dans ce rayon – c’est aussi là que mon chemin a croisé celui de Jackaby.

Amateurs de littérature anglaise, de manoirs anglais et de crimes anglais, ce roman de Gareth P. Jones est pour vous !

Lorelei et Ovide Spleenspick sont jumeaux. Ils vivent dans le manoir familial entourés de quelques domestiques, dans une atmosphere funèbre, en hommage à leurs parents décédés brutalement – la mère aurait assassiné le père avant d’être électrocutée en décrochant le téléphone un soir d’orage. Ovide adore plaquer des accords lugubres sur le piano familial, les jumeaux sont toujours tout de noir vêtus et jouent à une partie d’échec depuis une éternité, dans un cadre bien monotone.

La disparition tragique de lord et lady Spleenspick pesa lourdement sur le manoir. En signe de respect, M. Crutcher décréta que tout le monde devrait dorénavant s’habiller en noir et n’écouterait plus que de la musique triste. Il ordonna à Mme Badshow de ne servir que des repas insipides et veilla à ce qu’aucune ampoule électrique ne dépasse 40 watts afin de créer une atmosphère convenable au deuil. Il fit également couper le téléphone et vendit le téléviseur pour préserver la demeure de toute intrusion venant du monde extérieur. Le drapeau qui flottait au point culminant du manoir, juste au-dessus de la chambre de Lorelei, fut baissé à mi-hauteur de son mât (p19-20).

Lorelei était assise en face d’Adam, qu’elle observait à la dérobée pendant qu’Ovide, assis au piano, jouait une sombre mélodie de la main droite tout en plaquant des accords dissonants de la main gauche (p 39).

Pour ajouter à cette ambiance sympathique, les deux jumeaux se défient mutuellement depuis leur plus tendre enfance, cherchant à tuer l’autre en mettant au point des stratagèmes machiavéliques pour le moins élaborés. Mais lorsque débute ce roman, le jour de leurs treize ans, les deux enfants décident de faire une trêve car ils sont fatigués d’essayer de s’entretuer. Voulant faire les choses sérieusement, ils font appel à un notaire pour tout noter par écrit. Arrive ainsi le notaire de la famille et son fils, qui devront rester quelque temps sur place pendant que le notaire dresse l’inventaire des innombrables biens des Spleenspick.

Rapidement, les tentatives d’assassinat reprennent et touchent aussi bien les jumeaux que le fils du notaire. Qui a rompu la trêve ? Et pourrait-il y avoir parmi eux un autre meurtrier, peu satisfait des volontés pacifistes des deux jeunes gens ?

Un fabuleux roman, délicieusement piquant et plein d’humour, dans le plus pur style anglais. On savoure le récit, ses rebondissements, le mystère qui s’épaissit et le doute qui plane quant à des personnages jusqu’ici insoupçonnés. Autour de l’intrigue principale se dessinent d’autres zones d’ombre, plus ou moins en lien avec le sort des jumeaux, ce qui permet de tenir le lecteur en haleine d’un bout à l’autre du récit. Les personnages sont originaux, tellement cyniques et pragmatiques, tandis que le décor British et sombre à souhait est soigné. On s’imagine sans difficulté les couloirs de l’inquiétant manoir, les douceurs de la campagne anglaise, le lac marqué par une tragédie ou encore, le village où l’on conspue depuis longtemps le nom des Spleenspick (d’ailleurs, c’est un mannequin à leur effigie que l’on brûle lors du jour de Guy Fawkes). Un roman que je recommande sans réserve et relirai très probablement dans quelques années.

Lu dans le cadre du rendez-vous Roman jeunesse du British Mysteries Month (programme par ici).

 

 

 

 

395 p

Gareth P. Jones, L’Héritage des Jumeaux Diaboliques (The Thornthwaite Inheritance), 2009

10 thoughts on “Gareth P. Jones, L’Héritage des Jumeaux Diaboliques

  1. oh punaise…oui cela semble excellent…vraiment lugubre et cynique a souhait didonc….envie de savoir pour le coup….;)

    1. J’ai beaucoup aimé ce tome en effet… J’aime bien faire de sordides rencontres littéraires, et là c’est particulièrement grinçant !

Répondre à rachel Annuler la réponse

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *