Retrouver Tracy Chevalier, c’est avoir l’assurance d’un roman historique dépaysant et minutieusement documenté, fluide et agréable à lire. Je n’en attendais pas moins avant de débuter À l’Orée du Verger, dont la jolie couverture n’était pas pour me déplaire. J’attends avec impatience son prochain roman qui se déroulera à Winchester dans les années 1930. Cela fait plusieurs mois que je l’ai repéré sur son blog, mais il va falloir être patiente car il est toujours en cours d’écriture. Remarquez, ce ne sont pas les titres de cet auteur qui manquent dans ma PAL… et cette dernière lecture a aiguisé mon appétit en la matière.
Les Goodenough ont dû quitter le Connecticut, faute de terres à allouer à l’un des plus jeunes fils, James. Lui et sa femme Sadie ont donc fait route vers l’Ouest avant de s’embourber assez vite dans le Black Swamp, zone marécageuse où James a bien du mal à faire pousser les 50 pommiers règlementaires qui lui permettront de devenir définitivement propriétaire de ses terres. La vie y est pénible. Chaque été, la fièvre s’empare de la plupart des habitants et peu à peu, des dix enfants Goodenough il ne reste plus que deux filles et trois garçons. Parmi les enfants, deux nous sont plus sympathiques : la maladive et douce Martha et Robert, garçon sérieux au regard direct. Les autres enfants semblent avoir hérité des traits moins flatteurs de leurs parents qui, mariés précipitamment puis livrés à eux-mêmes dans cette région épouvantable, en sont venus à se détester. En effet, les deux époux se provoquent continuellement, la situation s’envenimant de plus en plus au fil du récit.
Voilà pour la première partie de ce récit, que j’ai lue assez lentement : je ne partageais pas la passion de James pour les pommiers, tandis que Sadie m’était extrêmement antipathique. C’est un personnage certes malheureux, mais qui n’a pas grand-chose pour la racheter tant elle est mauvaise avec les siens – notamment ses enfants. Puis le récit est brutalement interrompu par des lettres de Robert à ses frères et soeurs : pourquoi est-il parti? Pourquoi n’écrit-il qu’à ses frères et soeurs? Cette série de lettres sème le doute et relance complètement la narration. Ce ne sera pas le seul changement de mode narratif, plusieurs histoires se dessinant et se rejoignant peu à peu.
Si j’ai mis un peu de temps à entrer dans ce roman, j’ai dévoré les 130 ou 140 dernières pages hier avec avidité. J’aime les romans historiques mais ne me passionne pas particulièrement pour l’époque de la ruée vers l’or et de la Conquête de l’Ouest. Pourtant, j’ai trouvé beaucoup d’intérêt à ce roman aux personnages très tranchés et aux métiers parfois peu conventionnels pour l’époque. Le cadre est soigneusement travaillé : la découverte des redwoods, ces arbres géants, John Appleseed dont on fait la connaissance, les débuts du tourisme, l’essor des grandes villes…
Si le roman se passe essentiellement dans la nature, c’est l’histoire plus globale des Etats-Unis que l’on retrouve ici, avec un XIXe fait de migrations incessantes et d’évolutions non négligeables dans la société. Comme San Francisco, ville masculine où les rares femmes à y avoir élu domicile ont la possibilité de vivre comme bon leur semble, au mépris des convenances et du carcan qui leur sont imposés plus à l’Est. Sans parler de la crasse ou des saloons peu fréquentés dans ce roman, qui, en toile de fond, rappellent l’incroyable diversité du paysage américain à l’époque.
Merci aux éditions Folio pour cette découverte.
390 p
Tracy Chevalier, À l’Orée du Verger, 2016
Commentaires
Écrit par : FondantGrignote | 21/05/2018
Écrit par : Lilly | 21/05/2018
Écrit par : rachel | 21/05/2018
@ Lilly : J’avoue que la lecture de « Prodigieuses créatures » m’a davantage emportée. J’avais adoré le sujet sans réserve aucune… un très beau souvenir ! Je suis ravie de t’avoir donné envie de le lire à l’époque :o) J’attends beaucoup du prochain se passant à Winchester.
@ Rachel : ce n’est pas un Western, je préfère te prévenir :o) Robert cherche de l’or un certain temps mais on ne sait pas grand chose de ces années, on le suivra plus tard lorsqu’il devient botaniste. En revanche on croise à l’occasion d’autres chercheurs d’or et la plupart des habitants ont traversé les Etats-Unis et beaucoup vécu avant d’arriver en Californie.
Écrit par : Lou | 21/05/2018
Écrit par : Karine | 21/05/2018
Écrit par : rachel | 21/05/2018
@ Rachel : oui on dirait ! :o)
Écrit par : Lou | 21/05/2018
Écrit par : La chèvre grise | 22/05/2018
Écrit par : Lou | 23/05/2018