Aujourd’hui, pour la lecture commune du Mois anglais autour d’un écrivain anglais d’origine étrangère, j’ai choisi de consacrer un article à Henry James, qui demanda à être naturalisé à la fin de sa vie. L’écrivain vivant à Rye et très tourné vers l’Europe avait en effet été choqué par la neutralité des Etats-Unis au début de la 1ère guerre mondiale.
Mon choix s’est porté sur une longue nouvelle rédigée à l’origine pour compléter un recueil, La Bête dans la Jungle. Outre le fait que j’avais croisé ce titre à de nombreuses reprises et lu qu’il faisait partie des oeuvres majeures de James, je l’ai choisi car il avait été écrit à Lamb House à Rye – ou plutôt, dicté en trois fois en 1902.
Henry James n’est pas un auteur facile. Si certains textes sont très abordables, d’autres exigent beaucoup d’attention de la part de leurs lecteurs. C’est sans aucun doute le cas de celui-ci.
En visitant la demeure de Weatherend avec un groupe d’amis, John Marcher retrouve May Bartram, rencontrée en Italie une dizaine d’années plus tôt. Si Marcher se souvient l’avoir déjà vue, il a presque tout oublié des circonstances de leur rencontre alors que la jeune femme en garde un souvenir très exact. Plus particulièrement, elle se souvient d’une confession que lui a faite Marcher, qui lui a dit se savoir promis à un grand évènement, menacé par cette « Bête dans la jungle » dont il ne sait rien, si ce n’est qu’elle bondira un jour. Marcher est surpris de s’être livré à la jeune femme et de l’avoir oublié alors qu’il pensait ne jamais s’être ouvert à quelqu’un de son obsession. Il lui demande alors si elle est prête à veiller avec lui jusqu’à l’accomplissement de son destin. A partir de cet instant, les deux jeunes gens vont devenir amis, se fréquenter régulièrement à Londres et vieillir, non pas ensemble mais côte à côte. Finalement, May comprend ce qu’était cet évènement et sait qu’il s’est déjà produit mais John reste toujours perplexe. Ce n’est qu’après la mort de son amie que lui viendra la brutale révélation.
Mélancolique, ce texte aux accents philosophiques pourrait être l’histoire d’un amour manqué, d’une vie stérile, mais il ne se « limite pas » à cela. Il s’inspire des mythes classiques et de leur ironie (en cherchant à fuir un destin on le rencontre). Il se focalise avant tout sur un personnage totalement tourné vers lui-même et ainsi, se concentre principalement sur sa psychologie, ses tourments, ses doutes, ses limites – John Marcher est au final assez pathétique. Cette nouvelle trouve notamment son origine dans l’amitié qui liait James à Constance Woolson, qui aurait attendu davantage de leur relation et dont le suicide supposé – elle « tomba » dans le Grand Canal à Venise depuis sa fenêtre – marqua profondément l’écrivain.
Un texte riche, que je ne recommanderais pas pour découvrir James cependant car il est assez ardu de prime abord. J’ai d’ailleurs pris davantage conscience des différentes implications du récit grâce aux commentaires pointus de l’édition de la Pléiade.
D’autres avis chez MissyCornish et George.
126 p (pour l’édition du Livre de poche)
Henry James, La Bête dans la Jungle, 1903
*****
Je voulais profiter de ce billet pour vous présenter quelques photos prises à Rye en avril dernier. Les hommages à Henry James seront nombreux cette année, comme celui ci-dessous :
J’avais surtout envie de partager avec vous quelques photos de Lamb House, la maison de Henry James à Rye.
Photos Copyright MyLouBook
*****
Commentaires
et bin tout un texte…cela semble bien mais a tete reposee alors….tout un mythe bien concu lala…
et merci pour les photos…cela s’ajoute trop bien…pile poil…lol
Écrit par : rachel | 12/06/2016
Oh merci pour ces photos de vacances ; rien de mieux pour se plonger dans une ambiance british !! 🙂 De Henry James, je n’ai lu que « Le tour d’écrou » (bof) et « Daisy Miller » (bof bof). Pour l’instant, je n’ai pas trop envie de poursuivre… 😀
Écrit par : FondantGrignote | 12/06/2016
Je ne le connais que de nom et je n’ai jamais rien lu de lui, trop peur de ne pas y arriver ^^
Écrit par : Chicky Poo | 12/06/2016
J’ai un livre que je dois lire depuis des années – il fait peur c’est vrai, mais ton billet me donne quand même envie de retenter le coup !
Écrit par : Electra | 12/06/2016
@ Rachel : oui ce n’est pas un texte à lire dans les transports ou quand on a juste deux mn devant soi ! De rien pour les photos ;o)
@ FondantGrignote : oh tu n’as pas aimé « Le Tour d’Ecrou » ? Je l’avais découvert avec ce texte et j’avais adoré. J’avais un prof de philo un peu timbré (et porté sur la boisson) en prepa mais je lui dois cette rencontre avec James, il m’a donné envie de le lire en s’emballant à son sujet et en disant que ça « foutait vraiment la trouille ». J’étais sortie directement du cours jusqu’à la grande librairie place de Clichy à Paris et l’avais découvert sans tarder, alors que souvent je me note des titres mais mets du temps… J’avoue que « Daisy Miller » qui est ma dernière lecture ne m’a pas vraiment marquée. J’avais beaucoup apprécié « Les Dépouilles de Poynton », « Les Européens » et « Une vie à Londres » (tous les trois chroniqués sur mon blog).
@ Chicky Poo : non non, j’ai déjà lu plusieurs courts romans très abordables (que je cite à l’instant à Fondant et que tu peux trouver sur mon blog si tu cherches des idées)… Je vais bientôt me replonger dans James avec certains de ses romans américains, je te donnerai peut-être envie de le lire :o)
@ Electra : super ça me fait plaisir ! Et vraiment, tous ses livres ne sont pas difficiles d’accès contrairement à l’image qu’on en a.
Écrit par : Lou | 12/06/2016
mais cela donne envie….quand meme….;)
Écrit par : rachel | 13/06/2016
@ Rachel : ça me fait plaisir alors :o)
Écrit par : Lou | 15/06/2016
Les commentaires sont fermés.