Voilà une chronique que je repousse depuis des mois (ce n’est pas une mince affaire !) mais, après avoir l’avoir vue trois fois cette année, je me suis enfin décidée à vous parler de l’adaptation de Pride and Prejudice par la BBC en 1995.
Cette mini-série a peut-être un peu vieilli, tout comme Emma filmé l’année suivante pour ITV ; mais, si les couleurs sont certainement plus ternes que celles du film de 2005, si les plans purement esthétiques sont absents et que cette série n’offrirait sans doute qu’un moment de divertissement aux cinéphiles non-janéites, c’est de loin mon adaptation austenienne favorite. Il s’agit d’une adaptation extrêmement fidèle à l’esprit du livre ; et même plus encore, hormis quelques détails, c’est pour moi une transcription parfaite à l’écran d’un roman riche auquel il est très difficile de rendre justice (comme le dit très bien Isil, c’est presque une « mise en images » du livre). Mais soyons fous, amis austeniens, et revenons sur l’excellent casting de cette série désormais culte.






Mr Bingley fait partie de mes personnages préférés, avec sa coiffure aussi amusante que son air perpétuellement ahuri. Dans le making of, l’acteur raconte que le réalisateur passait son temps à lui demander de sourire, tandis qu’il avait déjà l’impression de ne faire que ça. Ses quelques mouvements de sourcils en période de crise (impolitesses de Darcy ou de Mrs Bennet notamment, sans parler de l’excellente scène où Kitty demande à sa mère : «why do you keep winking at me ? ») me le rendent particulièrement sympathique. L’actrice de Jane Bennet est pour moi un choix assez surprenant. Je lui trouve un air un peu bovin, même si le but est sans doute d’exprimer la douceur et le caractère réservé de ce personnage généreux…

Très mal assorti dans le livre, le couple Bennet est assez crédible à l’écran. Mrs Bennet est parfois irritante avec son goût immodéré pour les cris suraigus frisant l’ultrason mais elle est plutôt amusante la plupart du temps.
Quant à Mr Bennet, Benjamin Whitrow est pour moi son meilleur interprète si on le compare à celui du film de Joe Wright (pour moi un peu trop croulant tout de même, même si habituellement j’aime bien l’acteur) ou de Lost in Austen. Voilà un Mr Bennet plein d’humour qui donne à ses répliques ironiques beaucoup de naturel, les glissant avec un air bonhomme très approprié. Le ton choisi pour dire à Elizabeth « Read on » lorsqu’elle découvre la lettre de son oncle suite à la fuite de Lydia est un bon exemple de la performance de Whitrow dans ce rôle.


Tout comme Jane, Caroline Bingley n’a pas été épargnée par le coiffeur de l’équipe, avec les immondes boucles très frisées qui encadrent son visage. Mis à part ce détail physique, l’actrice joue à merveille les langues de vipère. Les Hurst sont assez transparents, mais j’ajouterais, de même que dans le roman. J’avoue un petit faible pour les scènes d’ivrognerie en compagnie de Mr Hurst.

Mr Collins est répugnant mais rend tout à fait le caractère fourbe, obséquieux et profondément stupide du personnage. Ceci dit, dans le making of, l’acteur s’exprime à peu près de la même manière. Et là, c’est vraiment flippant.


Physiquement, les deux De Bourgh me semblent bien choisies. L’amusante, l’effrayante Lady Catherine est à mon avis infiniment supérieure à l’actrice d’habitude excellente qui a été choisie pour la version de Joe Wright. Il me semble qu’elle parvient à créer un personnage à part, dans l’excès et la caricature, apportant une touche assez personnelle à ce rôle de femme de pouvoir nombriliste et désagréable. La musique qui accompagne les visites de cette grande dame est génialement appropriée : pompeuse, de mauvais augure, elle ajoute une dimension ironique à ces scènes. Delightful !


Wickam est moins séduisant que dans Lost in Austen ou le film de 2005. Son jeu n’est pas passionnant mais il faut dire que je trouve le personnage un peu falot de manière générale (tout comme Willoughby, le jeune premier de Sense and Sensibility). Quant au colonel Fitzwilliam, je suis étonnée qu’aucune janéite ne le cite parmi les meilleurs partis austeniens.





Le reste du casting est globalement aussi bien choisi, si on pardonne à Mr Gardiner le sourire figé qui ne le quitte presque jamais et si on oublie la légère tendance de Lydia à ouvrir la bouche trop longtemps, à rester les bras ballants ou à réagir trop vite dans certaines scènes. En général je lui trouve une spontanéité et une fraîcheur d’ailleurs vaguement copiées par la version de 2005. Il me semble aussi
que l’accent mis sur l’intérêt de Mary pour Mr Collins est un parti pris intéressant, servi par des regards et des échanges discrets, souvent au second plan de scènes importantes (comme la danse d’Elizabeth et de Mr Darcy). Petite question: ne trouvez-vous pas un petit air de ressemblance entre les portraits de Jane Austen et Mrs Gardiner ?

Outre le casting, pourquoi cette version me plaît-elle autant ? Le scénario d’abord, suivant donc de près le roman, avec quelques scènes ajoutées qui ne me paraissent pas incohérentes (Lydia en tenue légère ou encore le fameux plongeon de Mr Darcy dans l’étang), à l’exception de deux regards à mon avis trop appuyés d’Elizabeth à Mr Darcy (lorsqu’elle est près de Georgiana au pianoforte et le moment où elle se retourne nettement dans la voiture qu’elle partage avec les Gardiner en quittant Pemberley ; ces deux scènes durent un peu trop longtemps).
De même, la façon de mettre en scène les différences sociales entre les Bennet, les Lucas, les Collins et leurs plus riches voisins sans pour autant trop exagérer. Par exemple avec le choix de robes à imprimés pour les soeurs Bennet et de plumes et de soie pour les soeurs de Bingley. Les nuances entre les familles les plus proches sont aussi assez bien vues (les De Bourgh ou les soeurs Bingley font étalage de leur fortune dans les vêtements ou la décoration, tandis que Bingley et peut-être plus encore Darcy sont beaucoup plus raffinés et discrets).
Les costumes sont pour certains moins chatoyants que dans d’autres adaptations, mais ils sont très soignés et changent souvent (dans le film de 2005, malgré les très beaux tissus, les superbes robes de Caroline et les habits colorés de la plupart des acteurs, la garde-robe vraiment terne de Keira Knightley me fait penser que la pauvre n’a vraiment pas été gâtée).

Sans tourner au mélodrame, avec pudeur et une certaine dose d’humour, cette série est à mes yeux un exemple d’adaptation de roman très difficilement égalable. Il faut dire que le format long se prête parfaitement à la restitution fidèle du roman ; ce n’était certes pas suffisant pour exceller, mais cet aspect pratique joue certainement en faveur de la série. Sa découverte a été pour moi un coup de foudre. Je la connais maintenant sur le bout des doigts ou presque et j’ai un attachement tout particulier pour cet univers dans lequel j’éprouve un immense plaisir à me plonger. Peut-être cette adaptation a-t-elle quelques défauts… mais c’est encore et toujours celle avec laquelle je préfère m’évader. Le coeur a ses raisons…
Le roman de Jane Austen ; l’adaptation par Joe Wright en 2005. A ce sujet, je vais revenir sur mon billet sur ce film car si je n’ai pas aimé, j’aimerais profiter de la relecture du roman et de la redécouverte de la version 1995 pour en reparler. J’avais vraiment détesté mais n’ayant parlé que des aspects négatifs la première fois, j’ai envie de revenir sur des qualités auxquelles j’ai repensé depuis, à force de débattre et de voir l’autre version.
La version Bollywood de 2004, les Bridget Jones inspirés librement de Pride and Prejudice et Becoming Jane, fausse biopic très influencée par Pride and Prejudice.





Pride and Prejudice, Simon Langton, 1995 (minisérie en 6 épisodes de la BBC)
Commentaires
autrement j’appuie tout ce que tu dis…les cotes positives…negatives…qu’est-ce Mrs gardiner fait cruche…impressionnant quand meme…
ah! tu oublies la scene de l’escrime…ou il se motive a l’oublier…cette rage…;o)….tiens tu me donnes envie de le revoir…yess…;o)
Écrit par : rachel | 23/06/2009
Écrit par : fashion | 23/06/2009
Pour Mrs Gardiner je l’aime bien, elle est assez réservée, mais moi c’est son mari que je trouve un peu excessif côté sourires. Il est fort sympathique mais à part un ou deux moments où il doit montrer « some concern » pendant 30 secondes, il a toujours le même sourire satisfait et avenant, y compris juste après une crise de Mrs Bennet ou la proposition de Mr Darcy d’intervenir par rapport au mariage de Lydia.
Et quant à l’escrime c’est comme le lac… histoire de glamouriser un peu la série, quoi ! Je ne m’en plaindrais pas…
Écrit par : Lou | 23/06/2009
Écrit par : Lou | 23/06/2009
Écrit par : Titine | 23/06/2009
Écrit par : Lou | 23/06/2009
Pour les personnages secondaire j’ai été dans l’ensemble assez déçue une fois encore du traitement caricatural, excepté peut-être pour papa Bennet même si je lui préfère Donald Sutherland ou celui de Lost in Austen.
Pour le colonel Fitzwilliam je suis de ton avis! =D
Ceci dit après chacun son truc 😉 Je pense aussi qu’avoir vu l’adaptation 2005 en premier a joué.
Écrit par : Axoo | 23/06/2009
Je pense que pour Mrs Gardiner, c’est le bonnet qui te fait penser à Austen. J’aime bien sa complicité avec Lizzie.
Sinon, je suis d’accord avec toi pour tout, sauf pour la fille De Bourgh que je trouve trop maladive et de Lydia en petite tenue dans les couloirs. Mais bon, c’est surtout question de trouver des trucs à redire parce que franchement rien ne me déplait dans cette version 🙂
Écrit par : Isil | 23/06/2009
Par contre pour ce qui est des couleurs sombres, je trouve que c’est une particularité de la télé anglaise, encore aujourd’hui…
Écrit par : Emma | 23/06/2009
Écrit par : Leiloona | 23/06/2009
En tout cas, tu en parles très bien. Bravo!
Écrit par : Romanza | 23/06/2009
Écrit par : Pisinat | 23/06/2009
@ Isil : pour Wickam c’est sûr qu’il fait très meuble et déco dans le film de 2005, mais il faut dire que son histoire est presque zappée. En fait Wickam m’est de plus en plus sympathique au fur et à mesure que je revois les adaptations ou que je repense au roman, et il est finalement difficile à cerner (sauf si on décide de considérer qu’il est tout simplement intéressé, dépensier et cupide mais contrairement à Churchill je pense qu’il ne joue pas vraiment en présence de Lizzie par exemple). Ceci dit je trouve que l’acteur de 95 est fidèle au roman (j’aime beaucoup ses échanges de regard avec Lizzie lorsque les jeunes Bennet se donnent en spectacle) mais n’apporte pas une nouvelle dimension à son personnage, qui à première vue n’est pas passionnant.
Pour Mrs Gardiner disons que la forme du visage n’est pas très éloignée de celle des portraits mais il est clair que le bonnet et la coiffure jouent !
Sinon, j’adore Lydia en petite tenue, pour moi c’est un des meilleurs passages avec le personnage et je l’aime assez car il s’éloigne de son comportement assez hystérique habituel. Elle est plutôt drôle et spontanée, sans en faire des tonnes je trouve.
Écrit par : Lou | 24/06/2009
@ Leiloona : c’est qu’il me tenait à coeur, je voulais essayer d’être aussi fidèle à mon ressenti et à ma série que possible ^^ Mais ce billet m’a pris plus de temps que d’habitude.
@ Romanza : eh bien quand j’irai à Bagnères peut-être qu’on pourra discuter Darcy autour d’une tasse de thé sur les Coustous ? :o)
@ Pisinat : en fait je ne sais pas si le fait de voir le DVD change quelque chose, sauf que tu connaîtras l’histoire très précisément puisque la série suit presque pas à pas le déroulement du récit. En même temps je prends tellement de plaisir à redécouvrir cette histoire 36 fois que le fait de connaître la fin n’affecte en rien mon enthousiasme ^^
Écrit par : Lou | 24/06/2009
Il ya longtemps que je lis Jane Austen, ainsi que la plupart des romancières anglaises, elles seules savent vraiment recréer une atmosphère et situer psychologiquement les personnages de leurs romans…
Continuez sur cette lancée et surtout, surtout gardez votre enthousiasme et votre esprit d’émerveillement, c’est un vieux gamin de 75 ans qui vous le dit, et qui se demande encore s’il a bien quitté l’enfance…
VOIR : http://livre.fnac.com/a2512607/M-Dubost-Un-drole-de-dimanche
Dans ce recueil de récits des années noires, Maurice Dubost raconte, à travers les yeux d’un enfant, la vie quotidienne d’un village d’Ile-de-France pendant l’occupation allemande. Ces récits de la vie ordinaire piqués de nombreuses anecdotes drôles et plaisantes, parfois douloureuses, dépeignent avec justesse et authenticité un univers simple et somme toute heureux dans une période complexe et troublée.
Écrit par : maudu | 24/06/2009
et pour l’escrime, je pense que c une bien belle suite qui explique le lac…il sort de cette epreuve en disant qu’il doit oublier…d’ou la baignade, il veut se nettoyer de lizizie…il semble avoir reussi…d’ou son air satisfait…mais voila sur qui il tombe?….hummm…j’aime a pense a ca….;o)
Écrit par : rachel | 24/06/2009
Bon fo vraiment que je m’y colle pendant les vacances et je vous jure que je vais vous en trouver moi des defauts à cette version mouhahhahahhahahaha
Écrit par : lamousme | 24/06/2009
Écrit par : Lilibook | 24/06/2009
Écrit par : chiffonnette | 24/06/2009
@ Rachel : c’est drôle, j’ai beaucoup aimé « Lost in Austen » la première fois mais la 2e fois j’ai été moins sensible à l’humour et plus gênée par le côté un peu trop marshmallow. Et j’ai aimé cette vision de Wickam, trop mignonne pour P&P mais amusante je trouvais dans ce dérivé, tout comme d’autres libertés et ajouts (l’homosexualité de Miss Bingley, l’arrivée de Darcy à Londres, l’hygiène etc etc).
Quant au lac et à l’escrime je n’avais pas forcément pensé à ça, même si je voyais l’aspect « ça ne va pas très bien en ce moment, j’ai besoin de me défouler ». Bonne idée, tiens !
@ Lamousmé : moi je trouve que tu pars avec un certain a priori tout à fait excessif et de mauvaise foi ;o) Je te jure que j’ai essayé d’apprécier la version 2005 en la revoyant, tu verras dans mon billet complété, j’ai même fait une liste de passages que j’aimais !! Presque rien que pour toi, alors hein…
@ Lilibook : merci c’est gentil !
@ Chiffonnette : je n’ai pas encore vu cette adaptation, n’ayant pas encore lu le roman. J’ai vu le film d’Ang Lee par contre mais j’essaie de me réserver la surprise post lecture.
Écrit par : Lou | 25/06/2009
mais c vrai que l’histoire presente de petits ajouts interessants comme ceux que tu nommes et aussi les freres colins a mourir de rire…et l’histoire entre jane et Binkley s’en sort nettement plus grande….
mais l’heroine…pas pu vraiment pas pu….
Écrit par : rachel | 25/06/2009
Écrit par : Lou | 25/06/2009
Écrit par : rachel | 25/06/2009
Écrit par : Lou | 25/06/2009
Écrit par : rachel | 25/06/2009
Écrit par : Fée Bourbonnaise | 25/06/2009
Ceci dit j’aurais été aussi douée qu’Amanda en dansant, certes plus douée avec les huîtres mais totalement catastrophique au pianoforte ou en chantant (face à Miss Bingley ?? No way !!).
@ Fée Bourbonnaise : je suis jalouse de ne pas avoir l’édition collector mais tout comme toi, j’ai trouvé le DVD en ligne, en VO seulement mais à 7 ou 8 euros… que demande le peuple… En tout cas, j’en connais une qui va se ré-ga-ler ! (je te conseille le making of aussi)
Écrit par : Lou | 25/06/2009
Écrit par : rachel | 25/06/2009
Écrit par : Juliann du BookieBlog | 27/06/2009
@ Juliann : contente qu’il te plaise :o)
Écrit par : Lou | 29/06/2009
Écrit par : Karine 🙂 | 29/06/2009
Écrit par : Lou | 29/06/2009
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