Parmi les temples de perdition qui voient souvent défiler Miss Lou, il est une enseigne bleue en haut du Boulevard Saint-Michel dont les dangers égalent au moins ceux du fameux temple dans lequel Indiana Jones brava un jour pièges et vieux squelettes avec aplomb. Cet endroit a une fâcheuse tendance à brader à 1€ d’excellents livres et, depuis qu’elle a repéré cette stratégie sournoise, Miss Lou sait que la meilleure solution est d’éviter le plus souvent possible le quartier latin. Mais il est bien sûr des moments d’égarement. Dont un qui a entraîné la découverte de Halloween de Lesley Glaister, occasion « rouge » au titre assez intrigant pour que, résumé et prix confondus, votre chroniqueuse dévouée glisse (comme par inadvertance) ledit objet dans une PAL déjà frémissante (pendant que beaucoup d’autres livres alentours semblaient sautiller et lui dire « moi ! moi ! moi ! »).
Vous l’avez déjà constaté, la couverture est moche, disons-le franchement. Oui mais « de vieux souvenirs reviennent à la surface, et un drame s’aiguise, une farce funèbre se prépare dans l’ombre des gestes de chaque jour. »
Lesley Glaister était jusque-là une illustre inconnue pour moi. Figurez-vous qu’après avoir dévoré son Halloween, j’ai découvert qu’elle a publié de nombreux titres dont un couronné par le Sommerset Maugham Award. Ouf ! Je vais encore pouvoir me régaler !
Ici il est question de voisins dont les destins s’entrecroisent. Là-bas, cette énorme vieille dame, statue impressionnante aux lèvres moustachues couvertes de caramel, c’est Olive. A son côté, le vieillard frêle qui la soutient, c’est Arthur, son compagnon. Tous deux sont d’anciens militants et croquaient la vie à pleines dents. Il faut dire qu’à l’époque ils étaient bien différents, un brin fous et superbes tous deux.
Derrière eux, cachée par l’imposante Olive se tient Nell. Boucles impeccables, tenue soignée, un seau d’eau javellisée à la main, voilà l’ancienne rivale d’Olive : voisines, fausses amies, toujours en compétition. Aujourd’hui Nell est bien plus en forme, même si elle doit supporter le retour de son grand balourd de fils, sorti de prison récemment et parlant de lui à la troisième personne.
Au fond, dans une maison isolée, un type peu recommandable qu’on ne voit pas bien mais qui nous observe à travers ses rideaux tirés.
Et là, un peu débordés par l’organisation de la soirée de Guy Fawkes, Petra, Tom et les enfants s’agitent dans un remue-ménage insupportable, vous dirait Nell. Les petits ont de drôles de noms mais, Olive le sait bien, c’est la mode : Buffy, Bob et Loup. Ajoutons le chaton Rien, le chat Mao (à la peau translucide et sans le moindre poil) et le chien Kropotkine (Potkins), et nous aurons dressé le tableau de cette galerie de personnages pour le moins loufoque.
Tout commence à Halloween où l’on découvre les personnages, entre les enfants qui vont réclamer des bonbons et les voisins âgés qui se terrent dans leur maison la peur au ventre. Au fil des jours, Petra et sa famille font la connaissance des deux maisons qui les entourent : celle de Nell et celle d’Olive et Arthur. L’histoire prend fin après la soirée de Guy Fawkes. Entre-temps des amitiés se créent, de vieilles rancoeurs ressurgissent, certains démons ressortent de leur placard, une menace pèse et le passé des plus vieux est plus ou moins révélé. La tendresse et la mesquinerie ne sont pas loin non plus.
Voilà une histoire émouvante, parfois cruelle, souvent drôle, dans laquelle les personnages révèlent leurs faiblesses et où il est difficile de ne pas s’attacher un peu aux uns et aux autres, quels que soient les conflits qui les opposent. A cela s’ajoute un brin de suspense, avec le doute qui plane sur le retour du fils de Nell, dont je ne dévoilerai pas les penchants. Il s’agit presque d’un huis clos où la psychologie des personnages transparaît peu à peu à travers les petites manies, sous la plume d’une marionnettiste qui manie parfaitement les ficelles de son art. Précisons maintenant que le décor est profondément britannique (ces héros qui ne mangent presque que des sandwiches en buvant du thé, ça m’a rappelé des souvenirs…) et vous comprendrez mon petit coup de cœur !
Voilà un véritable page-turner, charmant bien qu’un peu sombre, un livre qui devrait notamment plaire aux amateurs de littérature anglo-saxonne et aux lecteurs de Kate Atkinson – j’ai retrouvé sa manière de mettre en scène les personnages. En ce qui me concerne, quiconque tentait de me détourner de ce roman risquait d’être rapidement écharpé. Le message est passé et me voilà ravie de cette rapide lecture et surtout prête à replonger dans un nouveau Lesley Glaister ! Chaudement recommandé !!
Ici on parle de son livre Partial Eclipse et de Soleil de Plomb. Là, on a aimé C’est la curiosité qui tue les chats (encore une couverture bien ratée).
233 p
Lesley Glaister, Halloween, 1991
Commentaires
Écrit par : Loula | 28/01/2009
Écrit par : Léthée | 28/01/2009
Écrit par : Léthée | 28/01/2009
@ Léthée : j’espère que mon billet te fera envie, pour moi c’est une excellente surprise ! Quant aux « Envoutés », je vais avoir du mal à faire mon billet car je l’ai lu en février 2008… mais je devrais m’y mettre prochainement, il faut juste que je le reprenne un peu avant. J’en garde un très bon souvenir, c’est un drôle de livre, mêlant des éléments de gothique et de thriller psychologique notamment.
Ah oui j’ai pensé à toi et à Ameleia aujourd’hui en voyant une pile de Stéphanie Hochet à la FNAC Montparnasse ! Eh oui, serait-ce un résultat de l’opération commando ? J’ai feuilleté et il me tente vraiment, mais j’aimerais avancer les livres reçus notamment entre Noël et mon anniversaire avant de céder à la tentation !
Écrit par : Lou | 28/01/2009
Écrit par : Lael | 28/01/2009
Écrit par : Isil | 28/01/2009
C’est vrai que l’histoire a l’air vraiment sympa malgré la couverture franchement… yerk !
C’est quoi ce magasin qui brade des bouquins ? Sur le boulmich, je ne connaîs que Gib…rt, c’est celui-là ?
Écrit par : Emma | 29/01/2009
Écrit par : Anne | 29/01/2009
Écrit par : Léthée | 30/01/2009
Écrit par : chiffonnette | 30/01/2009
Écrit par : chiffonnette | 30/01/2009
Écrit par : Manu | 31/01/2009
Quand à ton « lieu de perdition », ça me fait bien rire, j’en ai plusieurs…
Écrit par : liliba | 31/01/2009
Écrit par : betty | 01/02/2009
Je vous écris également en tant que responsable d’une association qui collecte livres, magazines, cassettes, disques dont leurs propriétaires souhaitent se débarasser, et qui les distribue à des associations caritatives.
Si vous demeurez en Ile-de-France et que vous souhaitez participer à cette collecte, n’hésitez pas à me contacter :
mptupp@gmail.com
MERCI et au plaisir de faire votre connaissance.
Écrit par : GPB | 02/02/2009
Commentaire hors de ton article, je t’ai taguée! Pour en savoir plus, viens faire un tour sur mon site! Bonnes photos!
Écrit par : Titine | 02/02/2009
@ Isil : immonde, immonde… tout de suite les grands mots ;o)
@ Emma : oui c’est celui-là, pas celui pour les jeunes mais l’autre (pour les vieux ?) !
@ Anne : sans blague ?!^^
@ Léthée : au fait comment se fait-il que l’opération porte sur Stéphanie Hochet en particulier ? Simple curiosité !
@ Chiffonnette : j’ai vu le ruban rouge sur la tranche, le titre « Halloween » et là mon attention a été attirée… d’où la suite que vous connaissez maintenant !
@ Manu : bon c’est bien alors :p
@ Liliba : évidemment moi aussi, mais celui-là occupe une bonne place parmi les différentes options « enfer et damnation »…
@ Betty : je prends ça pour un compliment :p
@ GPB : ah oui pourquoi pas à l’occasion ? C’est une bonne initiative !
@ Titine : je vais voir tout à l’heure, merci !! :o)
Écrit par : Lou | 03/02/2009
Écrit par : Léthée | 03/02/2009
Écrit par : Lou | 03/02/2009
Les commentaires sont fermés.