Puisque souffle en ce moment un vent victorien sur la blogosphère, je profite de ma lecture du Crime de Lord Arthur Savile (recueil) pour parler un peu d’Oscar Wilde, personnage fascinant que j’ai toujours associé à James Matthew Barrie et Lewis Carroll, bien plus qu’aux autres monstres de la littérature victorienne que sont Charles Dickens ou Wilkie Collins. Parce qu’il incarne pour moi le dandy dans toute sa splendeur ? Pour son côté mystérieux et les légendes qui courent autour de lui (ses problèmes avec la justice connus de tous, mais très vaguement ; sa mort à la suite d’une méningite, qui a suscité des interrogations chez certains scientifiques) ? Quoi qu’il en soit, Oscar Wilde est un personnage que je connais encore bien mal mais qui me fascine (… au point d’abandonner lâchement cette chronique depuis début novembre, hum !).
Le crime de Lord Arthur Savile est un recueil composé de quatre nouvelles, bien plus passionnantes que ce billet que je n’arrive décidément pas à écrire.
–« Le Fantôme de Canterville, histoire hylo-idéaliste » : découvert en anglais quand j’avais douze ou treize ans, voilà une histoire qui m’a laissé un souvenir pour le moins vague, mais excellent. Au passage je me souviens avoir vu une adaptation télé à cette période. J’ai fait quelques recherches mais les adaptations sont nombreuses et les informations sur le Net assez vagues. Impossible de retrouver celle dont je gardais un bon souvenir, donc, mais j’ai découvert au passage qu’Alyssa Milano avait joué dans une adaptation de 1986. Comme quoi, du fantôme de Wilde aux sorcières de Charmed il n’y a qu’un pas ! A la relecture, j’ai apprécié la légèreté de ce conte qui présente un fantôme affreusement méchant mais follement sympathique, un squelette habitué à effrayer tout le monde depuis sa mort atroce. Mais l’arrivée d’une famille de riches Américains à Canterville Chase annonce le triomphe de la modernité et de la science. A tel point que le revenant, jugé pittoresque, drôle et tellement British (quoiqu’un peu trop bruyant avec ses chaînes mal huilées), manque de sombrer dans la dépression…
–« Le Sphinx sans Secret » : l’histoire d’un homme torturé par les mystères qui entourent la femme qu’il aime. Avec une chute un peu brutale mais une jolie conclusion que je ne dévoilerai bien sûr pas ici.
–« Le Millionnaire modèle » : l’avais-je déjà lue ? Ou avais-je lu une histoire semblable ? Toujours est-il que cette histoire, très plaisante par ailleurs, avait un goût de déjà vu. Elle rappelle Un Pari de Milliardaires de Mark Twain, histoire de deux milliardaires confiant un bon de 5 millions de dollars bien encombrant à un homme sans le sou, qui devra faire preuve de beaucoup d’astuce pour utiliser le bon sans passer pour un voleur. Si les deux histoires sont assez différentes, elles reposent toutes deux sur les extravagances d’un homme fortuné.
–« Le crime de Lord Arthur Savile » : une histoire absolument jubilatoire, savourée de bout en bout par votre chroniqueuse adepte de l’ironie et des situations absurdes qui peuvent l’accompagner. Il s’agit ici d’un jeune homme un peu trop parfait sur le point d’épouser une femme un peu trop parfaite. Jusqu’au jour où, à travers les prédictions d’un chiromancien, il découvre avec horreur qu’il va commettre un crime abject. C’est fort fâcheux pour cet homme qui juge la tâche en question tout à fait déplaisante. Certes. Mais si tel est le destin, alors tel est son devoir, et notre héros n’est pas homme à se dérober devant lui. Tuer après le mariage pouvant fortement compromettre son bonheur conjugal, le voilà qui décide de retarder la cérémonie pour venir à bout au plus vite de l’odieux impératif. Mais qui tuer ? Et comment ? Une nouvelle délicieuse, à savourer en surveillant les gâteaux (empoisonnés ?) offerts par votre voisine ou, peut-être, votre chaîne Hi-Fi (qui cache peut-être une bombe à retardement depuis son séjour chez le réparateur).
Courez donc vous procurer ce fabuleux petit recueil si vous ne l’avez pas encore découvert !
153 p
Oscar Wilde, Le Crime de Lord Arthur Savile, 1891
Commentaires
Wilde fait partie de mon panthéon (quelle surprise n’est-il pas?). J’ai beaucoup aimé le fantôme des Canterville mais je n’ai qu’un vague souvenir des autres nouvelles. Il faudrait que je relise tout en fait.
Écrit par : Isil | 03/12/2008
Ah, la, la… Wilde… je suis fascinée par lui depuis très très longtemps mais il n’y a que depuis peu que je me suis vraiment lancée dans son oeuvre. Il faut absolument que ce livre tombe dans ma PAL !
Écrit par : Alwenn | 03/12/2008
J’ai honte, je ne connais pas Wilde. D’ailleurs, j’en viens à me dire que la littérature victorienne m’est inconnue.
Il faudrait que je prenne le temps d’élargir mes centres d’intérêt … Pendant les grandes vacances, peut-être ?
Écrit par : Leiloona | 04/12/2008
@ Isil : moi aussi je m’en souvenais très peu mais ça m’a donné envie de me remettre à Wilde, que je ne connais pas si bien que ça (lectures d’extraits & co…) ! Au passage : « oh, si ! quelle surpriiiiii-seux » ;o)
@ Alwenn : tout à fait pareil pour moi… tu verras sûrement d’autres Wilde par ici d’ailleurs !
@ Leiloona : l’essentiel est que cela te tente… personnellement je recommanderais les Victoriens à Noël. Avec la brume et le feu de cheminée omniprésent, c’est de saison !
Écrit par : Lou | 04/12/2008
Comme toi je trouve Oscar Wilde unique et tellement courageux face à la société qui l’a crucifié.
Écrit par : mary dollinger | 04/12/2008
Ça fait trèèèès longtemps que je n’ai rien lu de cet auteur et tes impressions enthousiastes sur ce recueil m’inciteraient à le relire ! 😉
Écrit par : Florinette | 04/12/2008
Billet sur le même livre sur mon blog aujourd’hui à 15h30 ! Voilà le livre à lire pour vos journées pluvieuses 😉
Écrit par : Alice | 04/12/2008
Je crois bien que j’ai lu le cirme de Lord Savile… J’ai du lire ça quand j’avais douze ans, mais je me souviens du coup de la chiromancienne!!
Écrit par : Mo | 04/12/2008
et quelle surprise moi zaussi j’aime Oscar!!!!!!!!!!!!!!!! :o)))
Écrit par : lamousme | 05/12/2008
Oscar Wilde est un auteur décidément jubilatoire à l’imagination débordante et riche … comme son existence, Lou. Ce personnage aux mille et un visages qui ressemble parfois étrangement à ceux de ses propres romans !!
Écrit par : Nanne | 05/12/2008
Bizarrement, tout ce que j’ai lu de Wilde, ce sont ses aphorismes!! Mais bon, j’ai le portrait de Dorian Gray dans ma pile!!
Écrit par : Karine 🙂 | 05/12/2008
@ Mary Dollinger & Nanne : je pense justement lire un livre au sujet de son procès prochainement, avant de me plonger dans d’autres écrits, DVDs, etc…
@ Florinette : lançons un défi consacré à Wilde !:o)
@ Alice : merci encore pour tous tes billets victoriens très intéressants !
@ Mo : en fait c’est un chiromancien… une excellente nouvelle, satirique à souhait !
@ Lamousme : Gosh, I can’t believe it !;o)
@ Karine:) : J’ai « Dorian Gray » en attente aussi ainsi que le polar inspiré par Wilde de Gyles Brandreth… d’autres lectures prochainement, donc !
Écrit par : Lou | 05/12/2008
J’avais reçu ses oeuvres complètes il y a maintenant quelques Noël… C’est délicieux un petit conte ou une petite pièce de théâtre en attendant la neige 🙂
Écrit par : praline | 06/12/2008
@ Praline : Après « le portrait de Dorian G. » je poursuivrai sans doute avec « l’importance d’être constant »… j’avais failli acheter une intégrale une fois… finalement je découvrirai Wilde petit à petit 🙂
Écrit par : Lou | 08/12/2008
A part Le fantôme de Canterville lu dans ma jeunesse, ainsi que Le Portrait de Dorian Gray, lu dans mon adolescence, je n’ai rien lu d’autre de cet auteur … une erreur apparemment ! mdr ! Je note donc 🙂
Écrit par : Joelle | 09/12/2008
Franchement, avez-vous déjà croisé quelqu’un(e) qui n’aime pas Wilde ?
J’ai lu plein de trucs de lui et j’ai tout aimé. Je ne me lasse pas des aphorisme.
Lou, lâche tout ce que tu as en cours et lis le Portrait de Dorian Gray, c’est un ordre !!! Non mais !
Écrit par : Cécile de Quoide9 | 10/12/2008
J’ai mis ce livre entre les mains de mon frère… au cas où… il l’a dévoré, c’est un fan d’Oscar maintenant 🙂
Écrit par : Cryssilda | 12/12/2008
@ Joëlle : c’est bien ^^
@ Cécile de Quoide9 : oui, et c’est un grand malheur pour moi : mon propre père a osé ne pas aimer « Dorian Gray » et trouve Wilde ennuyeux ! Récemment nous avons eu une autre conversation existentielle au sujet de « Breakfast at Tiffany’s » qu’il a abandonné (pour retrouver Baldwin, c’est déjà ça !). Ah là là…
@ Cryssilda : je pense qu’il y aura plein de petits Wildes sur mon blog en 2009 !
Écrit par : Lou | 17/12/2008
les (dé-)goûts littéraires ne sont heureusement pas héréditaires… J’ai mis un lien vers cet article sur mon blog (mais il ne se voit pas… faut que je fasse quelque chose pour y remédier de ce pas).
Écrit par : Cécile de Quoide9 | 18/12/2008
@ Cécile de Quoide9 : merci pour le lien !
Écrit par : Lou | 19/12/2008
Moi aussi j’ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles : je regrette juste de ne pas avoir lu tous ces billets avant… J’aurai fait un lien ! Je jetterai un oeil avant sur ton blog avant de publier mes billets…
Écrit par : maggie | 26/04/2010
@ Maggie : c’est gentil :o) c’est sûr qu’on a pas mal de lectures en commun et que tu parles souvent de livres dont j’ai parlés ou que j’ai en attente chez moi ^^
Écrit par : Lou | 28/04/2010
J’ai lu Le Portrait de Dorian Gray lorsque j’étais adolescent. A cette époque le thème m’avait fasciné dans la mesure où tout le monde (ou presque) aimerait un dérivatif pour ne pas subir les marques dégradantes de ses errements (perversions, vices, infamies,etc). Plus récemment j’ai lu Le Crime de Lord Arthur Savile, mais le meurtre final est trop prévisible parce que les meurtres ratés précédents le laissaient supposer. Ecriture fluide, avec un soupçon de dandysme, le trait est parfois acerbe, vitriolé mais jamais anodin ou vulgaire. Le fantôme de Canterville est une critique du matérialisme américain avant tout pragmatique (huiler les chaînes pour ne plus entendre le fantôme).
Écrit par : Serge | 27/10/2014
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