J’ai une faille, une fêlure. Puisque c’est Pierre Gripari qui le dit. Et Gripari, c’est celui qui a peuplé mon imaginaire avec sa sorcière de la rue Mouffetard (sorcière, sorcière, prends garde à ton derrière – phrase que j’évitais de prononcer en entier, parce qu’on ne sait jamais). Alors quand Gripari dit quelque chose, je lui accorde toute mon attention. Quoique.
Parce qu’il prétend qu’il manque quelque chose à ceux qui n’aiment pas Dickens. Or j’adore le Dickens de David Copperfield. Ou celui des Récits de Noël. Mais mon amour inconditionnel avait peut-être en fait ses limites. Et celles-ci se situent sans doute au niveau de la petite ville de Mudfog.
Œuvre de jeunesse publiée entre 1837 et 1839, les Chroniques de Mudfog ont été brutalement interrompues par Dickens alors qu’il entretenait des relations tendues avec son éditeur et que les longs romans étaient à l’époque bien plus en vogue que les chroniques. Dickens (heureusement pour moi) n’était pas particulièrement fier de ces écrits qu’il ne confia d’ailleurs pas aux éditions Hachette lors de la publication de ses œuvres en français. Au passage je me demande parfois pourquoi les éditeurs exhument à tout prix des textes oubliés depuis longtemps et nettement inférieurs à l’ensemble de l’œuvre d’X ou Y, qui plus est lorsque l’auteur lui-même avait renié les textes en question.
Les Chroniques de Mudfog mettent en scène une ville insignifiante où l’eau stagne, où le brouillard est omniprésent, une ville avant tout caractérisée par la bêtise de ses occupants et de ses visiteurs. Joyeux bordel, ce livre rassemble plusieurs textes très différents : des considérations sur tel événement mondain, l’ascension et la chute d’un homme devenu vaniteux ou encore ces descriptions d’assemblées pseudo scientifiques dont les savants portent des noms édifiants (comme le professeur Empoté ou le professeur Flémard).
Textes engagés, sombres, moqueurs, irrespectueux, ces Chroniques de Mudfog annoncent de nombreux thèmes chers à Dickens. La vanité, le pouvoir, l’argent et les conditions de vie des pauvres (avec cet exemple de l’homéopathie appliquée à l’alimentation) sont notamment dénoncés ici.
Si je cherchais ce livre depuis assez longtemps, je suis au final très déçue. Non seulement je n’ai pas goûté aux traits d’humour de Dickens qui m’ont laissée insensible, mais je me suis passablement ennuyée, attendant du début à la fin de retrouver un déclic qui ne s’est jamais produit – hormis un certain intérêt pour l’histoire du maire M. Tulrumble. Je regrette aussi les coquilles qui, sans être très nombreuses, ont parfois gêné ma lecture. Et, à titre d’illustration, je ferai remarquer que le nom de l’auteur figurant sur la tranche du livre est un inconnu dénommé « Charles Dikens ». Enfin, quelques notes supplémentaires auraient sans doute rendu ces Chroniques plus intéressantes, car il est visiblement fait allusion à des événements ou à des personnages aujourd’hui oubliés et j’ai eu l’impression de passer à côté de bien des détails.
Madame Charlotte et Loïc Di Stefano sont moins sévères que moi.
193 p
Charles Dickens, Chroniques de Mudfog, 1837-1839
Commentaires
Écrit par : Karine 🙂 | 07/10/2008
Écrit par : Isil | 07/10/2008
Écrit par : Cleanthe | 07/10/2008
Écrit par : Lilly | 07/10/2008
@ Isil : c’est ça, dis-le que j’ai une fêlure :pp L’homéopathie appliquée à l’alimentation revient à expliquer qu’un bout de grain de blé (ce me semble) administré de façon régulière, suffirait à alimenter tout individu normalement constitué… d’où une solution miracle à appliquer d’urgence pour éradiquer la famine parmi les pauvres.
@ Cléanthe : je ne savais pas que ce texte était aussi ennuyeux… tu fais bien de me mettre en garde : à force de lire de mauvais Dickens je ne vais plus revenir vers les bons !
@ Lilly : sachant que les Dickens ne sont en général pas les romans les plus courts, tu as tout intérêt à ne pas mettre en priorité des textes insignifiants en effet :o)
Écrit par : Lou | 07/10/2008
Écrit par : Sebastien | 07/10/2008
Écrit par : Laetitia la liseuse | 07/10/2008
(argument profond, n’est-ce pas)
Écrit par : erzébeth | 07/10/2008
@ Laetitia : il y avait d’autres histoires de Gripari, celle d’un diable et une autre d’une fée qui sortait du robinet ou quelque chose dans le genre je crois. Il me semble qu’elle demandait à une fille de l’aider en échange de quoi elle lui permettrait de créer des pierres précieuses en parlant. Comme la fille refusait elle se retrouvait à cracher des serpents… il me semble bien que c’est aussi de Gripari. Mais je crois que je pourrais parler de pas mal de lectures d’enfance marquantes !
@ Erzébeth : j’ai eu le même raisonnement que toi « titre, couverture, auteur ». Il faut dire que je n’avais pas vu la faute sur la tranche et peut-être qu’elle m’aurait fait un peu hésiter… au final elle est assez représentative d’une dizaine de fautes de ce genre (un mot ou une lettre oubliés)… ça ne fait pas très sérieux tout ça !!
(si, si, voilà un argument profond, je te rassure ;o))
Écrit par : Lou | 07/10/2008
Écrit par : choupynette | 08/10/2008
Écrit par : Lou | 09/10/2008
Mon coup de coeur reste « Bleak House », roman très long mais aussi très riche. L’adaptation BBC est aussi une vraie merveille.
Celui-ci ne me tente pas trop, surtout après ce que tu viens d’en dire …
Écrit par : Emjy | 09/10/2008
Écrit par : Lou | 10/10/2008
Cependant, les coquilles me dérangent beaucoup, surtout quand il y a une erreur dans le nom de l’auteur! :-O
Écrit par : Allie | 13/10/2008
Quant aux coquilles, je dirais qu’il y en a une petite dizaine (mots ou lettres oubliés).
Écrit par : Lou | 14/10/2008
Écrit par : Joelle | 06/11/2008
Écrit par : Lou | 14/11/2008
Pareil, la première chronique m’a amusée, mais ensuite j’ai trouvé ça très lourd, et pas mal sans intérêt… ça partait trop dans le n’importe quoi ultime…
J’ai lu une autre édition, heureusement ! les coquilles m’ont été épargnées !
Bon on lui pardonne… on l’aime Charlie, on lui pardonne tout ! et surtout, on sait qu’il a écrit tellement de chef-d’oeuvre qu’on va très vite oublier ce livre pour se délecter d’un autre de ses textes.
Écrit par : Cryssilda | 07/02/2012
Écrit par : Lou | 08/02/2012
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