Après « Sous l’eau », dont l’action se situait sur les hauteurs de Nice, je vous emmène de nouveau sur la Côte d’Azur, à Sophia-Antipolis. Je ne me serais sans doute pas tournée vers ce roman sans les excellents conseils de mon ancienne librairie de quartier, Le Bonheur.
« Antipolis », c’est la naissance d’une ville dans les années 1960. « Il n’y avait rien, il y aurait tout. »
Sophia-Antipolis est cette ville du futur née de l’imagination d’un polytechnicien : « Une ville des sciences, qui croira en l’amélioration de l’Humanité par le progrès et y contribuera, qui prendra le temps de penser sans être obsédée par l’idée de produire, où la discussion l’emportera sur la frénésie des décisions (…). » Cette ville, Pierre Lafitte l’imagine en pensant à son épouse Sophie, aristocrate juive qui nait à Kiev peu avant la révolution russe, fuit à Berlin, puis dans la France occupée à l’époque des pogroms et du nazisme. En opposition à ces lieux de fuite, Pierre veut imaginer un autre possible. Passant d’abord pour un sympathique rêveur, il finit par trouver un écho sur la Côte d’Azur, dont le préfet aime ce projet qui apporterait un autre dynamisme à sa région essentiellement touristique. Sophia-Antipolis sera donc créée sur des terres vierges de tout passé. Du moins, c’est ce que le préfet prétend.
« Antipolis » est un roman très intéressant qui débute avec l’histoire de Pierre, de son épouse Sophie et de cette ville née de rien, dont on croit à plusieurs reprises qu’elle ne verra pas le jour. Avec les décennies et d’autres interventions humaines, c’est une ville qui évolue, qui de rêve devient réalité, avec les compromis qui accompagnent la construction, les fonds des grandes entreprises, la préservation de sites naturels dans un cadre qui l’est nécessairement de moins en moins. Et, alors que Sophia-Antipolis devient un pôle attractif, une ville dynamique qui cherche à inscrire son histoire au futur (une ville sans âme pour certains), le passé ressurgit quand on ne l’attendait plus. Avec un autre thème clef abordé avec beaucoup de subtilité, celui des Harkis, ces hommes et ces femmes « qui ont choisi la France » et dont l’État français ne sait pas quoi faire. Les parque dans la pampa avant de les oublier lorsque cela devient plus commode.
Un court roman mais de vastes sujets et des réflexions passionnantes portés par une belle écriture et des points de vue contradictoires. A découvrir ! Un texte qui fait donc écho par son cadre azuréen à un autre roman que je vous recommande chaudement, « Sous l’eau » de Deborah Levy.
179 p
Nina Léger, Antipolis, 2022
Ayant fait une partie de mes études à Nice, j’ai tout de suite été interpellée par le titre… Intéressant, en effet ! je note au cas où 😉
J’espère que vous avez passé un agréable été tous les 4 (à partir de tes photos, on voit qu’il y a eu au moins une piscine ^_^ trop beau, les fonds bleus, j’adore)
Oh je serais très curieuse de savoir ce que tu penses de ce roman si tu connais Sofia Antipolis !
On a bien profité de l’été, vacances courtes mais un très bel été ! Bises