Deborah Levy, Sous l’eau

Le poète Joe et la journaliste Isobel Jacobs louent pour l’été une villa aux abords de Nice, en compagnie de leur fille et d’un couple d’amis, Mitchell et Laura. Mais une rencontre surprenante les attend à la piscine, ce bassin comparé à une tombe, où l’eau est trouble et où des feuilles, des insectes et un vieux matelas pneumatique flottent à la surface. Au fond de la piscine, une forme. Mitchell y voit un ours. Isobel plonge et se saisit d’une cheville. Il s’agit en réalité de Kitty Finch, jeune Anglaise qui émerge de l’eau entièrement nue et explique qu’elle avait pensé louer la villa pour la même période et se retrouve sans solution. Après quelques questions plus que sommaires, Isobel invite la jeune femme à loger quelques jours chez eux, le temps de trouver un autre logement. Elle aura la dernière chambre libre.

Mais derrière cette première rencontre étrange se cachent des failles, des non-dits, brèches dans lesquelles Kitty Finch va s’engouffrer. Souvent nue ou peu vêtue, les ongles verts, Kitty est botaniste, rapporte des plantes dans sa chambre, ne mange presque rien, s’insurge lorsque Mitchell met un piège à souris ou part à la chasse. La jeune femme écrit aussi des poèmes et nourrit une obsession pour Joe. Rapidement, on sait que ce n’est pas une erreur de date qui l’a conduite à la villa.

Deborah Levy nous offre un huis-clos envoûtant où l’ambiance estivale devient soudain incertaine face aux brusques changements d’humeur de l’imprévisible Kitty Finch. D’abord surprenante et un peu fantasque, la jeune femme d’apparence fragile semble décidée à jouer un jeu dangereux. Et derrière l’intrigue et le cadre des vacances d’été, le thème de la dépression est subtilement traité. De façon curieuse, malgré les sujets sombres abordés avec finesse, « Sous l’eau » est un roman lumineux, qui restitue merveilleusement l’ambiance de vacances d’été, aussi troublantes soient-elles. Une parfaite lecture de saison !

188 p

Deborah Levy, Sous l’eau, 2011 (2021 VF aux éditions Points)

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