Court roman d’Emilie Frèche, Chouquette met en scène une femme d’une soixantaine d’années qui vit dans l’opulence entre Paris et Saint-Tropez, et, on peut le dire sans détour, dans une autre dimension. Iil s’agit de Catherine, de son vrai nom, Chouquette pour son petit-fils.
Cette fausse héroïne incarne la parfaite caricature d’une parvenue assez étroite d’esprit, qui vit avec ses deux « bonnes », leur demande de porter ses bagages, de faire et défaire sa décoration de Saint-Tropez dans l’hystérie la plus totale en prévision de l’arrivée de son mari Jean-Pierre… qui l’a quittée depuis plusieurs années. Chouquette vit ainsi dans le déni le plus total et partant de là, sa vie en apparence enviable masque en réalité une existence misérable. A l’attente infinie du mari volage s’ajoutent le mépris de sa fille, l’incompréhension de son petit-fils, le regard de son personnel et de ses relations mondaines, parfaitement au courant de la situation et forcées de prendre part à cette mascarade. Jean-Pierre brille par son absence mais tire pourtant les ficelles de ce roman.
Texte court plutôt bien mené sur un mariage raté, Chouquette laisse un peu le lecteur sur sa faim avec une conclusion peu probable : la relation houleuse mère-fille connaît une trêve subite, tandis que des années passées à refuser d’accepter la situation se soldent par une soudaine prise de conscience. Le tout essentiellement grâce à quelques jours passés avec le petit-fils, alors que les interactions limitées qui ont lieu entre les deux protagonistes ne me semblent pas justifier un tel revirement de situation. Néanmoins le personnage hors norme de Chouquette est amusant à suivre – plus que celui de sa fille assez détestable et égocentrique malgré ses projets humanitaires. J’étais curieuse de lire ce roman avant de voir son adaptation au cinéma et ne regrette pas ce moment de lecture. Sans être une révélation, cela reste une curiosité sympathique.
133 p
Emilie Frèche, Chouquette, 2010