Il sera plongé de la lumière dans les ténèbres

teleny.jpgDe Wilde j’avais lu quelques contes et nouvelles, The Importance of Being Earnest et The Picture of Dorian Gray. Aussi, Teleny s’est avéré une lecture quelque peu atypique, puisqu’il s’agit un roman érotique.

Son histoire est assez curieuse également, puisque  ce récit a été écrit à plusieurs dans le cadre d’un jeu (érotico ?) littéraire orchestré par Wilde qui, comme l’indique Jean-Jacques Pauvert dans la préface, porta assez d’intérêt à ce projet pour le remanier et le réécrire, d’où l’unité de ton.

Dans ce roman d’apprentissage, le jeune narrateur Camille Des Grieux s’éprend de Teleny, sombre et séduisant pianiste étranger. Fantasmes, expériences hétérosexuelles s’ensuivent jusqu’à se noue une relation charnelle entre Camille et Teleny, l’histoire se terminant tragiquement.

Teleny est assez déroutant pour ceux qui ont déjà lu Wilde. Ce ne sont plus les traits d’humour, les célèbres bons mots qui occupent le devant de la scène. C’est un récit à la fois sombre et très cru, où les scènes à caractère pornographique se succédent.

wrestlers-eakins2.jpgCamille nous fait un peu penser à Dorian Gray au double visage, à travers cette homosexualité qu’il n’assume pas pleinement dans une société victoriene à la morale officiellement très stricte. Ainsi, lorsqu’il reçoit un billet le menaçant de le dénoncer, il hésite à retrouver Teleny, torturé entre son amour et son désir d’une part et sa peur de ce que la société pourrait lui réserver de l’autre.

Je me suis également beaucoup interrogée sur le rôle de la mère, ombre à la fois bienveillante et vampirique : la mère de Camille, très jeune et jolie, l’accompagne lorsqu’il se rend aux concerts de Teleny, le réveille lorsqu’il fait un rêve érotique, s’inquiète de son agitation lorsqu’il devient l’amant de Teleny et pour finir, devient en quelque sorte sa rivale en amour. Camille dit d’ailleurs de façon générale : « Par-dessus tout, j’abhorrais la femme, malédiction du monde. » (p47)

Wilde nous plonge par ailleurs dans les lieux les plus sordides de l’époque victorienne. La question de la morale affichée en contradiction totale avec le comportement est ici continuellement posée, les jeunes hommes de la bonne société se retrouvant pour des parties fines qui parfois se terminent mal : dans un bordel de Tottenham Court Road, où une phtisique décède dans un acte de débauche ou encore chez un ami, où l’un des participants ayant voulu faire usage d’une bouteille paie de sa vie cette dernière audace.

Apportant également un éclairage sur la vie privé de Wilde, ce livre dresse un portrait intéressant de la société victorienne et repose sur une écriture très soignée. Une belle curiosité.

De nombreux avis plus ou moins intéressants sur Google Livres, qui présente le livre de cette façon : « The homoerotic novel Teleny is an important antithesis to the prudish idealism of the neo-classic and neo-romantic lyric love poetry of the fin du siecle. » D’autres présentations du livre chez Culture et Débats (où la contribution de Wilde à l’oeuvre est mise en doute), Nicolas Baygert, Impudique (comprenant des extraits), Oscholars, Queercult.

Teleny est disponible en ligne dans une version abrégée ici.

Merci aux éditions de la Musardine pour le choix de la couverture, Egon Schiele faisant partie de mes peintres de prédilection (il s’agit ici du Double Autoportrait).

Lu dans le cadre du Challenge Oscar Wilde : le principe est simple, il suffit de publier un billet sur un écrit d’Oscar Wilde, une biographie de Wilde, une adaptation tirée de ses livres, un film ou un livre inspiré de sa vie. Vous pouvez participer à tout moment !

Une lecture commune pour commencer l’été « con un poco de calor », avec Sybille, The Bursar,

oscarwilde.jpgEn attendant je vous propose de nous retrouver le 1er septembre pour parler du film Wilde de Stephen Frears.

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187 p

Oscar Wilde, Teleny, 1893

Oscar Wilde challenge logo.psd.jpgChallenge Oscar Wilde :

Ecrits de Wilde :

An Ideal Husband : Theoma

Lady Windermere’s Fan : Titine

The Picture of Dorian Gray : Lou

Teleny : Lou, Sybille, The Bursar,

Les adaptations sur petit et grand écran :

An Ideal Husband (1999) : Lou

Lady Windermere’s Fan (1925) : Titine

 

Challenge-god save the livre.jpgChallenge God save le livre : 10 livres lus (Catégorie Prince William : 10 livres lus)

rosamunde pilcher,neige en avril,écosse,challenge kiltissime

Commentaires

http://1001classiques.canalblog.com/archives/2011/07/02/21508888.html

http://1001classiques.canalblog.com/archives/2011/06/26/21489387.html

Voici mes deux billets kiltissimes, qui ne sont pas très enthousiastes…
Pour une fois, ce Wilde que je ne connaissais pas du tout ne m’attire pas du tout non plus… en revanche, j’attends de voir ton avis sur le film que j’ai failli acheter…

Écrit par : maggie | 02/07/2011

Je vais essayer la version abrégée pour voir 🙂

Écrit par : Aymeline | 02/07/2011

Ça me fait penser au court roman de Guillaume Apollinaire, Les Exploits d’un jeune Don Juan. J’étais tombée sur ce livre à 2$ dans une librairie d’occasion et j’ignorais tout de son contenu. C’est en fait un roman d’apprentissage où le jeune homme de 14 ans se tape tout ce qui bouge 🙂

Écrit par : melodie | 02/07/2011

bin je l’aurais achete juste pour le tableau de egon schiele (couverture)…car euh les romans erotiques je peux pas…j’ai essaye celui de messadie…j’ai arrete a la 50eme page (environ)..tellement j’etais mal a l’aise…pourtant une scene de fesse ne me derange pas….mais si le livre ne tourne que sur ca euh non…;o)…bin c pas avec ce livre que je vais me lancer dans Wilde…;o)

Écrit par : rachel | 02/07/2011

Je ne connaissais même pas l’existence de ce livre. Pourquoi pas?
Sur la morale, on peut aussi rappeler ce qu’en disait Wilde dans la préface du « Portrait de DG »: un livre n’est pas moral ou immoral, il est bien écrit ou mal écrit (si je me souviens bien).

Écrit par : Voyelle et Consonne | 03/07/2011

De l’art de savoir se servir d’une bouteille en verre … !! Une curiosité que je me réserve pour plus tard, j’ai encore de belles pièces à découvrir avant de plonger dans l’univers hautement érotique de Teleny.

Écrit par : Titine | 03/07/2011

Bon, ce livre, dont j’ignorais l’existence, ne me tente absolument pas…Mais de qui est le tableau étrange que tu as inséré comme illustration au milieu de ton billet ?

Écrit par : Turquoise | 03/07/2011

je t’avoue que je me suis aussi posée des questions par rapport au rôle de la mère ! La fin m’a laissée un peu perplexe, je ne m’y attendais pas ^^ En tout cas, merci pour cette lecture commune, car je ne connaissais pas cette facette de Oscar Wilde !

Écrit par : sybille | 03/07/2011

Je serais curieuse de lire ce livre! J’aimerais beaucoup découvrir davantage cet auteur.

Écrit par : Maribel | 04/07/2011

@ Maggie : merci pour les liens, bien ajoutés.
Je te recommande quand même « Teleny » car il m’a beaucoup surprise… je pense qu’il mérite d’être lu car il apporte une vision très complémentaire du reste de l’oeuvre.

@ Aymeline : super :o) tiens-moi au courant si tu publies un lien que je manque !

@ Melodie : j’avais failli l’acheter par curiosité… par contre dans le même genre j’ai acheté « le fouet à Londres », mais ça a l’air bien plus sage !

@ Rachel : ne me dis pas que tu n’as jamais lu Wilde :o) Dans ce cas lis « l’importance d’être constant »…

@ Voyelle et consonne : je me souviens pas de cette phrase de Wilde mais ça lui ressemble bien…

@ Titine : poursuivons dans l’immédiat avec des pièces enjouées, pourquoi pas « An ideal husband » ?

@ Turquoise : il s’agit de Eakins (http://fr.wikipedia.org/wiki/Thomas_Eakins)

@ Sybille : merci pour ta participation, je suis contente d’avoir donné envie à quelques lecteurs de découvrir ce livre atypique…

@ Maribel : un excellent auteur en effet ! N’hésite pas à participer au challenge… il suffit d’un billet :o)

Écrit par : Lou | 04/07/2011

Je suis allée voir les pages disponibles sur Internet par curiosité et il y a un passage dans Teleny où il tombe sur une femme qui a retroussé ses jupes et qui est en train d’uriner par terre. Il y a pratiquement le même passage dans le livre d’Apollinaire. Ça semble intriguer les hommes 😉

Écrit par : melodie | 04/07/2011

vi je sais je sais…il va falloir…;o)

Écrit par : rachel | 05/07/2011

@ Mélodie : euh oui je suis tombée en cherchant « Teleny » sur un livre érotique de la même époque à peu près où il y a une scène du même genre avec un chien (le livre traite apparemment d’une « femme aux chiens »)… bref, en effet cela semble les perturber un peu !

@ Rachel : ah oui absolument ! tu pourras participer au challenge Wilde avec un billet :p On parle déjà du film « Wilde » le 1er septembre.

Écrit par : Lou | 10/07/2011

oui un autre challenge…cela me manquait…;o)

Écrit par : rachel | 10/07/2011

Je ne connaissais pas ce texte de Wilde. Mais bon, j’ai encore plein de choses à découvrir de cet auteur…

Écrit par : Lilly | 10/07/2011

@ Rachel : eh oui je sais !!

@ Lilly : je ne désespère pas de voir un billet chez toi dans le cadre du challenge Wilde – non non je ne fais pas d’appels de phare ;o) Si tu veux je te prêterai « Teleny »… pour ma part je vais déjà voir le film « Wilde », après je verrai… j’ai pas mal de lectures classiques anglo-saxonnes en vue en attendant !

Écrit par : Lou | 10/07/2011

tentatrice va!..;o)

Écrit par : rachel | 10/07/2011

@ Rachel : c’est mon surnom ;o)

Écrit par : Lou | 21/07/2011

mdr….lou la tentatrice…lol…

Écrit par : rachel | 22/07/2011

Je te remets ici mon lien vers le film de Brian Gilbert :
http://plaisirsacultiver.unblog.fr/2011/08/27/oscar-wilde-de-brian-gilbert/

Écrit par : Titine | 27/08/2011

@ Titine : merci miss ! Je suis bien ennuyée : je l’avais proposé en film commun pour le 1er septembre mais j’ai un souci avec mon lecteur DVD et risque de ne pas le voir à temps (Mr Lou ne pouvant venir à ma rescousse d’ici là).

Écrit par : Lou | 27/08/2011

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