J’ai découvert la plume d’Isabelle Flaten l’été dernier, suite à une rencontre passionnante avec le fondateur des éditions Le Nouvel Attila. J’ai d’abord lu Adelphe, roman magnifiquement écrit, un coup de cœur que je vous recommande vivement s’il n’a pas encore croisé votre route. Puis j’ai lu la publication suivante de l’autrice, Les Deux mariages de Lenka. Changement de lieu, changement de registre. Mais toujours deux toiles de fond historiques et surtout, des personnages féminins forts et imparfaits, qui m’ont d’emblée touchée.
Je projetais de lire La Folie de ma mère depuis quelques mois. Notre rencontre a été plusieurs fois reportée. D’abord par les caprices du hasard, à Noël, ce livre ayant trouvé son chemin jusqu’à ma maison d’enfance quelques jours après mon départ. Puis lorsque j’ai pu le tenir entre mes mains, malgré les premières pages qui m’appelaient et me donnaient envie de découvrir de nouveau cette écriture qui m’emporte à chaque fois, un blocage. Non pas devant la qualité du texte, ou un éventuel ennui lié au contenu. Plutôt une réticence à pousser la porte de ce qui s’est avéré être un texte très personnel. Un texte que je ne voulais pas lire sans prendre le temps de me poser, de lui consacrer toute l’attention qu’il mérite dans mon quotidien bien rempli en cette année pleine de changements pour moi.
Le week-end dernier, j’ai enfin sorti La Folie de ma mère de l’étagère où il m’attendait. Que dire de ce texte ? La narratrice raconte sa mère, fantasque, insaisissable, aimante et terrible, depuis le prisme de sa propre enfance jusqu’à leur rapport d’adultes des années plus tard. Tout débute avec l’éducation, un mélange de permissions provocatrices, de rappels des fondamentaux de la petite bourgeoisie quant aux bonnes manières, de commentaires secs et d’échanges littéraires. Les amis qui vont et viennent, refont le monde ou trouvent refuge chez cette mère enseignante, engagée à sa façon, à une époque où la gauche fait peur. D’enfant, la narratrice devient une adolescente qui lit passionnément mais ne trouve pas sa place dans le système scolaire, sèche les cours, récolte de mauvaises notes. Une période où elle est ballotée de droite à gauche, tantôt chez le commandant Robin et sa femme, ses oncle et tante, tantôt chez sa grand-mère. Voilà qui permet de dresser le tableau d’une mère pas toujours à l’aise dans son rôle, marquée par son époque et sujette aux sautes d’humeur. Puis, les années passant, la situation se dégrade, et c’est cette folie de la mère que la narratrice aborde, ainsi que l’équilibre fragile de leur relation.
Un texte intime, courageux, à la construction en deux temps, hachée, au point de rupture inattendu. Jonglant habilement avec les mots, comme toujours, Isabelle Flaten nous livre un récit aux forts accents autobiographiques. Sous sa plume, l’amour immense le dispute à la folie, aux non-dits et aux petits arrangements qui gomment la plupart des histoires familiales. Pour livrer au final un hommage audacieux et très personnel qui emporte le lecteur au passage.
125 p
Isabelle Flaten, La Folie de ma mère, 2021
Effectivement…un texte bien fort….il faut etre pret(e) pour s’y embarquer….
Oui c’est certain ! J’espère que tu auras envie de le découvrir si tu en as l’occasion.
Oula ! Je suis pas certaine que ça me plaise ^^
Alors lis « Adelphe » ;o) Gros coup de coeur !
Je pense que ça va me plaire. Je vais le chercher.
Je suis ravie de t’avoir tentée !