Jonty Howley, Les Grands Garçons pleurent aussi

On a beau se fixer des objectifs d’éducation ambitieux quand on attend son enfant, on s’aperçoit rapidement qu’il n’est pas toujours évident de lutter contre les préjugés et les stéréotypes qu’on aurait bien volontiers laissés dans un placard avec les souvenirs d’une autre époque. Allons dans des boutiques de vêtements pour enfants connues par exemple, on verra des petites princesses et des fées sur des habits roses d’un côté, des camions et des aliens sur des habits verts, bleus ou rouges de l’autre. Évidemment, pas toujours, et plus ou moins selon les marques, mais il ne faut pas chercher bien loin pour tomber sur ce genre de stéréotypes. Ne serait-ce que le merchandising, qui met souvent tout ce qui n’est pas pastel et conte de fée chez les garçons, y compris des vêtements qui sont parfaitement adaptés à tous. Voilà pour les habits, mais pour les jouets pas mal d’habitudes ont la vie dure, et quand l’enfant entre à l’école, on s’aperçoit que les anciennes façons de mettre garçons et filles dans des cases réservées s’entretient bien dans les jeux et les remarques des enfants. Alors, sans aller dans les extrêmes et interdire à mes filles les figurines de princesses et les robes roses qu’elle adorent, j’essaie tout de même de leur proposer des idées de jeux ou de lectures un peu différentes et d’attirer leur attention sur la notion de genre à travers nos lectures. L’idée étant de dire qu’il n’y a pas de jeux, de vêtements, de sports ou de métiers interdits aux garçons ou aux filles, que l’important est de faire ce qu’on souhaite vraiment.

Dans ce contexte, j’ai voulu leur faire découvrir Les Grands Garçons pleurent aussi, merveilleux album rappelant que tout un chacun a le droit d’exprimer ses émotions.

Tom et son père s’installent sur un village côtier et le petit garçon s’apprête à passer sa première journée dans la nouvelle école. Il est inquiet, de même que son père. Celui-ci, comme il ne sait pas quoi faire pour le rassurer, lui dit simplement que les grands garçons ne pleurent pas. Alors l’enfant part, le cœur lourd, avec cette idée en tête. Tout au long du chemin il voit des hommes pleurer pour plusieurs raisons, pas toujours la tristesse. Arrivé à son école, il est bien accueilli et cette journée finit donc sur une note positive. Dehors, les gens qu’il a vu pleurer sont joyeux. Mais arrivé chez lui, il découvre que c’est son père qui a la larme à l’œil. Celui-ci lui explique qu’il se faisait du souci pour lui, ce à quoi Tom lui répond que les grands garçons pleurent aussi.

Cet album est une pépite qui ravit les yeux tout en livrant un message positif aux enfants. Oui, on peut tout à fait exprimer ses émotions, adulte ou enfant, garçon ou fille. Pleurer n’a rien de honteux, c’est naturel et parfois nécessaire. Outre ce message principal, la relation affectueuse et maladroite père-fils ne peut que nous toucher. Le fond est intéressant et bien amené, et la forme ravira particulièrement les amoureux de l’Angleterre. On se croit au bord de mer en lisant cet album, si fidèle aux maisons colorées et aux promenades maritimes anglaises. Jusqu’à l’ancienne structure métallique d’un ponton sur la mer, qui m’a immédiatement rappelé l’ancien ponton de Brighton. Ne manquent plus que l’odeur de fish and chips et le cri des mouettes !

44 p

Jonty Howley, Les Grands Garçons pleurent aussi, 2019

7 thoughts on “Jonty Howley, Les Grands Garçons pleurent aussi

  1. Oh oui c’est le fameux non genre…un magasin avait melange tous les habits, il les avait separes seulement par age….cela fait du bien…mais c’est dur…en tout cas un chouette livre a faire lire…

    1. ça c’est vraiment génial comme démarche de magasin… et encore rare ! ça fait du bien de sortir un peu des clichés.

  2. Les illustrations sont superbes et j’adore les valeurs portées par cet album : je me le note, j’aurai pas le temps de travailler sur les émotions avec mes élèves cette année mais il sera lu l’année prochaine ^^ J’essaye aussi en tant que maîtresse d’éviter les clichés et préjugés de genre mais ce n’est pas toujours évident (et il faut également faire avec les parents, pas toujours très tolérants ! Argh !) : par exemple, pour certains travaux d’arts plastiques, les enfants choisissent leurs couleurs et quelquefois, les garçons vont vers le rose (j’adore ! Et gare à celui ou celle qui se permet une réflexion : « le rose, c’est pas pour les garçons ! » « – Ah bon, et pourquoi pas ? Pourquoi les garçons n’ont pas le droit de mettre du rose ? » En général, ils ne savent pas quoi répondre ^^ parce que, justement, c’est ce qu’ils écoutent chez eux ou dans la société donc ça finit par « Ben oui, maîtresse, finalement, pourquoi ils ne mettraient pas du rose, eux aussi ? » « – Et oui, où est le problème ? lol »).

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