Mieko Kawakami, J’adore

Au début du mois d’avril, j’ai lu J’adore de Mieko Kawakami, découvert chez mon libraire juste avant le confinement. J’apprécie beaucoup les auteurs nippons publiés chez Actes Sud, c’est donc les yeux fermés que j’ai acheté ce titre.

J’adore met en scène deux pré-adolescents, Hegatea et Mugi qui deviennent tour à tour les narrateurs de ce récit. Tous deux sont orphelins et vivent avec un seul parent, dans des foyers atypiques où, pour des raisons différentes, leur passage à l’adolescence se fait dans un contexte compliqué. Quand Mugi semble avoir pour principale confidente sa grand-mère alitée, Hegatea dort chaque nuit dans le salon de sa maison, à côté de l’arbre de Noël artificiel installé là depuis le dernier hiver de sa mère. Dans les deux cas, le parent restant gère le quotidien de son mieux, mais de façon un peu chaotique. La mère de Mugi a transformé le rez-de-chaussée pour en faire des pièces à l’occidentale, et s’enferme dans le salon pour y pratiquer son métier en tirant les cartes à ses clientes. Le père d’Hegatea prépare régulièrement la confiture de son épouse décédée mais range peu et laisse sa fille voir et revoir des films d’action, au point de rejouer à la perfection des scènes de tir.

Chaque enfant, à sa façon, va vivre une situation forte émotionnellement lors de cette période où ils se rapprochent. Mugi est fasciné par Miss Ice Sandwich, une femme aux paupières bleues qui tient un stand au supermarché. Les réactions hostiles qu’elle suscite puis sa disparition du magasin vont le toucher et l’amener à se questionner sur sa relation avec cette femme qui, sans le savoir, a pris une place incontournable dans sa vie. Hegatea va quant à elle découvrir par hasard des informations totalement déroutantes au sujet de son père et perdre son principal repère, car père et fille étaient proches jusque-là.

Roman sur la fin de l’enfance, l’amitié, les liens familiaux, J’adore est un texte assez étrange épousant le point de vue de deux enfants un peu à part au sein de leur école. On suit leurs raisonnements implacables, leurs réflexions sur des sujets a priori bénins qui, dans leur monde, prend une autre importance. Un texte plutôt mélancolique sur des personnages heurtés par la vie. Si je l’ai lu avec un certain intérêt et souhaitais connaître le dénouement des histoires enchâssées, la magie n’a pas totalement opéré.

223 p

Mieko Kawakami, J’adore, 2015 (Actes sud 2020)

3 thoughts on “Mieko Kawakami, J’adore

  1. Oh comme Chicky Poo…je lisais ta critique et me disais que c’etait tout un bien bon livre a lire…et ta fin…cela rafraichit…mais je me dis que, quand meme, je vais tenter…;)

  2. Ah mince, c’est toujours un peu pénible quand la magie n’opère pas complètement. J’aime bien la couverture et je serais quand même curieuse de découvrir l’histoire de ces deux personnages aux vies un peu atypiques.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *