Je poursuis avec bonheur ma redécouverte de l’univers d’Amélie Nothomb. Si réjouissante que j’ai commandé à mon libraire Biographie de la faim, où elle revient sur son enfance dans divers pays, dont le Japon. Deux autres titres figurent également dans ma bibliothèque (un titre non lu et un abandon) et je ne manquerai pas de les ouvrir dans les prochains mois. C’est amusant de voir comme nos itinéraires personnels de lecteurs peuvent partir d’un point et s’en éloigner avant de rebrousser chemin.
La Nostalgie heureuse était la conclusion que j’attendais après avoir lu Stupeur et Tremblements, où la narratrice nous fait part de son expérience dans une entreprise japonaise et Ni d’Eve, ni d’Adam, où elle revient sur sa relation amoureuse avec un jeune japonais. Des textes qui entrent en résonance et forment un tout plein d’intérêt. A lire ses récits en continu, on saisit mieux les allusions, comme ce saut dans le vide imaginé, en écho à Stupeur et Tremblements et ces heures passées devant la vitre, depuis l’étage d’une haute tour.
Amélie Nothomb n’est pas revenue depuis 16 ans au Japon, ce pays de son enfance qu’elle a retrouvé en fin d’études, puis quitté de nouveau. La romancière voue une passion entière à ce pays, qu’elle redécouvre pendant une semaine dans le cadre du tournage d’un reportage télévisé qui lui est consacré. Depuis, son japonais s’est franchement détérioré. Elle n’a pas été traduite pendant des années, depuis la parution de Stupeur et Tremblements qui ne dressait pas un portrait très flatteur de l’entreprise nippone. C’est suite à un texte élogieux sur le Japon dont les bénéfices ont été reversés aux victimes de Fukushima qu’Amélie Nothomb a été de nouveau publiée dans ce pays. Petite manifestation patriote qui m’a interpelée : on découvre que des personnes soutiennent la région de Fukushima en achetant des légumes qui en sont importés.
Dans le cadre de ce voyage et de ce retour aux sources, l’auteure va notamment revoir son ancienne nounou et Rinri, son fiancé éconduit. Elle se rendra dans plusieurs endroits, dont Shukugawa, son village d’enfance méconnaissable, et Fukushima.
Le livre s’ouvre par cette belle phrase : « Tout ce que l’on aime devient une fiction » (p7). Nothomb n’a eu de cesse de raconter et de se raconter le Japon qu’elle aime. Après deux premiers récits centrés sur deux thématiques précises et qui, chacun à leur manière, livrent une vision très intéressante de la culture nippone, La Nostalgie heureuse est un texte plus personnel encore. Récit des jours de tournage, de ce qui trotte dans la tête de la romancière tandis que la caméra lui tourne autour, déceptions face aux changements, émotion des retrouvailles. De la caméra elle dit : « Elle capte les remous à la surface du lac. Je reste dans mes grands fonds, là où aucune lumière n’arrive jamais » (p 38).
Le texte ne manque pas d’humour non plus. Lors de la première journée de tournage, Amélie Nothomb n’a rien d’intéressant à dire en découvrant que tout a changé. Jusqu’à l’instant où elle découvre les caniveaux où elle jouait qui, eux, n’ont pas changé. C’est cette déclaration qu’elle fait avec enthousiasme, devant la parfaite indifférence de l’équipe. Autre scène amusante, cette expérience dans un bar à oxygène où l’on s’attend à des délires grandioses, quand Amélie se contente de roupiller. Et cette anecdote personnelle, où elle évoque le courrier des lecteurs et ce couple qui lui annonce avoir donné à leur fille le prénom d’un de ses personnages : Lili-Plectrude, annonce qui a suscité quelques appréhensions quant aux noms des autres membres de la fratrie.
Un texte moins élaboré que les deux précédents romans nippons lus : pas de construction romanesque mais un partage d’expérience, qui n’aurait sans doute pas un grand intérêt sans la personnalité attachante d’Amélie Nothomb. C’est peut-être le texte où elle se met le plus à nu, évoquant des moments du quotidien, quelques faiblesses et des instants de vie qui l’éloignent de cette image de personnalité hors du commun qu’elle s’est façonnée.
150 p
Amélie Nothomb, La Nostalgie heureuse, 2013
Et bin oui toute une auteure…un jour…peut-etre…je la lirais….;)….et cela sera sa trilogie japonaise….un jour
Tu n’as lu aucun de ses titres ?
nop….je suis en train de faire la « danse de la rebelle »…lol
Ah ah ! Avant de la retrouver avec ses japonais je n’en avais lu qu’un jusqu’au bout et je la boudais aussi 🙂
d’apres ce que j’ai entendu, elle a eu un passage a vide dans ses romans…;)
Comme toi, j’ai abandonné Nothomb depuis longtemps. J’ai beaucoup aimé certains de ses livres, mais d’autres m’avaient laissée de marbre. Tu me donnes envie de lui redonner sa chance. Je crois que j’ai « Ni d’Eve, ni d’Adam ».
J’ai beaucoup aimé « Ni d’Eve, ni d’Adam ». J’ai détesté « Le sabotage amoureux », si je me souviens bien du titre, je n’avais pas réussi à le terminer. J’ai aussi abandonné la lecture d' »Antéchrista » mais pour d’autres raisons. Voyons si mes prochaines lectures me convainquent de nouveau… je l’espère en tout cas !