Cela fait une éternité que je veux consacrer ici un article à Julia Margaret Cameron (1815-1879), sous une forme ou une autre. La preuve en est ce billet enregistré sous forme de brouillon presque vide en mai 2011 ! Ce sera donc mon sujet pour cette journée du Mois anglais consacrée aux Victoriens.
Julia Margaret Cameron est née en Inde en 1815, puis a grandi en Europe et notamment en France, auprès d’une grand-mère française. Elle repart ensuite en Inde puis rencontre son époux lors d’un voyage en Afrique du Sud en 1836. Charles Hay Cameron a vingt ans de plus qu’elle et, lorsqu’il prend sa retraite, la famille (déjà nombreuse) rentre en Angleterre. Julia Margaret Cameron retournera en Asie à la fin de sa vie.
Lorsque le couple s’installe en Europe, Julia Margaret Cameron fréquente un cerce d’artistes, notamment le poète Tennyson ou encore le peintre George Frederic Watts. Elle est de fait connue pour ses portraits de Victoriens célèbres (dont Darwin, Edward Burne-Jones, Ellen Terry… outre ceux déjà cités et d’autres encore). Dans ses mises en scène, elle s’inspire de poèmes ou de thèmes religieux (Madone, Christ enfant…). Elle réalise également de nombreux portraits féminins.
Julia Margaret Cameron se lance dans la photographie très tardivement, lorsqu’elle est âgée d’environ cinquante ans. Elle a une vision moderne de son art, cherche la beauté davantage que la perfection technique. D’où ses portraits très vivants, qui ne manquent pas d’aspérités. Elle reçoit un accueil chaleureux d’artistes de l’époque, notamment pré-raphaélites, mais nettement plus réservé des photographes professionnels qui lui reprochent son manque de technique. Cameron ne tient compte que de l’avis des premiers et ne semble pas manquer d’assurance… mais comment en serait-il autrement lorsqu’on considère l’oeuvre qu’elle laisse derrière elle ?
Voici quelques photos qui me plaisent particulièrement. Vous remarquerez que j’ai volontairement omis les portraits masculins, mais je suis plus sensible à la grâce de ces Victoriennes qu’à l’effroyable pilosité de leurs contemporains (à ce sujet, pour les plus curieux, j’avais consacré un petit article aux barbes victoriennes lors d’un précédent Mois anglais).
Annie, My first success, 1864 * (un portrait que je trouve particulièrement moderne, qui aurait pu être pris dans les années 1950…)
Sadness, 1864 (Actress Ellen Terry)
Béatrice, 1865 *
The Kiss of Peace, 1869 *
Julia Jackson, 1867 * (nièce de Julia Margaret Cameron et mère de Virginia Woolf – la ressemblance entre la mère et la fille m’avait semblé frappante en découvrant l’exposition « Ballade d’amour et de mort »; si Julia Jackson incarnait un idéal féminin tel que le concevait les Victoriens, je trouve à Virginia Woolf une beauté étrange et tout aussi fascinante que celle de sa mère)
Archie, my grandson, 1865 *
Maud, There has fallen a splendid tear from the passion flower at The Gate (1875) *
Julia Cameron a inspiré la jeune artiste Katie Kukulka, dont j’ai découvert le blog par hasard. La photo ci-dessous est un exemple de ses travaux (elle me plaît beaucoup et j’ai voulu vous la faire découvrir). Malheureusement je n’arrive pas à retrouver le post où elle avait été publiée à l’origine – photo découverte et ajoutée à ce billet il y a longtemps.
Pour continuer à retrouver Cameron : Un article intéressant sur Atget Photography avec de nombreuses photos.
Et pour en revenir au livre qui a inspiré cet article :
Le livre Julia Margaret Cameron (55) publié aux éditions Phaidon (en haut à gauche) m’a permis de me replonger dans l’oeuvre de cette photographe en quelques heures. Cet ouvrage synthétique présente l’artiste, son parcours ainsi que l’accueil reçu par ses oeuvres en introduction et s’achève par une biographie succincte. Entre les deux, place aux oeuvres : chacune est présentée sur une page (reproductions de belle qualité), avec, en regard un petit commentaire. Les photographies présentées sont marquées d’une astérisque à la suite. Ce livre de petit format constitue une bonne introduction à l’univers de Cameron, même si j’ai regretté le fait de ne pas retrouver certains portraits de femmes : en couvrant un panorama large, difficile de tout présenter mais dans la mesure où c’est là le coeur de l’oeuvre de Cameron et ce qui m’intéresse le plus, j’ai eu un petit regret. Je me note donc le titre Julia Margaret Cameron’s Women, malheureusement épuisé. Autre petit bémol : je n’ai sans doute pas eu de chance mais la couverture m’est restée entre les mains après avoir lu un petit tiers du livre. Pourtant, je suis très soigneuse en la matière. Heureusement, il sera a priori facile de la recoller!
128 p
Joanne Lukitsh, Julia Margaret Cameron (55), 2001
Commentaires
Écrit par : rachel | 15/06/2016
Écrit par : nath | 15/06/2016
@ Nath : je suis contente de t’avoir fait découvrir cette photographe, dont j’apprécie tellement l’univers.
Écrit par : Lou | 15/06/2016
Écrit par : Anne | 15/06/2016
Haha, je vois qu’on a eu envie de ressortir le même logo des tiroirs pour cette journée bien spéciale pour nous !
Écrit par : Cryssilda | 15/06/2016
Écrit par : Praline | 15/06/2016
Écrit par : Mrs Figg | 15/06/2016
Écrit par : FondantGrignote | 15/06/2016
@ Cryssilda : je viens de me faire la même remarque pour le logo en passant chez toi !! :o) J’avais vu l’expo d’Orsay qui date maintenant, il y avait eu deux expos victoriennes consécutives, un vrai bonheur ! Heureusement qu’on va avoir bientôt l’expo Wilde !
@ Praline : j’en garde un très beau souvenir et j’avoue que j’aimerais revoir ces originaux maintenant que j’ai lu ce livre intéressant sur les techniques choisies par Cameron.
@ Mrs Figg : voilà, j’avais oublié le titre de l’expo. J’avais acheté le catalogue succinct (pas l’énorme livre), je n’arrive pas à mettre la main dessus, pas plus que sur celui d’une autre vieille expo dont j’aurais aimé vous parler ce mois-ci.
@ FondantGrignote : ah on est d’accord ! :o)
Écrit par : Lou | 15/06/2016
Écrit par : Lili | 15/06/2016
Écrit par : Lou | 15/06/2016
Écrit par : Margotte | 15/06/2016
Écrit par : Lou | 15/06/2016
Écrit par : rachel | 16/06/2016
Sinon, c’était facile pour moi de me souvenir du titre : j’ai l’affiche de l’expo dans mon couloir …
Écrit par : Mrs Figg | 16/06/2016
Écrit par : Arieste | 16/06/2016
« Sadness » est vraiment très très belle, je crois que c’est ma préférée !
Écrit par : Chicky Poo | 17/06/2016
@ Mrs Figg : je ne cherche pas particulièrement d’infos mais plus revoir les oeuvres présentées, je ne me souviens pas de toutes… j’ai le souvenir d’une partie de l’expo consacrée aux paysages, l’autre aux portraits. Je finirai par remettre la main dessus !
Et j’avais acheté une reproduction d’une oeuvre de Cameron mais on ne l’a pas accrochée, je sens que Mr Lou est moins enthousiaste que moi.
@ Arieste : ça fait partie de ces billets que j’ai envie de rédiger depuis des années…. :o)
@ Chicky Poo : « Sadness » est superbe et je dois avouer que j’avais oublié qu’elle avait photographié Ellen Terry !
Écrit par : Lou | 21/06/2016
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