Christopher Nicholson, Winter

nicholson_winter.jpgSi Thomas Hardy est peu présent sur mon blog, c’est un auteur que j’ai découvert et beaucoup apprécié à travers trois recueils de nouvelles (seules les Métamorphoses ont été chroniquées ici) et dont les romans m’attirent même si je n’ai pas encore aujourd’hui franchi le pas (sauf avec Les Forestiers, dont je n’ai lu qu’une partie faute de temps lorsque je l’avais commencé). Aussi, lorsque je suis tombée par hasard sur le roman Winter de Christopher Nicholson mettant en scène Thomas Hardy, j’ai inévitablement eu envie de me le procurer.

L’action se déroule dans les années 1920, dans le Wessex, où vit l’écrivain âgé de 84 ans. Nous le découvrons chez lui, dans une assez grande propriété, isolée et cachée par d’immenses arbres qui cependant obscurcissent complètement la maison. Thomas Hardy passe ses journées à écrire, est très attaché à son chien Wessex mais communique peu avec sa femme Florence, qui a à peine plus de la moitié de son âge mais ne lui inspire plus qu’une certaine affection, lorsqu’elle ne l’agace pas. Florence souffre de sa solitude, a une santé fragile et accepte difficilement la tournure qu’a pris sa vie, consacrée entièrement à son époux ; elle est ainsi devenue amère et irritable.

hardy thomas and florence.jpg

 Photo Thomas & Florence Hardy : Rex Features

A cette époque, une troupe locale d’acteurs amateurs met en scène Tess, l’adaptation de son grand roman. Cette pièce va rompre le quotidien monotone du couple Hardy, mais aussi devenir sujet de discorde. Le personnage principal est joué par la jeune Gertrude Bugler. Elle incarne un idéal féminin aux yeux de Hardy, qui, malgré son grand âge, se sent attiré par elle. Dans une sorte de huis clos, Nicholson met en scène ces trois personnages dont les aspirations et les sentiments ne peuvent qu’entrer en conflit.

hardy_gertrude bugler.jpg

Photo Gertrude Bugler : National Trust /Simon Harris

Le roman alterne les points de vue, entre les chapitres consacrés à l’auteur rédigés à la 3e personne et les chapitres narrés directement par Florence ou Gertie. Se déroulant au coeur de l’hiver (et portant si bien son titre), ce livre exprime avec subtilité le ressenti des trois personnages, tout en s’interrogeant sur l’amour (ses formes, sa pérennité), la brièveté de la vie humaine, sa poursuite après la mort ou encore, sa place aux côtés de la nature. Même si je suis toujours un peu gênée par les récits inspirés de personnes ayant réellement existé, j’ai beaucoup apprécié ce roman profond, mélancolique et porté par une plume élégante. J’aurais juste aimé que l’auteur ajoute une note pour raconter la genèse de ce livre et indiquer ce qui est en partie inspiré de la réalité et ce qui est totalement inventé – simple curiosité.

Je m’apprête à lire Une Femme d’Imagination et Autres nouvelles et, après avoir lu le roman de Christopher Nicholson, je commence à sérieusement envisager de découvrir enfin Tess. Un mois de mars qui sera pour moi sous le signe des lectures anglaises, car je m’apprête à fêter Pâques dans le Kent et compte bien me plonger d’ores et déjà dans l’ambiance !

Quelques avis (en anglais et en français) : Heavenali, Titine, The Bookbinder’s daughter. Et sur Books and other things, un article sur Thomas Hardy et sa première femme Emma.

4coeurs.jpg

 

 

247 p

Christopher Nicholson, Winter (Hiver pour la traduction française), 2014

a year in englant by-eliza1.jpg

 

Commentaires

Bonjour cher confrère,
Comme vous, je me lance dans l’aventure de la critique littéraire à travers mon blog, Bazar Critique. Si vous le permettez, je vous partage le lien, bazarcritique.wordpress.com, en espérant que vous viendrez y faire un tour… Je me lance, je suis donc preneuse de toute critique pour avancer ! 🙂
A bientôt !

Écrit par : Bazar Critique | 07/03/2016

Moi aussi j’ai seulement commencé les forestiers… Tout Hardy à découvrir encore

Écrit par : Yueyin | 08/03/2016

Il me tente beaucoup ! Je note qu’il s’agit d’une récit inspiré de la vie e Thomas Hardy car parfois ce n’est pas très clair …

Écrit par : Mrs Figg | 09/03/2016

Comme toi, je dois me mettre à « Tess ». Peut-être cette année.

Écrit par : Lilly | 12/03/2016

@ Bazar Critique : bienvenue dans la blogosphère, j’espère que nous aurons le plaisir d’échanger sur nos blogs respectifs.

@ Yueyin : j’ai lu cette semaine le recueil de nouvelles dont je parlais :o) Je me suis aussi souvenu que j’avais normalement dans ma PAL »Le Maire de Casterbridge », chez mes parents je crois. Il me tenterait bien pour attaquer les romans !

@ Mrs Figg : J’ai trouvé quelques articles intéressants sur les sites anglo-saxons en complément de ce roman. D’ailleurs ça me fait penser que je voulais rajouter un lien sur mon billet…

@ Lilly : pour l’instant j’ai dans ma PAL « Jude », « Le Maire de Casterbridge » et « Les Forestiers ».

Écrit par : Lou | 12/03/2016

« Jude » ne me tente pas du tout. Le côté « noir c’est noir » me rebute, et je crois que là on a la palme. Quand j’aurais lu les autres.

Tu as vu l’adaptation de « Loin de la foule déchaînée » sortie l’an dernier ? J’avais moyennement aimé.

Écrit par : Lilly | 13/03/2016

@ Lilly : j’ai un peu la même image de Tess en fait ! Surtout depuis que je connais la fin, évoquée dans ce roman de Christopher Nicholson… c’est en grande partie pour ça que je ne me suis pas lancée dans la lecture de ces deux romans.
Je n’ai vu aucune adaptation de Hardy pour l’instant, mais je sens que je suis partie pour me faire une petite cure de rattrapage !

Écrit par : Lou | 13/03/2016

je suis comme toi…j’aime bien savoir ce qui est vrai et faux dans un roman bio…..surtout aussi vieux….en tout cas sympa d’avoir fait ecrire les 3 protagonistes…

Écrit par : rachel | 14/03/2016

@ Rachel : oui le schéma narratif fonctionne bien :o) Même si Hardy n’écrit pas lui-même, on a son point de vue à la 3e personne.

Écrit par : Lou | 14/03/2016

bin au moins ce n’est pas une sorte d’ego…..mais ce que pense les autres de lui…dont l’auteur…;)

Écrit par : rachel | 15/03/2016

@ Rachel : oui, je pense que l’auteur s’imaginait difficilement prétendre écrire de la main de Hardy (même si certaines le font avec Austen ou Brontë mais c’est très risqué, à moins que tu ne cherches pas du tout à avoir l’air un peu crédible…).

Écrit par : Lou | 16/03/2016

oui mais c’est toujours donne des idees, des opinions aux auteurs…alors qu’a la fin, a moins d’avoir des ecrits, on ne saura jamais….et meme avec les ecrits….cela reste limite…;)

Écrit par : rachel | 17/03/2016

C’est un très beau roman sur la vieillesse et sur le travail d’écrivain. J’ai trouvé très beau le fait qu’à 84 ans, Thomas Hardy cherche encore son idéal féminin pour alimenter son imaginaire. Même si malheureusement cela se fait au détriment de la pauvre Florence.

Écrit par : Titine | 31/03/2016

@ Rachel : c’est pour cela que je n’aime pas trop qu’on cherche à se mettre dans la peau des auteurs, c’est un exercice toujours assez difficile :o)

@ Titine : j’ai eu plus de mal que toi à me projeter sur ce rapport qu’entretient Hardy avec son idéal féminin. Je ne savais pas à quoi m’en tenir à la fin, même si j’ai trouvé ce roman très intéressant. Quelque part, je crois que j’ai été gênée par le rapport de Hardy à la jeunesse. La femme qui avait inspiré Tess autrefois ne l’intéresse plus, c’est sa fille qui le séduit. Il se plaint d’une rencontre manquée en raison des écarts de générations mais j’ai eu du mal à adhérer à son propos. Chaque femme dans sa vie ne l’a vraiment intéressé que jusqu’à un certain âge. Bref, j’avais du mal à éprouver de la sympathie pour Hardy tel qu’il est décrit ici, malgré tout le plaisir que j’ai pris à lire ce roman.

Écrit par : Lou | 03/04/2016

Les commentaires sont fermés.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *