Parmi les romans qui végètent dans ma PAL depuis des années, il y a ceux qui gardent un peu d’espoir, ceux qui n’en ont pratiquement plus… Les Européens d’Henry James oscillait entre ces deux états, certain de mon envie de le lire mais de plus en plus affolé de voir les découvertes plus récentes s’accumuler et le faire progressivement disparaître au fond de ma bibliothèque. Mais c’était un roman que j’avais toujours follement envie de découvrir et j’attendais juste un moment de répit dans ma vie follement trépidante pour le savourer et l’apprécier à sa juste mesure. Les vacances de Noël et la perspective d’un long trajet ont été l’occasion rêvée pour ce tête à tête avec Henry James.
Le récit s’ouvre avec l’arrivée de la baronne Münster et de son frère Félix en Amérique. Ayant épousé un prince contre l’avis des parents dudit mari, la baronne est sur le point d’être répudiée et vient chercher fortune auprès de cousins qu’elle n’a jamais vus. Elle entraîne dans son sillage son frère, qui lui a toujours été fidèle. Européens d’origine américaine par leur mère, tous deux ont beaucoup voyagé en Europe et incarnent le Vieux Monde dans tout ce qu’il a de plus flamboyant aux yeux des cousins américains qu’ils sont venus retrouver. Les deux personnages n’ont rien en commun pourtant : la baronne est une arriviste et une calculatrice, elle a appris dans les milieux mondains européens à jouer la comédie au quotidien afin d’arriver à ses fins. Elle est ainsi charmante, envoûtante même, en dépit d’un physique quelconque, mais l’on sent rapidement qu’il s’agit d’un personnage dangereux. Félix est bien différent, il a conservé l’âme d’un enfant, mené une vie bohème et s’émerveille de tout ; il apprécie sa soeur autant qu’il la craint.
La rencontre entre les cousins est aussi celle de deux mondes aux systèmes de valeurs très différents. Au badinage et à l’exubérance superficielle des Européens s’oppose l’austérité et la morale rigoureuse des Américains. Pourtant les cousins vont accueillir à bras ouverts Félix et la baronne et les loger à titre gracieux dans la maison qui fait face à leur propriété. C’est l’occasion pour les deux Européens de se mêler à un petit cercle, la baronne entendant en profiter pour trouver un parti intéressant.
[Spoilers à partir de là]
Dans un cadre beaucoup moins citadin que celui auquel je m’attendais avant d’ouvrir ce livre (en réalité j’avais lu deux fois les premières pages qui évoquent un petit hôtel et un cimetière en ville, je m’étais donc fait une image différente du roman à partir de ces premières impressions), ce roman montre avec habileté les différences opposant les deux cercles et au final, James semble plutôt accorder sa préférence aux Américains, à quelques nuances près. Ils sont très puritains, un peu ternes, certes. Cependant, ils sont supérieurs à leurs cousins si inconstants et si égoïstes en raison de l’attention qu’ils portent à la finalité de leurs actions, qui démontre un réel bon fond et non une application bornée de leurs principes religieux, comme on aurait pu s’y attendre. C’est ainsi la baronne qui va pâtir de la rencontre en raison de sa moralité douteuse. Félix, venu avec toute son innocence, va finalement retirer un plus grand bénéfice de la rencontre
Encore une lecture savoureuse qui me donne envie de lire à nouveau Henry James en 2013.
De Henry James sur ce blog :
Henry James, Les Européens, 1878
Commentaires
Écrit par : keisha | 14/02/2013
http://livresdemalice.blogspot.fr/2011/08/henry-james-les-europeens.html
Écrit par : Malice | 14/02/2013
Écrit par : rachel | 14/02/2013
Écrit par : Lilly | 14/02/2013
et ton billet est tentant, comme bien souvent mais je ne sais plus où donner de la tête avec cette pal !
Écrit par : niki | 14/02/2013
Écrit par : La Lyre | 14/02/2013
@ Malice : quel est ton préféré? Ça m’intéresse de même que ton billet sur le film d’Ivory:-) Titine et moi avons parlé de se lancer dans la ( re ) découverte de ce réalisateur bientôt !
@ Rachel : ça me fait plaisir car c’est un auteur que j’aime beaucoup même si je ne connais encore qu’une petite dizaine de ses romans et nouvelles voire un peu moins.
@ Lilly : c’est fou car je te vois faite pour une rencontre passionnée avec cet auteur:-) j’avais adoré le tour d’écrou qui était ma première rencontre avec lui. Sinon j’ai aimé les deux romans auxquels je renvois dans mon billet même si maintenant je m’en souviens moins. Peut être qu’ils te plairaient?
Écrit par : Lou | 14/02/2013
@ La Lyre: ravie de t’avoir donné envie avec ce billet. James n’est pas un auteur facile c’est certain ! J’en reparlerai bientôt ici je pense:-)
Écrit par : Lou | 14/02/2013
Écrit par : Malice | 15/02/2013
Écrit par : Lou | 16/02/2013
Écrit par : Lilly | 16/02/2013
Écrit par : Lou | 17/02/2013
Écrit par : keisha | 18/02/2013
Écrit par : lewerentz | 18/02/2013
@ Lewerentz : sage décision ;o)
Écrit par : Lou | 19/02/2013
Écrit par : choupynette | 17/03/2013
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