Il y a des romans qui vous sautent aux yeux, comme une évidence. Il y a ces rayons vers lesquels vous vous dirigez infailliblement à chaque passage en librairie, persuadé d’y trouver un livre ami qui saura vous accompagner lors des prochaines veillées nocturnes. Il y a ces titres qui vous rassurent instantanément, et ces auteurs dont vous attendez beaucoup.
Et puis il y a ces romans que vous n’auriez jamais aperçus si vous n’aviez pas reçu un mail le présentant, vu fleurir des billets sur le Net ou dans un magazine quelconque. Des romans que vous avez fini par remarquer mais qui, par leur sujet, ne vous ont pas attiré d’emblée. Que vous avez feuilletés plusieurs fois en librairie, puis reposés.
Jusqu’à ce qu’un déclic se produise. En l’occurrence, dans mon cas, il a fallu pour me décider qu’une libraire à qui j’avais dit que je n’étais pas certaine de lire Sukkwan Island me raconte toute l’histoire, en me disant que de toute façon puisque je n’allais pas le lire elle pouvait bien tout me dire. Et comme très souvent je me moque bien de connaître l’histoire à l’avance (et que j’avais de fortes chances de ne garder qu’un souvenir vague de notre conversation), je me suis décidée à découvrir ce roman, dont la toile de fond (l’Alaska) ne m’enthousiasmait pas particulièrement mais dont le sujet me semblait très prometteur.
Pour ceux qui n’ont pas l’habitude de se promener sur Internet pour chercher des idées de lecture ou pour les Internautes ayant vécu sur Mars en 2010, Sukkwan Island est l’histoire d’un père et d’un fils qui partent un an dans le sud de l’Alaska, dans une cabane achetée pour l’occasion. Le père a râté deux mariages et abandonné son cabinet de dentiste pour vivre une expérience unique avec son fils, cherchant un retour vers la nature en s’installant dans cet endroit où ils seront injoignables et coincés dans leur cabane pendant tout l’hiver.
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Presque immédiatement, on comprend que le fils n’est pas franchement enthousiaste à l’idée de cette nouvelle vie. Que le père n’a pas pris suffisamment de précautions avant de venir, qu’ils vont manquer de matériel et d’expérience pour se préparer pour l’hiver. Assez rapidement, la situation se dégrade. Le père pleure la nuit, se dispute avec son ex en utilisant la radio, traite son fils avec condescendance alors qu’il fait preuve d’une maturité exceptionnelle pour son âge. Egoïste, lunatique, puéril, le père n’est pas un personnage hautement sympathique. Puis se produit un retournement de situation évoqué par beaucoup (la page 113). Le père devient le personnage principal, est contraint d’agir alors qu’il se retrouve dans une situation dramatique.
Hormis quelques pages au cours de la deuxième partie, je ne me suis pas du tout ennuyée avec ce livre qui se lit très facilement et dans lequel se détachent certains passages importants qui m’ont frappée par leur dureté. L’horreur est exprimée en peu de mots, sans affectation mais sans que le narrateur cherche à atténuer l’atrocité contenue dans ses propos. Au final, ce livre constitue pour moi une découverte intéressante même si je ne crois pas avoir été aussi séduite que beaucoup de lecteurs, sans doute en raison de l’écriture et de la fin qui ne m’a pas convaincue (on retrouve le père avec toutes ses faiblesses alors que son expérience l’avait rendu à moment donné plus intéressant). Un roman aux qualités indéniables, mais moins puissant que ce à quoi je m’attendais.
Merci aux éditions Gallmeister pour cette lecture !
192 p
David Vann, Sukkwan Island, 2008
Commentaires
C’est comme si j’avais aimé et pas aimé ce livre.
Quoiqu’il en soit, il ne laisse pas indifférent!
Écrit par : Marie L. | 13/09/2010
Écrit par : juliette | 13/09/2010
Écrit par : rachel | 14/09/2010
Un roman qui m’a « choquée », qui me laisse des questions sans réponses, mais je suis contente de l’avoir lu. Pourtant chez Gallmeister je préfère la nature, sans intrigues supplémentaires.
Écrit par : keisha | 14/09/2010
Écrit par : Titine | 14/09/2010
@ Juliette : je serais curieuse de lire d’autres avis plus récents, qui n’ont pas été écrits dans la fougue des premiers mois où l’histoire a beaucoup étonné… l’effet de halo a peut-être un peu joué (ce qui est assez normal).
@ Rachel : j’aime les romans psychologiques quant à moi, mais ça dépend vraiment du type d’histoire, de la façon de la traiter… ici ce qui me gênait a priori c’était le nature writing, qui m’a fait hésiter avant de le lire. Au final c’est un bon page turner mais pour moi, pas une révélation même si j’ai bien aimé… en même temps c’est très éloigné de ce que j’aime d’habitude donc ce n’est pas trop étonnant que je ne sois pas à 100% enthousiaste (je ne dis pas que c’est impossible, mais c’est un peu plus dur).
@ Keisha : je ne suis pas trop « nature writing »… quelques auteurs m’attirent mais je les lirai sans doute un peu plus tard. Et je regarde par curiosité les publications Gallmeister en espérant avoir envie de faire de nouvelles découvertes 🙂 Ce livre a effectivement des passages choquants, mais je trouve un peu comme Titine la fin un peu en dessous du reste, quand on la compare à la tension qui se crée tout de même peu à peu, en particulier quand l’hiver s’installe après la page 113 (et rassure-toi je savais qu’il se passait un truc glauque, que l’un ou l’autre mourait mais je ne savais plus vraiment… et puis ça ne m’aurait pas dérangée comme je voyais le drame venir gros comme une maison).
@ Titine : ça ne vaut pas cette chère Edith (ou ?) 😉 figure-toi que j’ai repris « chez les heureux du monde » et maintenant je me régale !
Écrit par : Lou | 14/09/2010
le sujet me mettait mal à l’aise et à la lecture de ton billet cela ne me tente toujours pas
Attendons car l’éditeur est vraiment excellent et a sûrement d’autre chose dans ses placards
Écrit par : Dominique | 14/09/2010
Bonne soirée Lou
Écrit par : L’or des chambres | 14/09/2010
Écrit par : Valérie | 14/09/2010
Écrit par : rachel | 14/09/2010
Écrit par : Lilly | 15/09/2010
Écrit par : Stephie | 15/09/2010
Écrit par : maggie | 15/09/2010
Écrit par : Voyelle et Consonne | 15/09/2010
Écrit par : Voyelle et Consonne | 15/09/2010
Écrit par : Emilie | 15/09/2010
Écrit par : Karine:) | 16/09/2010
Écrit par : Joelle | 17/09/2010
j’essaye d’en faire abstraction, en me disant par exemple, qu’avec mes goûts « de rebelle » (!!), je vais le trouver nul !
et bien là, j’ai aimé !!!!
(http://loiseaulyre.canalblog.com/archives/2010/03/08/17155805.html)
Écrit par : Lystig | 17/09/2010
@ L’Or des Chambres : je trouve que le père reste très antipathique (sauf au début de la deuxième partie mais ensuite il revient au point de départ), et autant certains héros mauvais sur le fond parviennent à me plaire d’une façon ou d’une autre (à travers la description qui est faite d’eux), autant j’avais beaucoup de mal à adhérer au personnage dans ce cas précis. Je pense que c’est intéressant de prendre en compte le contexte dans lequel le livre a été écrit mais malgré tout je m’attendais à quelque chose de plus marquant en l’ouvrant.
@ Valérie : je suis un peu bizarre peut-être 😉
@ Rachel : pour le nature writing il n’y a pas vraiment de terme en français… c’est un peu Jim Harrison etc… sinon pour le page turner, un livre qui se lit tout seul pour résumer…
@ Lilly : tu parles du Machen ? je radote parce que je t’ai posé la question sur ton blog ce week-end mais j’étais un peu étonnée car je ne me souviens pas d’avoir lu un billet dessus (mais ça se trouve j’ai même laissé un com et j’ai oublié).
@ Stephie : je m’attendais à être davantage remuée après les avis lus çà et là… serais-je insensible ?;)
@ Maggie : yes !! il faut que je m’y mette, déjà j’ai deux billets à rédiger… mais côté lectures il reste du boulot, surtout que je suis dans une phrase Wharton, Woolf etc…
Écrit par : Lou | 20/09/2010
Quant à « Persuasion », il est bien dans les films et téléfilms, peut-être y a-t-il eu un bug ? Je l’apprécie beaucoup moi aussi, notamment pour son esthétisme ! Par contre je n’ai toujours pas parlé des adaptations d' »Emma », ni de « Lost in Austen », également vus et adorés. Mais tu fais bien de me parler de Jane Austen, il faut que je la remette à l’honneur sur mon blog :o)
@ Emilie : moi c’est un peu pareil, ou alors a contrario j’y vais avec des pincettes… je me méfie un peu quand je lis autant d’avis enthousiastes d’un seul coup, quelqu’un qui a juste bien aimé aura peut-être tendance à être plus enthousiaste en lisant juste avant de publier son billet beaucoup de commentaires qui lui feront voir des aspects qu’il avait sous-estimés…
@ Karine:) : moi qui ai souvent une mémoire de poisson rouge j’attends de voir si je m’en souviendrai, ce sera l’effet de surprise !
@ Joëlle : tu résumes bien mon point de vue :o)
@ Lystig : mais c’est bien de se rebeller aussi ^^
Écrit par : Lou | 20/09/2010
Écrit par : rachel | 20/09/2010
Écrit par : Lou | 25/09/2010
Écrit par : rachel | 28/09/2010
Écrit par : Lou | 02/10/2010
Écrit par : rachel | 03/10/2010
Écrit par : Lou | 03/10/2010
Écrit par : rachel | 04/10/2010
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