Repéré il y a quelques mois, Set in Stone de Linda Newbery* me semblait particulièrement indiqué dans le cadre du Victorian Christmas Swap. Lilly l’a fini alors que je venais de le commencer et je suis persuadée que c’est un livre qui, comme The Thirteenth Tale, va faire le tour de la blogosphère.
En saisissant tout à l’heure La Dame en Blanc de Wilkie Collins, lecture à venir, j’ai découvert avec surprise que le sujet était sensiblement le même. Difficile de faire le lien entre les deux textes mais, côté forme, Set in Stone a tout du page turner contemporain et, à vrai dire, pas grand-chose de victorien. Le style est simple, direct, à mon avis ni remarquable ni désagréable ; l’histoire très bien ficelée mais nettement moins tortueuse que dans les romans du XIXe. Pourtant les influences sont là et ce roman a de quoi tenter beaucoup de lecteurs !
1898. Etudiant aspirant à devenir peintre, Samuel Godwin se voit obligé de subvenir aux besoins de sa famille à la mort de son père. Il est engagé par Mr Farrow pour enseigner le dessin aux deux filles de la maison, Marianne et Juliana. Arrivé dans la propriété de Fourwinds, il découvre une demeure superbe mais étrange, coupée du monde, ainsi que deux élèves déstabilisantes. Jolie, Juliana est effacée et mélancolique, ne semblant pas se remettre d’une maladie de nerfs qui a suivi le décès brutal de sa mère. Marianne est quant à elle un personnage fantasque, une adolescente sublime mais visiblement perturbée, peut-être folle. Dès son arrivée, Samuel est subjugué par cette jeune femme fascinante qu’il rencontre alors qu’elle est à la recherche du West Wind (du Vent de l’Ouest). Ses propos incohérents font référence à un mystère particulier lié à la maison.
Difficile de ne pas trop en dévoiler car les événements s’enchaînent très rapidement. Je me contenterai donc d’évoquer quelques thèmes et éléments centraux de ce roman pour ne pas gâcher votre plaisir.
Parmi les personnages principaux, celui de la gouvernante Charlotte est particulièrement intéressant. Image même de l’employée modèle, celle-ci s’efface et ne laisse paraître aucune émotion, faisant du bien-être de ses protégées une priorité. Son caractère s’affirme pourtant peu à peu au fil du récit, les chapitres alternant les points de vue de Charlotte et de Samuel. Femme intelligente au profil bien plus complexe qu’il n’y parait, elle séduit par sa force de caractère et sa détermination sans faille. Elle rappelle ainsi Jane Eyre par certains aspects – également par l’intérêt qu’elle pourrait porter à son employeur. Tout aussi sympathique, Samuel se présente d’abord comme le stéréotype du jeune héros au cœur pur. Quelques aspects plus sombres de son caractère en font finalement un personnage attachant, mais authentique. Quant aux Farrow, tous trois énigmatiques, ils fascinent le lecteur qui a bien du mal à deviner tous les secrets que leur maison semble abriter.
Ajoutons à cela de nombreux ingrédients à mon avis exquis : l’art, à travers les leçons de Samuel, les enseignements qu’il tirera plus tard de son succès mais aussi grâce à l’architecture de la fabuleuse maison et aux statues qui lui ont donné son nom, Fourwinds. L’ambiance gothique : un lac aux profondeurs angoissantes, l’isolement de la maison où Mrs Farrow est décédée, la folie de Marianne ou encore de nombreuses scènes nocturnes.
Un petit regret cependant : la notice nécrologique du Times, à mon avis peu crédible puisqu’elle évoque en détail la vie des proches de la personne concernée. Le chapitre sur le mode « Vingt ans après » satisfait notre curiosité mais reste un peu maladroit.
Linda Newbery est un auteur de littérature jeunesse. Difficile de dire si ce roman s’adresse plutôt aux adolescents ou aux adultes. A juste titre, Valentina fait remarquer que si deux adolescentes jouent un rôle clef dans ce roman, leurs points de vue ne sont pas connus du lecteur, ce qui est pourtant habituellement le cas en littérature jeunesse. Ce livre reste cependant très abordable. Il est à mon avis moins complexe et peut-être moins abouti que The Thirteenth Tale de Diane Setterfield. Il reste un très bon roman, idéal pour une lecture compulsive. L’histoire est riche en rebondissements, le cadre délicieux, les personnages intéressants. A recommander aux amateurs de gothique, aux fervents victoriens et à tous ceux qui aiment savourer un récit palpitant !
358 p
Linda Newbery, Set in Stone, 2006
* traduit en français sous le titre De Pierre et de Cendre


Commentaires
Écrit par : Pimpi | 11/12/2008
Écrit par : Karine 🙂 | 11/12/2008
Écrit par : Joelle | 11/12/2008
Écrit par : Lilly | 11/12/2008
JE LE VEUX!!!!!
Écrit par : kesalul | 11/12/2008
Écrit par : Jumy | 11/12/2008
Écrit par : Florinette | 11/12/2008
Écrit par : Hilde | 11/12/2008
Écrit par : virginie | 12/12/2008
Écrit par : Cryssilda | 12/12/2008
Écrit par : Manu | 12/12/2008
Écrit par : Leiloona | 13/12/2008
Écrit par : beat | 14/12/2008
@ Karine 🙂 : mission accomplie, alors !
@ Joëlle : oui moi aussi je suis étonnée de ne pas voir une nouvelle vague à la « 13e conte » ou Stephenie Meyer. Même chose pour « la Voleuse de Livres » si je me souviens bien, qui a été lu mais pas autant qu’on aurait pu s’y attendre. ça me fait d’ailleurs penser qu’il faut que je le lise !
@ toutes celles qui sont tentées : vous avez raison ^^
@ Cryssilda : mmm… je sais pas…. ;o) (ou plutôt : rappelle-moi le titre la prochaine fois qu’on se verra – safer)
Écrit par : Lou | 17/12/2008
Par contre je préfère la couverture anglaise à la française!
Écrit par : Allie | 17/12/2008
Écrit par : Lou | 19/12/2008
Écrit par : Miss Alfie | 11/06/2009
Écrit par : Lou | 11/06/2009
Écrit par : sybille | 30/01/2011
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