Curieux ouvrage que ce petit livre de Jacques Chessex.
1903. Un petit village suisse. Une jeune femme à peine enterrée est sauvagement violée et mutilée par un mystérieux inconnu. La légende du vampire de Ropraz est née. Les mois passent et les villageois superstitieux sont brutalement surpris en découvrant coup sur coup les cadavres profanés de deux autres filles dans la fleur de l’âge. Crucifix et gousses d’ail ressortent dans cette région pourtant protestante. Les habitants, brutes épaisses peu recommandables, cherchent en vain le coupable, l’atroce vampire qui est à blâmer pour tous les malheurs qui se sont accumulés dans la région. C’est alors que l’on découvre que le jeune Favez viole et blesse le bétail la nuit venue. Immédiatement, le coupable est trouvé, le vampire maudit et emprisonné. Le récit porte ensuite sur les mois de détention de Favez, sa remise en liberté rapidement interrompue par le viol d’une veuve de cinquante ans. L’histoire se conclut sur la fuite de Favez, son enrôlement dans la légion française auprès de Blaise Cendrars. Sa mort pendant la guerre de 14-18. Et l’auteur de suggérer que le soldat inconnu reposant sous l’Arc de Triomphe n’est autre que Favez, misérable alcoolique violeur de génisses et de veuves.
Ce récit très court se lit rapidement. L’histoire morbide est pour le moins fascinante. L’auteur laisse planer le doute quant à la culpabilité de Favez, à son rôle dans la profanation des trois tombes. L’écriture rapide et saccadée accompagne le style presque journalistique de Jacques Chessex. Un style souvent neutre, froid, clinique.
Chessex a pour mérite de semer le doute. Du fait divers de 1903 aux pulsions étranges de Favez en passant par le soldat inconnu, il est difficile de dissocier le réel du fictif dans ce récit étonnant. C’est sans doute ce qui m’a réellement plu dans Le Vampire de Ropraz. A première vue, il ne s’agit que d’une retranscription de faits peu banals. Dans ce cas, on aurait tendance à regretter l’exposition brute des faits, car cette histoire étrange ferait une merveilleuse trame pour un roman gothique ou psychologique. Cependant, le style choisi par Chessex sème le doute dans l’esprit du lecteur. La rencontre avec Cendrars semble plausible. Mais lorsque l’écrivain suggère que le soldat inconnu pourrait n’être autre que le vampire de Ropraz, le doute s’installe. On s’interroge alors sur les premiers meurtres. On veut se documenter sur les faits réels et la légende née autour de ces profanations choquantes pour mieux comprendre.
Au final, le Vampire de Ropraz m’a intriguée sans me conquérir totalement. Si l’histoire a éveillé mon intérêt, je n’ai pas été particulièrement sensible au style froid et au récit brut des événements. Une curiosité.
108 p
Beloved a aussi lu ce livre.
Commentaires
Et je me rends compte que mon site Barrie est en lien chez vous ! Merci beaucoup.
Écrit par : Holly G. | 16/04/2007
Écrit par : Caroline | 16/04/2007
Écrit par : leeloo | 16/04/2007
@ Caroline et Leeloo : j’attends vos commentaires…:o)
Écrit par : Lou | 16/04/2007
L’ écriture de Jacques Chessex est assez poétique, elle permet d’entrer dans une atmosphère lourde, prenante et réaliste.
Écrit par : nicolas | 16/04/2007
Écrit par : Florinette | 17/04/2007
Écrit par : katell bouali | 17/04/2007
@ Florinette : quelques détails franchement répugnants au cours du récit, mais les profanations sont rapidement évoquées !:o)
@ Katell Bouali : je crois que dans ce cas le vampire est un enfant de coeur à côté du meurtrier, on ne peut plus réel… mais tu peux tout de même lire ce récit si c’est le vampire qui te fait fuir :o)… c’est plutôt un fait divers raconté sur 100 p !
Écrit par : Lou | 18/04/2007
Écrit par : anjelica | 19/04/2007
Bonne soirée…
Écrit par : patch | 19/04/2007
c’est vrai que l’écriture est très différente de mes lectures habituelles et c’est cela aussi qui m’a fait aimé le livre et son style. Par contre, si il avait fait plus de 300 pages, peut-être aurais-je eu du mal, en effet. Heureusement pour moi, çà n’a pas été le cas.
Écrit par : Beloved | 20/04/2007
@ Beloved : je pense que j’aurais eu du mal si le livre avait été plus long moi aussi, mais en l’occurence, j’ai pu le lire très rapidement. N’empêche, son histoire de soldat inconnu m’intrigue ! Je me demande s’il a complètement inventé ou s’il s’agit de rumeurs…
Écrit par : Lou | 21/04/2007
http://grain-de-sel.cultureforum.net/Auteurs-francais-et-d-expression-francaise-f3/Jacques-Chessex-t2476.htm
Écrit par : grain-de-sel | 24/09/2007
on voit dans l’accusé le coupable idéal, et il exerce sur certaines femmes la séduction du meurtrier : des lectrices qui passeraient à l’acte, par exemple (rire).
http://grain-de-sel.cultureforum.net/Auteurs-francais-et-d-expression-francaise-f3/Jacques-Chessex-t2476.htm
Écrit par : grain-de-sel | 24/09/2007
Écrit par : Lou | 29/09/2007
Si tu cherches un style plus romanesque dans des histoires peu communes et aptes à nourrir ton imagination, vois du côté de chez Anne Rice qui manie l’humour dans « entretien avec un vampire », par exemple, ou chez un auteur que je viens de découvrir, China Mieville.
Elle a écrit « le roi des rats », que j’ai lu, « les scarifiés » et « Perdido street station » chez Fleuve noir. Je n’ai pas lu ces derniers titres mais ce sera pour plus tard.
Ceci dit,il n’y a pas que des récits étranges qui peuvent plaire (rire)
Écrit par : grain-de-sel | 30/09/2007
Et non, il n’y a pas que l’étrange dans la littérature :o)
Écrit par : Lou | 30/09/2007
Écrit par : Hilde | 08/05/2008
Écrit par : Lou | 09/05/2008
Surtout un soir de Toussaint.
Le temps passe mais pour toutes ces familles qui vivent de telles horreurs, je pense que nous devons agir. ………….
Cette lecture très prenante te fait réagir…………………….
Surprenant, pas nouveau, puisqu´il s´agit d´un fait divers ……..mais je retiens de la lecture l´aspect primitif de l´etre humain dans des petits villages où l´on cohabitait avec les loups……..la peur de la bête animale et la peur de l être humain animal dans son contexte sexuel maladif et fou.
Ce que je trouve formidable dans ce petit livre c´est l´évocation de la participation ignoble de la femme dans l´abus sexuel de l´enfant Javez. On a souvent tendance à lire des récits où seuls les hommes sont accusés de crimes.
Ici, tout le monde est concerné devant l´attrocité , voir même le pouvoir militaire puisque l´identité du Soldat Inconnu nous fait frémir ……..Je pense que l´auteur sait très bien que fusil et innocence se conjuguent très mal .
Écrit par : Geneviève | 01/11/2008
Cette lecture date maintenant un peu pour moi et, bizarrement, ne m’a laissé qu’un souvenir assez vague. Cela dit ce que je retiens c’est surtout, outre le fait divers dérangeant, la complicité, l’entente tacite que l’on sent entre les protagonistes qui se comprennent si bien devant les attaques monstrueuses. Je me souviens d’une atmosphère oppressante et c’est sans doute cela que tu retranscris en évoquant l’implication inévitable de tout un chacun devant ces atrocités.
Écrit par : Lou | 02/11/2008
Écrit par : Pimprenelle | 02/03/2009
Écrit par : Lou | 02/03/2009
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