J’ai récemment remarqué qu’il était parfois bien plus facile de manier l’ironie et de vilipender les auteurs décevants que de trouver les mots adéquats pour encenser les écrivains qui en quelques phrases nous désarment et nous conquièrent… J’essaierai pourtant de faire fi de ma malice disproportionnée ce soir pour vous parler d’un de mes auteurs de prédilection, Yoko Ogawa.
Les récits qui composent le recueil que je viens de lire sont ceux qui ont fait la renommée d’Ogawa… autant dire que j’attendais cette lecture avec impatience !
Premier récit, La Piscine est de loin mon préféré. Une adolescente vit depuis des années dans un orphelinat avec ses parents, responsables de l’établissement. Déracinée, l’héroïne éprouve une certaine haine envers ces orphelins qui lui volent ses parents. Elle ne peut s’empêcher de les envier, car contrairement à elle, ils auront peut-être un jour la chance d’être accueillis par une famille prête à leur accorder toute l’attention qu’ils méritent. Lasse d’être une enfant parmi d’autres, l’adolescente se rebelle et adopte un comportement cruel envers l’orpheline la plus jeune et la plus vulnérable. Elle compense ses tendances sadiques par une fascination pour le jeune Jun, un autre orphelin. Particulièrement bon envers la petite que l’héroïne martyrise, Jun s’entraîne tous les jours à plonger dans la piscine municipale. Chaque plongeon dans l’eau chlorée aide l’adolescente à oublier sa cruauté. Jusqu’au jour où Jun semble la percer à jour.
La deuxième nouvelle, les Abeilles, relate l’histoire d’une jeune femme qui retrouve son cousin après des années de séparation et l’aide à s’installer dans son ancienne pension universitaire à Tokyo. Désertée depuis la disparition d’un de ses pensionnaires, l’endroit semble être le centre d’un étrange processus de dégradation. La tâche inquiétante qui obscurcit peu à peu le plafond du responsable des lieux en est l’un des symptômes. De même que l’absence du cousin à chaque visite de la narratrice…
La Grossesse est le récit le plus connu de Yoko Ogawa. Il lui a valu le prix Akutagawa en 1991. Une étudiante tient son journal et annote méticuleusement tous les événements relatifs à la grossesse de sa sœur. Là encore, le malaise apparaît lorsque la narratrice fait tous les jours de la confiture aux pamplemousses importés d’Amérique en pensant que ceux-ci auront un effet néfaste sur le fœtus. L’histoire s’achève après l’accouchement, alors que la narratrice s’élance vers la chambre de sa sœur en se demandant à quoi peut ressembler le bébé nourri aux pamplemousses contaminés.
Pour ceux qui ne connaissent pas encore Yoko Ogawa, ces trois textes permettent de découvrir « en douceur » son univers étrange peuplé de personnages insolites. Comme toujours, Ogawa sait décrire le quotidien et ses gestes les plus simples en leur conférant un intérêt tout particulier, parfois élégant, parfois malsain.
La Piscine est peut-être le texte le plus représentatif de l’œuvre d’Ogawa. Poétique et envoûtant, ce texte relate une histoire à première vue banale qui s’achève avec force grâce à un bref échange d’une simplicité déconcertante.
A mes yeux, ce recueil n’est pas le meilleur d’Ogawa. Ces trois textes restent cependant très agréables et surtout, fort dérangeants.
196 p
Commentaires
Écrit par : Florinette | 20/02/2007
Écrit par : n-talo | 21/02/2007
Écrit par : Turquoise | 21/02/2007
@ N-talo : Rassure-toi, ce livre est le plus soft Ogawa que j’aie lu jusqu’ici ! Si ma note ne te fait pas peur, alors c’est bon ;o)
Écrit par : Lou | 21/02/2007
Et merci pour le lien vers chez moi 😉
Écrit par : Tamara | 22/02/2007
Écrit par : Lou | 22/02/2007
Écrit par : yueyin | 23/02/2007
Merci pour ton bel article.
Écrit par : katell bouali | 23/02/2007
Ayant apprécié les articles de ton blog, je t’invite à nous y rejoindre pour qu’il soit aussi le tien.
Il n’y a bien sûr aucune pression de ma part, visite le et si tu t’y sens bien, rejoins y nous…
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Écrit par : lepoetemasque | 25/02/2007
Écrit par : Luna9 | 25/02/2007
@ Yueyin : Je ne peux que te recommander chaudement Ogawa qui m’a véritablement conquise et m’a donné le goût de la littérature japonaise… tiens d’ailleurs, je pourrais faire une petite rubrique en présentant mes auteurs préférés !…
@ Katell Bouali : « L’annulaire » est en effet très étrange… je n’ai pas (encore) lu tous les titres d’Ogawa, mais tous m’ont plu jusqu’ici. A ma connaissance, un seul de ses livres a vraiment déçu certains de ses lecteurs « La formule préférée du professeur ». Il y est question de mathématiques, à travers la relation qui se tisse entre plusieurs personnages. Un beau livre à mon avis, mais peut-être pas celui par lequel il faut commencer.
@ Poète masqué : je rougis devant l’honneur que tu me fais ;o)… je serais ravie de me joindre à votre forum et promets de m’y rendre en fin de semaine (exam préalable oblige…) !
@ Luna9 : alors mission accomplie !
Écrit par : Lou | 27/02/2007
Écrit par : Sophie | 04/03/2007
Écrit par : Lou | 04/03/2007
Je n’ai pas encore lu « La formule préférée du professeur » ni les paupières, je me les garde en réserve…
Le premier livre que j’ai lu d’elle, c’était il y a 8 ans, L’annulaire j’ai adoré ! et j’ai enchainé bien sûr au rythme des traductions qui paraissaient..
Ce recueil de nouvelles est en effet très beau, en tous cas une belle intro à l’univers d’Ogawa
Ah je suis ravie d’avoir trouvé une adepte !
Écrit par : lily | 20/06/2007
Écrit par : Lou | 21/06/2007
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