Je n’avais lu d’Annie Ernaux que « Mémoire de fille », lecture intéressante. Je n’ai pourtant pas poursuivi ma découverte de l’œuvre d’Annie Ernaux dont j’ai « Les Années » dans ma PAL. Lorsque je suis tombée sur « Le jeune homme » en librairie, je me suis dit, pourquoi pas ? Il y avait une certaine correspondance entre ces deux titres, et Ernaux ayant eu le Nobel, je me suis qu’il fallait que je prenne le temps de mieux la connaître.
Je n’ai sans doute pas choisi le meilleur texte, ce court texte toujours intimiste m’ayant laissé un goût d’inachevé. Ce qui semble être un pont entre différents récits est sans doute un peu aride pris isolément, c’est du moins mon ressenti très personnel. Dans ces quelques pages, Annie Ernaux revient sur la relation qu’elle a entretenue pendant deux ans avec un homme de trente ans de moins qu’elle. Il y est notamment question du rapport à l’écriture, ainsi que du miroir entre passé, présent et futur fantasmé du jeune homme, dans une vision en partie intellectualisée du vécu s’inscrivant dans une œuvre plus large.
Cette introspection conduit Ernaux à ce passage que j’ai trouvé intéressant et habilement posé : « Ma mémoire me redonnait aisément des images de la guerre, des tanks américains dans la Vallée, à Lillebonne, des affiches du général de Gaulle sous son képi, des manifs de mai 1968, et j’étais avec quelqu’un dont les plus lointains souvenirs remontaient à grand-peine à l’élection de Giscard d’Estaing. Auprès de lui, ma mémoire me paraissait infinie. Cette épaisseur de temps qui nous séparait avait une grande douceur, elle donnait plus d’intensité au présent. Que cette longue mémoire du temps d’avant sa naissance à lui soit en somme le pendant, l’image inversée de celle qui serait la sienne après ma mort, avec les évènements, les personnages politiques que je n’aurai jamais connus, cette pensée ne m’effleurait pas » (p 32). Sur le fait d’être en couple avec un jeune homme de vingt-cinq ans, Ernaux écrit également: « c’était pour ne pas avoir devant moi, continuellement, le visage marqué d’un homme de mon âge, celui de mon propre vieillissement » (p 27).
Bien sûr, Ernaux aborde le jugement que porte la société sur les femmes en couple avec des hommes plus jeunes, quand la même situation n’interpelle pas particulièrement si les genres sont inversés.
Au final, un texte court dont certains passages m’ont interpelée, mais un plaisir de lecture modéré. Cela ne m’empêchera pas de lire enfin « Les Années ».
38 p
Annie Ernaux, Le Jeune Homme, 2022
Je crains moi aussi de rester sur ma faim, vu la « minceur » de l’ouvrage. En revanche, j’ai adoré « Les années » aussi sur le fond que sur la forme, très originale. Et j’ai aussi beaucoup aimé La place, court texte très sobre mais très émouvant.
J’avoue que je n’ai jamais lu Annie Ernaux, mais malgré des avis très positifs, je ne suis pas spécialement intéressée…
Son écriture peut être froide (j’ai lu récemment une passion, qui parle aussi des relations amoureuses) mais elle me fascine. Je trouve dans ses récits ce que je n’ai encore trouvé nulle part ailleurs. J’avais beaucoup aimé Regarde les lumières mon amour et La place.
Je me note les titres que tu évoques. J’avais aussi ressenti la froideur lors de mon autre lecture d’Ernaux, mais j’avais trouvé le texte vraiment intéressant et sans que ce soit un coup de cœur, ça ne m’avait pas laissée indifférente. Je suis moins emballée par celui-ci, sans doute un peu commercial suite au Nobel, mais je retenterai avec d’autres titres.
Je n’ai encore rien lu de cette autrice, j’ai juste entendu parler du Nobel. Je ne sais pas si j’aurais l’occasion de me plonger dans son œuvre, on ne sait jamais !
Ne commence pas par celui-là ;o)