Du haut de ses onze ans, Verte n’a aucune envie de devenir une sorcière. Pourtant, fille et petite-fille de sorcière, elle sait que son destin est tout tracé. Elle tente de mener une vie plus ou moins normale. Au collège, elle s’intéresse à Soufi – mais se garde bien de l’admettre. A la maison, elle rêvasse pendant que sa mère Ursule prépare d’infâmes potions pour empoisonner les chiens du quartier ou jeter des sorts dans l’immeuble, histoire d’équilibrer les rapports de voisinage. Comme elle le souligne elle-même : « est-ce que j’emmène mes mygales pisser devant chez eux ? ». Le mercredi, elle va chez Anastabotte, sa mamie gâteau qui cache tout de même dans sa cave tout un tas d’ingrédients dégoutants. Quand Verte s’exclame: « Mais c’est dégueulasse, on dirait de monstrueux petits hommes avec des racines », Anastabotte toussote, « un peu gênée » et répond : « C’est un peu ça, les mandragores. Des êtres à moitié végétaux, à moitié autre chose. D’ailleurs, elles poussent des cris quand on les déterre. Rigolo, non ? »
Verte désespère sa mère, qui n’a pas la fibre maternelle et attend avec impatience l’apparition des dons de sa fille. Qui ne tardent pas à se déclarer lors d’une immense colère, où toute la vaisselle y passe, pour le plus grand bonheur d’Ursule.
Verte alterne quatre points de vue : celui de la jeune sorcière, de sa mère sorcière convaincue, de sa grand-mère plus indulgente et de Soufi, son nouvel ami. On suit la transition brutale que subit Verte en devenant sorcière malgré elle. Il y est question d’acceptation de soi, de dépassement mais aussi d’entraide et d’amitié. La plus grande réussite de ce roman est de mettre habilement en avant les incompréhensions qui peuvent opposer les membres d’une même famille et les amener à s’aimer bien maladroitement. Le récit s’enrichit avec chaque nouveau point de vue – surtout entre les trois femmes, qui analysent leurs interactions et leur passé commun… même si l’intervention de Soufi met un point final à l’histoire.
On passe un très bon moment entouré.e de cette joyeuse compagnie. Du haut de ses six ans, Petite Lou a beaucoup apprécié aussi !
175 p
Marie Desplechin, Verte, 1996
Oh je l’avais deja vu sur un blog…cela m’avait deja plu….vous donnez vraiment envie…oui
Je n’ai lu que la version BD, mais j’avais adoré 🙂 Il faudra que je le lise en roman !
J’ai bien apprécié ce roman jeunesse aussi 🙂 Je rajoute ton lien. Bonne fin d’après-midi!
Tu me donnes envie de m’y remettre ! 🙂