Landyn et Vale Midwinter, père et fils, sont agriculteurs dans le Suffolk, une région pauvre d’Angleterre où, derrière les jolis paysages, les marais et les adorables fermes se cachent le travail dur et ingrat de la ferme, les difficultés financières, le manque de perspective pour les jeunes, qui trouvent une échappatoire dans les soirées largement arrosées. Mais, au-delà de ce quotidien rude, les Midwinter sont tourmentés par la mort brutale de Cecelia Midwinter en Zambie des années auparavant. Ce souvenir douloureux refait surface alors que Vale est un jeune homme et réalise que son père est indirectement responsable de ce qui s’est produit. S’enchaînent ainsi les récits croisés des deux hommes qui, chacun à leur tour, avec une voix d’emblée reconnaissable, vont relater les mêmes évènements du quotidien et revenir sur cette période où la famille a fui la misère en participant à un programme agricole attractif en Afrique.
On avait tous été témoins d’apparitions ces derniers jours. On sentait un frisson étranger flotter autour de nous. Ce n’est pas que j’avais peur, j’essayais juste d’être vigilant au cas où le vent tournerait. On n’est pas hanté par ce qui nous fait peur, mais par ce qu’on désire (p 254).
Premier roman âpre, sauvage et très maîtrisé, Midwinter nous plonge dans un milieu extrêmement masculin, où, pourtant, les rares figures féminines ont une influence indéniable sur le père et son fils, qu’il s’agisse de la mère, de la jeune Beth ou d’une mystérieuse renarde, toutes d’un roux flamboyant. Ce récit tissé de maladresses montre avec une grande pudeur tout l’amour qu’éprouvent l’un pour l’autre le père et le fils, malgré une grande difficulté de communication. C’est aussi un roman d’amitié, où, là encore, des hommes apprennent à reposer les uns sur les autres et à témoigner leur affection avec beaucoup de retenue. Midwinter rend par ailleurs hommage à la nature et aux éléments. La neige, la mer, les marais rythment et menacent le quotidien tandis que les animaux chers aux croyances païennes croisent régulièrement les narrateurs tout au long de ce rude hiver.
Alors, le garçon sortait marcher. Je ne l’ai plus jamais empêché. Au fil des ans, il ressemblait de plus en plus à un garçon au crâne rempli de rats en colère qui le rongeaient, la tête éternellement penchée en avant, on aurait dit une pomme tardive (p261).
Beaucoup de profondeur et de recherche dans ce roman, dont j’ai d’autant plus savouré la lecture que j’ai eu la chance de rencontrer Fiona Melrose alors qu’il me restait la moitié du texte à lire. Un beau moment qui m’a permis de réaliser à quel point chaque détail était pensé par cette jeune auteur.
Merci aux Editions de la Table Ronde pour cette découverte.
293 p
Fiona Melrose, Midwinter, 2016
Commentaires
oh c’est trop bon quand on peut rencontrer l’auteure….cela semble vraiment bien ecrit…et cela donne envie….;)
Écrit par : rachel | 04/03/2018
Oh, ça a l’air drôlement chouette comme bouquin =)
Écrit par : Chicky Poo | 04/03/2018
le pitch du roman ne me tente pas trop mais j’aime bien l’histoire de ta rencontre avec l’auteure ! 🙂
Écrit par : FondantGrignote | 05/03/2018
Envie de le lire mais pas le moral pour en ce moment – trop lourd.
Écrit par : lewerentz | 05/03/2018
Je serais curieuse de découvrir ce roman, tu me tentes terriblement.
Écrit par : Hilde | 08/03/2018
@ Rachel : c’est remarquablement abouti, et l’entretien a été passionnant. Une belle découverte ! J’ai hâte de lire son roman suivant qui se passe à Johannesburg.
@ Chicky Poo et Hilde : c’est un beau roman !
@ FondantGrignote : j’ai été attirée par le cadre du Suffolk quand la maison d’édition m’a fait part de la rencontre et du roman. C’est assez loin de mes sujets de prédilection mais c’est un roman qui vous prend aux tripes, je ne regrette pas ma lecture une seconde.
@ Lewerentz : je ne l’ai pas terminé dans les meilleures circonstances non plus… :o(
Écrit par : Lou | 14/03/2018
bin tu nous donnes encore plus envie la….;)
Écrit par : rachel | 14/03/2018