Jennifer Egan, Le Donjon

egan_donjon.jpgJe poursuis ma participation au Mois américain avec Le Donjon de Jennifer Egan, un roman surprenant, voire dérangeant qui ne m’a pas laissée indifférente.

Danny et Howard sont cousins. Lorsqu’ils étaient enfants, le premier était adulé, promis à un bel avenir. Le deuxième, adopté, empâté, seul, était jugé avec une certaine réprobation par sa famille.
Tous deux étaient néanmoins plutôt proches au début. Jusqu’à ce que Danny abandonne son cousin dans une grotte après l’avoir précipité dans une nappe d’eau souterraine.

Les années ont passé. Les deux hommes ont désormais la trentaine et leurs rôles se sont inversés. Danny est un looser de New York, obsédé par les moyens de communication modernes, vivant sa vie par procuration et confondant son réseau de connaissances à distance avec la réalité. Perdre son réseau, c’est ne plus exister. A l’opposé, Howard a pris sa retraite de trader à 34 ans pour acheter un château médiéval immense perdu en Europe. Il envisage d’y créer un hôtel tourné vers l’introspection, où les technologies qui font le bonheur de Danny seront interdites.

En parallèle, Ray, un prisonnier incarcéré au Etats-Unis participe à un atelier d’écriture.

J’ai mis un peu de temps à adhérer à cette histoire, je dois bien l’avouer. Bien sûr, le contexte m’intriguait, avec cette forteresse venue d’un autre temps offrant mille possibilités d’exploration, de découvertes historiques, de passages secrets. La piscine où s’étaient noyés des jumeaux. Les pièces délabrées où les objets désuets vieux de quelques dizaines d’années côtoyaient les lits à baldaquin et une végétation reprenant ses droits. Une vieille baronne excentrique, voire carrément folle. Malgré tout, quelque chose dans le style ne correspondait pas à mes goûts personnels (notamment le style volontairement familier avec l’emploi de « mec », « putain » etc) et j’avançais doucement ma lecture.
Puis arrivée au dernier tiers ou presque, les rebondissements, la structure narrative surprenante ont ravivé mon intérêt et c’est avec avidité que j’ai dévoré les cent dernières pages. Un roman habile, qui mêle les ingrédients de la littérature gothique avec un contexte contemporain en total décalage. Sans être un coup de cœur, ce roman fait sans aucun doute partie de mes lectures les plus marquantes au cours de ces derniers mois.

Merci aux éditions Points pour cette étrange découverte.

3,5coeurs.jpg

 

 

312 p

Jennifer Egan, Le Donjon, 2006

mois americain 2014.jpg

Commentaires

un peu dommage d’attendre le dernier tiers …

Écrit par : lcath | 24/09/2017

oh oui didonc vraiment etrange….et quel changement alors…en tout cas pourquoi pas…un jour…;)

Écrit par : rachel | 24/09/2017

@ Lcath : oui, ça a été ma frustration mais ça donne presque envie de parcourir les deux premiers tiers ensuite pour les regarder à l’aune de ce qu’on découvre ensuite.

@ Rachel : c’est une lecture vraiment originale en tout cas !

Écrit par : Lou | 24/09/2017

Ca a l’air intriguant ! J’avais lu un autre roman de l’auteure, qu’avons-nous fait de nos rêves je crois ? (je l’avais lu en vo donc pas sure du titre). J’avais mis du temps à me mettre dedans, mais j’avais été emballée après ! Les relations entre les personnages, leur regard sur la vie après bien des années (le temps de narration s’étalait sur des années), parfois empreint de nostalgie, de mélancolie et de regrets, tout ça m’avait touchée… Je lirais bien celui-ci !

Écrit par : Touloulou | 26/10/2017

Je crois que c’est l’un de mes pires cauchemars, ce que Danny fait à son cousin au début du roman. Tes réserves me freinent un peu, mais l’ambiance est tentante.

Écrit par : Lilly | 02/11/2017

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *