Dernière chronique de ce Mois au Japon, et une très belle rencontre avec cet auteur nippon que je ne connaissais pas du tout. C’est en déambulant entre les rayons de L’Arbre à Lettres dans le Marais que je suis tombée sur ce livre à la jolie couverture (dont les couleurs ne sont pas très bien rendues ici).
Après Shimazaki qui évoquait la bombe atomique dans Le Poids des Secrets, Medoruma Shun évoque aussi la seconde guerre mondiale, avec la bataille d’Okinawa. Que ceux qui n’aiment pas les romans traitant de guerre ou de bataille se rassurent : point de combat ici, ni de tactiques de guerre, mais plutôt le souvenir d’une période douloureuse et son empreinte sur plusieurs protagonistes des décennies plus tard.
Les Pleurs du vent, ce sont les lamentations du crâne d’un kamikaze japonais tué pendant la guerre, qui repose dans un ossuaire désormais inaccessible en haut d’une falaise, face à la mer. Quand le vent souffle, une plainte sourde et angoissante résonne. Des légendes courent sur ce crâne. On ne connaît pas leur nature mais on sait qu’elles sont suffisamment inquiétantes pour tenir les gens à l’écart.
Puis arrive une équipe de reporters, décidés à filmer le crâne et à raconter son histoire. Chez les habitants, les points de vue divergent. Certains y voient l’opportunité d’attirer l’attention sur le village et de développer le tourisme. Seikichi, lui, s’oppose fermement à ce qu’on dérange le crâne. Et pour cause, il en sait bien plus long que tous les autres sur ses origines.
Ce court roman est un coup de coeur pour moi. Comme le dit l’éditeur : ce texte « conte magnifiquement la paix retrouvée des âmes ». Sa construction est originale et nous entraîne là où on ne pensait pas forcément aller au départ. L’écriture m’a séduite, en particulier lorsque l’auteur décrit la nature autour du village, avec son aspect sauvage et luxuriant, voire dangereux : « la prolifération des banians et des liserons », « l’embouchure où la mangrove poussait dru », ou encore cette luciole qui jaillit « laissant derrière elle une fugitive traînée scintillante ; elle tourna autour d’Akira, monta le long de la cascade de liserons, passa entre les deux formes légèrement bleutées et s’évanouit ». Je ne regarderai plus jamais un crabe de la même façon désormais (si vous voulez savoir pourquoi, il ne vous reste plus qu’à lire ce roman).
J’ai découvert que les éditions Zulma avaient publié un recueil de nouvelles de cet auteur. Autant vous dire que je pense déjà en parler l’an prochain lors du prochain Mois au Japon.
124 p
Medoruma Shun, Les Pleurs du Vent, 1997
Commentaires
j’aime beaucoup cette maison d’editions….tout un joli recueil….et cela donne vraiment envie de lire…ouiii
Écrit par : rachel | 29/04/2017
Pas trop fan des histoires de guerre, de souvenirs de guerre, etc. Mais celui ci n’a pas vraiment l’air d’être de ce genre, je me laisserais peut-être bien tenter 🙂
Écrit par : Kobaitchi | 30/04/2017
@ Rachel : celui-ci est un roman mais l’autre recueil a l’air très intéressant aussi.
@ Kobaitchi : moi non plus, en tout cas ça dépend vraiment de la façon dont c’est abordé. Je te conseille celui-ci en tout cas !
Écrit par : Lou | 01/05/2017
oui je voulais parler de ce roman..lol
Écrit par : rachel | 02/05/2017
Zulma habituellement, c’est du bon! Et tu te fais fort ntrigante et tentante avec ce roman!
Écrit par : Karine | 16/05/2017