Herman Raucher, Un été 42

raucher_ete 42.jpgRécit autobiographique à l’origine d’un film, Un été 42 met en scène trois adolescents, Hermie, Oscy, Benjie, en vacances sur l’île de Nantucket. Bien que certains membres de leurs familles respectives ou de leurs connaissances aient été mobilisées, les trois adolescents ont bien d’autres préoccupations. Leurs journées monotones s’écoulent tranquillement, parfois égayées par de petites bêtises : chapardage, provocations viriles entre copains, tentatives de fuite devant une mère qu’on ne voit jamais mais dont la voix omnisciente retentit toujours là où on ne l’attend pas. C’est aussi l’été des obsessions pour ce trio et, en particulier, pour Hermie le rêveur et Oscy le meneur et gros dur, qui n’ont du sexe qu’une idée pour le moins vague et fantaisiste.

Mais pour Hermie, cet été sera aussi celui d’une rencontre et du premier amour. Une relation pourtant vouée à l’échec puisque Dorothy, un peu plus âgée que lui, est mariée et amoureuse. Hermie sait par ailleurs qu’il ne fait pas le poids face à l’époux, Pete, beau, viril, appelé à combattre au cours de l’été.

Ce roman d’apprentissage est d’abord celui d’une amitié entre trois garçons gauches, immatures et un peu provocateurs qui se cherchent. Ces gamins un peu à côté de la plaque, en plein âge ingrat, vont vivre leur première fois cet été-là, après bien des questionnements et mises au point de tactiques de séduction issues d’un manuel sur la sexualité. On peut rire du manque d’à propos de leurs méthodes, se gausser doucement de leur ignorance en la matière, il n’en reste pas moins qu’Un Eté 42 retranscrit avec justesse les tourments, questionnements et maladresses de l’adolescence.

Ce sera aussi le roman du passage à l’âge adulte pour Hermie, qui, tourmenté par une occasion manquée, s’aperçoit que ses ardeurs ne suffisent pas à concrétiser la chose car son coeur est ailleurs – alors qu’Oscy ne s’encombre pas de ce genre de problèmes.

Une lecture intéressante, dont le retournement de situation final permet au récit de gagner en intensité. J’ai trouvé la partie « centrale » du roman un peu plus monotone et aurais aussi dû compter le nombre de fois où le mot « baiser » (le verbe, pas le nom) est employé car le terme a fini par m’agacer prodigieusement. Malgré ces quelques bémols, je ne regrette pas d’avoir découvert ce « classique moderne », reflet d’une époque et d’une étape de la vie courte mais  faite de nombreux bouleversements.

Merci aux éditions Folio pour cette lecture.

352 p

Herman Raucher, Un Eté 42, 1971

Commentaires

et bin on va dire que le sujet est mis en place avec ce mot si repete…;)…oui toute une revelation en 42…cela pourrait etre interessant…;)

Écrit par : rachel | 11/08/2016

@ Rachel : le film est apparemment un film culte mais je ne le connaissais pas.

Écrit par : Lou | 12/08/2016

oh je savais pas qu’il y avait un film…cela pourrait etre interessant…;)

Écrit par : rachel | 12/08/2016

Je ne savais pas que le livre était si vieux ! Et je ne connaissais pas non plus le film, qui m’attire pour le coup davantage que le roman.

Écrit par : Lilly | 20/08/2016

Je découvre ce livre avec ton billet. Je comprends tout à fait ton agacement.

Écrit par : Hilde | 21/08/2016

C’est drôle, une partie de l’histoire racontée m’évoque « Le diable au corps » de Raymond Radiguet, dont le narrateur était détestable — il faisait boire une fille pour la violer, quelle élégance. Ce roman te semble-t-il mieux sur le plan moral, malgré les agaçants « baiser » que tu évoques ?

Écrit par : Libriosaure | 24/08/2016

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