J’envisageais de lire Une Odeur de Gingembre depuis des années et me suis décidée dans le cadre du Mois Kiltissime de Cryssilda. Bien m’en a pris, car c’est un énorme coup de coeur, voire ma lecture de l’année 2015 (même si je l’ai terminé hier) !
En 1903, la jeune Ecossaise Mary Mackenzie embarque pour la Chine où l’attend Richard, son fiancé. Mary n’a jusqu’ici qu’une expérience limitée, ayant vécu une vie simple, voire relativement modeste de jeune fille victorienne avec sa mère. Elle part vers l’inconnu, car non seulement elle entreprend un grand voyage, mais elle s’apprête aussi à retrouver un homme dont elle ne sait finalement pas grand-chose. Le roman s’articule autour de plusieurs parties principales, à travers la longue traversée en bateau, puis les premières années en Chine, suivies d’un départ pour le Japon, où Mary pense s’installer définitivement.
Ce roman est fascinant à de nombreux égards. Tout d’abord grâce à l’héroïne, que l’on suit sur une quarantaine d’années, et que l’on voit mûrir, évoluer, affirmer sa personnalité dans un monde fait pour les hommes, alors qu’elle était vouée à une vie très conventionnelle en Ecosse de par son milieu et son éducation. A travers ce roman, l’auteur s’interroge sur la place de la femme dans la société au sein de différentes cultures, dressant des parallèles très intéressants.
Le récit de Mary est écrit à la première personne, principalement à travers son journal, mais aussi via des lettres à sa mère puis à ses amis ; j’ai été fascinée par la capacité d’Oswald Wynd à rendre la narration crédible et à se projeter avec autant de subtilité dans l’imaginaire d’un personnage féminin.
Le cadre est lui aussi passionnant. Oswald Wynd nous projette en Chine et au Japon au tournant du siècle puis à travers la première moitié du XXe, où nous suivons (parfois à distance) les grands évènements qui ont bouleversé l’échiquier politique mondial. Le lecteur européen habitué à appréhender les conflits mondiaux avec une vision très occidentale se retrouve soudain projeté de l’autre côté du globe, dépaysé par le point de vue et les préoccupations qui diffèrent beaucoup de ce à quoi il est habitué. Mary subit de plein fouet le choc des cultures et, par sa capacité à s’adapter, nous pousse à nous interroger et à remettre en question des valeurs et habitudes qui nous semblent comme allant de soi.
L’auteur joue beaucoup sur le non-dit, prête une grande attention aux conventions sociales (anglaises, européennes, chinoises, japonaises), ce qui donne lieu à de remarquables passages tout en délicatesse, parfois remplis d’émotions et pourtant, d’une grande pudeur (comme cette scène finale sur le bateau).
Un seul aspect m’a parfois étonnée : l’intérêt plus vif que Mary semble porter à son fils plutôt qu’à sa fille, dont la perte semble compensée par la naissance du petit frère. J’ai ressenti une pointe de frustration lorsque le roman s’est arrêté sur ce bateau, car j’aurais été curieuse de lire le récit des deuxièmes retrouvailles, si elles ont finalement eu lieu (je reste volontairement vague pour ceux qui n’ont pas encore lu ce beau roman).
Cela fait plusieurs mois que je peine à me laisser embarquer par un auteur, à rester concentrée et à terminer mes lectures en cours (même si les raisons sont nombreuses et pour beaucoup étrangères au contenu de ma bibliothèque). J’ai à peine lu cet automne, ce qui ne m’arrive jamais. Une Odeur de Gingembre a été pour moi le déclic me redonnant goût à la lecture. J’espère continuer de nouveau sur cette lancée car je ne suis pas tout à fait moi-même sans mes compagnons de lecture !
D’autres billets : George, Romanza, Yueyin.
474 p
Oswald Wynd, Une Odeur de Gingembre, 1977
Commentaires
http://chezyueyin.org/blog/?p=6099
Écrit par : yueyin | 03/01/2016
oui il a l’air passionnant ce livre….multiples societes et la place de la femme….cela donne envie….;)
Écrit par : rachel | 03/01/2016
Je suis aussi tout à fait d’accord sur la narration en boucle, on commence en voguant vers l’inconnu et on finit de nouveau sur un bateau, avec finalement tout autant d’incertitude même si le trajet est inverse… ou peut-être pas car on ne peut que supposer qu’elle va retrouver sa fille : finalement rien n’est moins sûr. C’est vraiment un très beau roman, et même le comte avec tout ce qu’il lui fait reste un personnage fascinant, que l’on peut presque admirer ou apprécier par certains côtés !
Merci beaucoup pour ton lien, je vais le rajouter à mon billet (mais pas ce soir car je m’apprête à filer dans les bras de Morphée).
@ Rachel : je pense que ce roman pourrait te plaire ! Je prends plaisir à lire un autre livre commencé aujourd’hui, mais j’ai trouvé peu de temps pour ma lecture. Les prochains jours confirmeront le succès de l’opération Wynd !
Écrit par : Lou | 03/01/2016
Écrit par : rachel | 04/01/2016
Écrit par : Lilly | 04/01/2016
@ Lilly : pour une fois, petit miracle, il n’était pas dans ma PAL et je me suis juste décidée avec le challenge écossais ! C’est amusant mais j’ai pensé à toi après l’avoir lu, je me suis dit qu’il te plairait certainement si tu ne l’avais pas déjà lu.
C’est vraiment frustrant de ne pas trouver de livre nous correspondant, surtout lorsque cela dure aussi longtemps. J’ai déjà eu des périodes où je ne terminais pas plusieurs lectures à la suite, mais au moins je continuais à lire.
Écrit par : Lou | 04/01/2016
Écrit par : rachel | 04/01/2016
Écrit par : trillian | 05/01/2016
Écrit par : Lilly | 06/01/2016
Je ne connaissais pas du tout mais je note car ça a l’air passionnant (une jeune femme victorienne qui découvre l’Asie, quoi de mieux pour piquer ma curiosité ?). Et je note également que ça t’a aidé après une longue panne de lecture (c’est un peu mon cas depuis quelques mois, je ne cesse de commencer des livres puis de les abandonner …)
Écrit par : Mrs Figg | 06/01/2016
Écrit par : Laure | 07/01/2016
Écrit par : Cléanthe | 07/01/2016
Écrit par : zarline | 11/01/2016
Écrit par : Emy | 18/01/2016
Écrit par : Christelle | 21/01/2016
@ Trillian : j’espère que tu l’apprécieras autant que moi :o)
@ Lilly : je serais très curieuse de connaître ton avis !
@ Mrs Figg : j’ai eu un peu plus de mal à poursuivre ma lecture suivante, mais c’est beaucoup lié à des circonstances extérieures… je viens de retrouver un livre à mon goût avec un nouveau roman anglais, alternant entre les années 1920 et 1960.
@ Laure : ça ne m’étonne pas, c’est une pépite !
@ Cléanthe : je pense que ce roman pourrait tout à fait te plaire. Un classique moderne très réussi !
@ Zarline : j’avais lu « l’Amant » en terminale, à l’époque j’avais trouvé que ça se lisait bien sans être renversant, mais je le relirais bien volontiers. Une LC ? :o) C’est en effet à peu près à la même époque avec des points communs.
@ Emy : je suis certaine qu’il te plaira, tu devrais le sortir de ta PAL :o)
@ Christelle : quelle chance ! je n’avais trouvé que cette édition, dont la couverture est jolie mais sans plus.
Écrit par : Lou | 25/01/2016
Écrit par : rachel | 25/01/2016
Écrit par : Violette | 11/02/2016
@ Violette : je te le conseille vivement !
Écrit par : Lou | 12/03/2016
Écrit par : Violette | 12/03/2016
Écrit par : Lou | 13/03/2016
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