Poussée par la curiosité, j’ai récemment lu Les Soeurs à l’envers et autres textes inédits de Pierre Louÿs. C’est le troisième livre sulfureux d’auteurs dits classiques à être chroniqué par ici, à la suite de Josefine Mutzenbacher, Histoire d’une fille de Vienne et Oscar Wilde, Teleny.
Né en 1870 (je m’appuie sur la préface de mon édition, par Alexandre Dupouy) dans une famille de magistrats, Louÿs perd sa mère très jeune et voit son éducation confiée à son demi-frère Georges, dont il restera proche toute sa vie. Des doutes subsistent quant à la vraie nature de leur relation : Georges aurait pu être le père de Louÿs, étant d’un âge proche de la mère de celui-ci tandis que le père officiel était beaucoup plus âgé. Louÿs lui dédicace ainsi les Aventures du Roi Pausole en écrivant « Pour Georges. Son fils aîné ». Il connaît le succès à vingt-six ans avec Aphrodite, puis La Femme et le Pantin et Les Aventures du roi Pausole. Puis il s’isole, devient un bibliophile accompli mais y perd tout son argent et meurt à cinquante-cinq ans pauvre, « épuisé par la drogue et la maladie ». C’est le premier à attribuer la paternité de certaines oeuvres de Molière à Corneille. Les succès de l’époque ont été oubliés, mais depuis, ce sont les innombrables textes érotiques voire pornographiques de Louÿs qui ont été découverts (vendus par son épouse et son secrétaire) et que l’on connaît aujourd’hui, du moins de réputation. Sont également découverts ses catalogues (tel celui où il dresse des observations « ethnologiques sur les Parisiennes des classes inférieures » et les classe en diverses catégories selon leurs préférences sexuelles, ou la liste chronologique et détaillée de ses propres exploits).
Les textes contenus dans Les Soeurs à l’envers s’inscrivent dans cette deuxième catégorie de l’oeuvre de Louÿs. Très crus, très explicites et dérangeants (protagonistes particulièrement jeunes, inceste, scatophilie… !), ils se succèdent sous des formes différentes (courtes pièces, catalogues) et sont entrecoupés de photographies érotiques de l’époque. Dans certains cas, l’écriture est soignée, le texte littéraire (« Les Soeurs à l’envers », « Elle savait des raffinements »), dans d’autres, Louÿs emploie un langage populaire et vulgaire, la seule finalité du texte tient au caractère pornographique. Ce qui est certain, c’est qu’en la matière, il est difficile de dépasser en audace et en provocation les auteurs dits « classiques » (Bret Easton Ellis perd tout à coup de son caractère osé et trash) !
Si je n’ai pas adhéré au fond j’ai trouvé que les éditions de la Musardine avaient fait un réel travail pour valoriser ces différents textes, entre la préface et la postface, les notes détaillées sur les diverses publications érotiques de Louÿs, les insertions de photos des manuscrits d’origine et les photographies du XIXe/début XXe.
Merci aux Editions de la Musardine pour cet envoi.
A noter ici un article de Miss Pandora sur Liane de Pougy, que fréquentait Pierre Louÿs.
221 p
Pierre Louÿs, Les Soeurs à l’envers et autres textes inédits.
Commentaires
Écrit par : rachel | 18/05/2013
Louÿs était un styliste hors-pair. Si l’on est peu versé dans l’érotisme, il faut lire « Les chansons de Bilitis », chef-d’oeuvre de la poésie amoureuse du XXème siècle.
Écrit par : UntexteUnjour | 19/05/2013
@ UntexteUnjour : J’ai téléchargé sur ma liseuse plusieurs de ses écrits non érotiques ainsi que « Les chansons de Bilitis » car j’ai beaucoup apprécié le style de Louÿs dans les deux textes de ce recueil plus aboutis et littéraires.
Écrit par : Lou | 19/05/2013
oui sade et la morale….cela peut devenir assez comique…;)
Écrit par : rachel | 20/05/2013
Effectivement Messadie semble avoir plusieurs cordes à son arc !
Écrit par : Lou | 20/05/2013
Écrit par : rachel | 21/05/2013
Écrit par : Lou | 25/05/2013
Écrit par : rachel | 25/05/2013
Écrit par : Lou | 27/05/2013
Écrit par : rachel | 27/05/2013
Écrit par : Lou | 30/05/2013
Écrit par : rachel | 30/05/2013
Écrit par : rachel | 30/05/2013
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