Je suis une lectrice au coeur faible, et lorsque je fais un tour en librairie, il est rare que j’arrive à fuir indemne, sans le moindre petit livre à me mettre sous la dent. Ainsi lorsque je me suis rendue récemment en librairie pour l’anniversaire d’un ami, c’est bien à l’insu de mon plein gré que j’ai cédé aux appels languissants du Temps des Métamorphoses de Poppy Adams, dont la délicate couverture était une bien vile tentatrice. Lorsque j’ai vu qu’à ce délicieux papillon s’ajoutaient d’autres arguments sans appel (roman anglais, mystère familial, manoir perdu dans la campagne), j’ai de suite capitulé car il ne sert à rien de lutter quand la guerre est déjà perdue.
Et j’ai bien fait car j’ai ensuite eu l’idée saugrenue d’aller au cinéma et de me jeter sur le premier film qui passait. Or ce film durait 2h30, ce film s’appelait Le Cheval de Turin et traitait d’un père et de sa fille qui vivent dans une horrible ferme, font six jours de suite la même chose et mangent une patate, le summum de l’action revenant à manger la patate crue car il n’y a plus d’eau pour la cuisson (enfourner la bête en question sur les braises aurait sans doute été plus pertinent mais c’est un fait que n’a pas pris en compte le réalisateur qui, pour communiquer le malheur de ses héros, a fait mon malheur ce jour-là). Bref, pour la première fois de ma vie j’ai essayé de dormir au cinéma (mais le vent en fond sonore me gênait) et, lorsque la lumière le permettait (en fait lorsque la fille allait au puits ou sortait le cheval), j’ai commencé à lire Le Temps des Métamorphoses. Roman que j’ai dévoré par la suite, alors que je lisais autre chose lorsque je l’ai commencé (ce qui explique pourquoi j’ai une vingtaine de romans à moitié lus chez moi).
Virginia Stone vit seule depuis des années dans le manoir familial. Âgée, elle déteste le contact des étrangers, n’a ni la télévision ni la radio et ne fait plus grand-chose, si ce n’est observer les allées et venues des voisins depuis divers postes d’observation. Le récit débute lorsqu’intervient un changement majeur dans la vie de Virginia : sa soeur chérie, Vivien, a annoncé son retour au manoir, évoquant leur vieil âge et son désir de finir leur vie ensemble plutôt que dans la solitude. Cela fait des dizaines d’années que les deux soeurs ne se sont pas revues et c’est avec joie mais aussi une certaine appréhension que Virginia envisage le retour de sa soeur. Dès lors le récit alterne les passages au présent, à savoir le retour d’une soeur ancrée dans la modernité, visiblement aisée et autoritaire, et les souvenirs. Ainsi on découvre que Virginia est une scientifique réputée, spécialisée dans l’étude des papillons, formée par leur père Clive. Bien que l’aînée, Virginia a toujours laissé Vivien mener leur duo. Si la famille semble au début assez idyllique, on découvre petit à petit des failles qui expliquent l’éloignement des deux soeurs : un accident qui a privé Vivien de la possiblité d’enfanter, ce qui aura des conséquences importantes lorsque les deux soeurs deviennent adultes ; un rapport au père et à la mère différent selon les soeurs, Vivien semblant idéaliser leur mère tandis que Virginia a toujours été proche de son père et a souffert de l’alcoolisme de sa mère ; et petit à petit, un portrait moins flatteur de Vivien nous est donné. Celle qui semblait insouciante et un brin égoïste finit par s’avérer finalement beaucoup plus manipulatrice qu’on ne le pensait. Le renversement final intervient enfin et il est difficile de déterminer quelle soeur est la plus à plaindre, entre la peste nombriliste et la bonne pâte plus dérangée qu’on ne le pensait.
Outre l’histoire des deux soeurs et de leurs proches, très dense en soi, ce roman évoque le monde des insectes et son étude, sujet récurrent qui, loin de m’effrayer, m’a paru bien documenté et intéressant (moi qui n’y connais rien et ne m’intéresse pas à ce domaine).
Une très belle lecture en ce début d’année, qui m’a d’ailleurs un peu fait penser à Diane Setterfield avec le Treizième Conte mais aussi Linda Newberry et Set in Stone (De Pierre et de Cendre).
Le dessin du manoir vient d’un petit jeu en flash assez amusant, où il est question d’un gentleman qui ne peut pas dormir.
380 p
Poppy Adams, Le Temps des Métamorphoses, 2008
Commentaires
Écrit par : rachel | 24/03/2012
Écrit par : keisha | 24/03/2012
Écrit par : Titine | 24/03/2012
Écrit par : Manu | 24/03/2012
Écrit par : Miss Léo | 24/03/2012
@ Titine : mais de rien, je pense qu’il devrait te plaire :o)
@ Manu : un livre à mon avis fait pour toi !
@ Miss Léo : je ne l’avais jamais vu nulle part non plus, mais je suis tombée dessus par dessus par hasard, une très jolie découverte ! Oui depuis ma fréquentation des blogs j’ai dû acheter de nouvelles étagères… no comment :o)
Écrit par : Lou | 24/03/2012
Écrit par : JainaXF | 24/03/2012
PS : tu devrais chroniquer plus souvent des films ! 9 fait longtemps que je n’avais pas lu un truc aussi drôle que l’histoire de la patate crue !!!!!
Écrit par : maggie | 24/03/2012
en tout cas ouii cette couverture est superbe!
Écrit par : rachel | 24/03/2012
Écrit par : Maeve | 24/03/2012
@ Maggie : j’ai failli chroniquer ce film justement mais je n’ai pas osé car je vais me mettre beaucoup de fans de cinéma d’auteur à dos :o) prochaine chronique à venir pour un film : la dame en noir !
@ Rachel : ah oui j’adore cette couverture… pour les WC c’est pas bête mais ce qui me gênait aussi c’est que j’avais plein de sacs à côté de moi et je ne les voyais pas bien dans le noir, j’avais peur de faire tomber quelque chose ou d’oublier un sac.
@ Maeve : oui « de Pierre et de Cendre » est un très joli souvenir pour moi aussi :o)
Écrit par : Lou | 24/03/2012
je le veux aussi celui-ci, NA
Écrit par : niki | 24/03/2012
Écrit par : Lilly | 25/03/2012
Écrit par : Celine | 25/03/2012
@ Lilly : oh allez c’est un poche :o)
@ Céline : mince je pensais justement vous donner envie de voir ce film !!
Écrit par : Lou | 25/03/2012
Ce livre et également fait pour moi, tous les éléments qui te tentent sont les mêmes pour moi!! Sauf que je suis phobique des papillons…! J’adore surtout que l’auteur dissèque « les personnalités « de chaques intervenant et nous force à douter de nos impressions et ressenties du départ !!
Merci aussi de ta visite! À bientôt
Écrit par : Lafeeguadeloupe | 25/03/2012
Écrit par : rachel | 26/03/2012
Rythme lent, comme dirait mon amoureux.
Écrit par : melodie | 26/03/2012
Sinon je ne connaissais pas le livre et je le note, d’autant que la couverture est très jolie !
Écrit par : Touloulou | 26/03/2012
Mais c’est terrible, Le treizième conte et De pierre et de cendres sont dans ma PAL et risquent fort d’être très appréciés quand je les aurai enfin sortis de leur torpeur… Tu m’obliges presque à noter celui-ci, du coup ! :p
Écrit par : Morgouille | 27/03/2012
Écrit par : Reka | 27/03/2012
@ Rachel : non j’avais lu 20 ou 30 pages et sinon j’avais essayé de dormir. J’étais d’une humeur massacrante en sortant je n’en pouvais plus !
@ Melodie : au moins j’arrive à attirer l’attention sur ce film vu par 17 personnes en France dont Mr Lou et moi.
@ Touloulou : ah oui quelle jolie couverture ! Quant au film c’était très bien filmé mais je ne peux pas tenir 2h30 dans un puits sans fond…
@ Morgouille : tu devrais de suite sortir ces deux titres s’ils sont dans ta PAL, quelle chance tu as de les découvrir ! Ceci dit j’ai mauvaise mémoire et je pourrais relire le Setterfield, je m’en souviens assez peu finalement même si j’avais adoré sur le coup.
@ Reka : ce n’est pas tout à fait la même chose mais j’ai en partie retrouvé l’atmosphère et si tu aimes les textes très British, celui-ci te plaira très certainement.
Écrit par : Lou | 27/03/2012
Écrit par : rachel | 28/03/2012
Écrit par : Lou | 01/04/2012
Écrit par : rachel | 02/04/2012
Écrit par : Karine:) | 09/04/2012
Écrit par : Edelwe | 09/04/2012
@ Karine:) : et tes voisins n’ont pas râlé avec ta lampe de poche ? :o)
@ Edelwe : tu fais bien !
Écrit par : Lou | 11/04/2012
Écrit par : rachel | 12/04/2012
Écrit par : Sara | 14/04/2012
@ Sara : eh eh je sais je suis terrible…
Écrit par : Lou | 14/04/2012
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