« Pour les uns, par exemple, c’est l’alcoolisme de mon père qui aurait rendu ma mère folle. Pour d’autres, c’est l’inverse : mon père s’est mis à boire parce que ma mère était folle. Si on me pose la question, je réponds que je n’en sais rien. ça reste pour moi une énigme. Et c’est en partie cette énigme qui a fait de leur couple un couple mythique » (p123)
Le couple Scott – Zelda Fitzgerald me fascine et quoi qu’en disent certains, leur relation est classée pour moi au panthéon des amours tragiques, de ces histoires des temps modernes qui ont, sans le vouloir, donné jour à une légende et à tout un imaginaire. Avec Zelda de Jacques Tournier, nous retrouvons le couple à la fin de son séjour en Europe, lorsque Zelda est déjà hospitalisée. S’ensuivent le retour aux Etats-Unis, les séjours en clinique et le déclin d’un couple qui ne peut vivre séparé tout en étant incapable d’être heureux ensemble.
Cette Amérique qu’ils retrouvent est une Amérique moribonde, en plein marasme économique, suite au « Jeudi Noir » de 1929 et au krach boursier de Wall Street.
« C’était un automne lugubre, écrira Scott. Nous avons franchi un barrage de douaniers étrangement courtois, puis tête basse et chapeau bas, nous sommes entrés dans le vide du sépulcre. Quelques fantômes dérisoires tentaient parmi les ruines de se persuader qu’ils existaient encore, mais la vanité de leur mascarade se devinait à leurs joues creuses, au chevrotement de leurs voix. » (p27)
Ce court ouvrage s’appuie largement sur la correspondance échangée entre Scott et Zelda. L’auteur développe également le contexte dans lequel ont été écrit Accordez-moi cette valse et Tendre est la Nuit, deux romans traitant de la vie du couple en adoptant une approche tout à fait différente. L’accueil de chacun de ces livres par le conjoint fait partie des aspects les plus intéressants du récit, chacun hésitant entre jalousie, souffrance et respect. Il apporte également un éclairage intéressant en faisant intervenir d’autres personnages : la mère de Zelda, dont on découvre qu’elle rêvait d’indépendance et ressemblait à bien des égards à sa fille ; Scottie, l’enfant du couple qui est amenée à parler de ses parents.
Contrairement à Alabama Song dont le ton m’a beaucoup dérangée (« J’ai épousé une poupée mâle et blonde pas capable de bander »)*, j’ai apprécié la sensibilité et la finesse qui caractérisent le texte de Jacques Tournier, dans cette biographie à l’écriture très agréable et au fond intéressant. L’auteur aborde les moments difficiles du couple avec pudeur mais franchise. A noter que Jacques Tournier entretient une relation particulière avec les Fitzgerald et semblait tout indiqué pour écrire à leur sujet, puisqu’il a traduit les deux romans les plus connus de Scott Fitzgerald ainsi qu’une cinquantaine de nouvelles.
* Suite à mon billet mitigé, Gilles Leroy a répondu dans les commentaires à certaines des critiques qui lui ont été faites.
178 p
Jacques Tournier, Zelda, 2008

Commentaires
Écrit par : niki | 02/05/2010
Écrit par : Lilly | 02/05/2010
Écrit par : Lilly | 02/05/2010
Écrit par : Neph | 02/05/2010
Écrit par : Nag | 02/05/2010
En tout cas, les photos sont très belle !
Écrit par : maggie | 02/05/2010
Écrit par : choupynette | 02/05/2010
Écrit par : rose | 02/05/2010
Écrit par : Manu | 02/05/2010
en tout cas tout un couple mythique…de loin pour moi…;o)
Écrit par : rachel | 02/05/2010
Écrit par : Titine | 03/05/2010
Écrit par : gambadou | 03/05/2010
@ Lilly : la correspondance me tente aussi, et j’aimerais lire l’intégrale de leur correspondance (Scott-Zelda). Pour ton mail je n’ai pas regardé hier mais ce week-end, et Titine a dû regarder entretemps… mais je vais vérifier les spams !
@ Neph : oui moi aussi cette info m’intéresse :o)
@ Nag : j’ai vraiment été dérangée par le fait qu’en partant de personnes qui ont réellement existé on batit un roman où on leur fait dire ou faire des choses peu flatteuses… s’il s’était inspiré du couple tout en s’en éloignant davantage ça m’aurait moins gênée mais là j’ai fait un blocage. Par contre j’ai beaucoup aimé son dernier roman !
@ Maggie : je ne suis pas trop surprise que tu n’aies pas non plus aimé « Alabama Song ». En tout cas le ton est complètement différent.
@ Choupynette : c’est le thème qui t’ennuyait chez Leroy ?
Écrit par : Lou | 04/05/2010
@ Manu : mais les deux sont vraiment extrêmement différents, j’espère en tout cas que ce n’est pas le Leroy qui te dégoutera de celui-ci que je préfère largement ^^
@ Rachel : ah toi aussi tu parles de mythe ! Gilles Leroy n’est pas du tout d’accord !
@ Titine : je l’ai dans ma PAL monumentale ! je devais le lire juste après « Alabama Song », hum !
@ Gambadou : bonne idée à mon avis ;o)
Écrit par : Lou | 04/05/2010
Écrit par : Pickwick | 04/05/2010
Écrit par : rachel | 04/05/2010
@ Rachel : mouais…. :o)
Écrit par : Lou | 04/05/2010
Écrit par : Edelwe | 05/05/2010
Écrit par : Stephie | 06/05/2010
Écrit par : Nanne | 08/05/2010
@ Stephie : les deux approches sont différentes de toute façon donc si le sujet t’intéresse, n’hésite pas !
@ Nanne : je ne t’ai pas oubliée avec Zola, je suis juste un peu lente et j’avais oublié que hier la poste serait forcément fermée. Veux-tu que je te prête cette bio dans la foulée ? Il faut que je vérifie mais je crois que je ne l’ai prêtée à personne pour l’instant.
Écrit par : Lou | 09/05/2010
Écrit par : Karine:) | 12/05/2010
Les commentaires sont fermés.