Robert rules !

burns_rob.jpgHier, à l’initiative de Cryssilda, un petit groupe de blogueuses avait décidé de passer une soirée relativement improbable, en tout cas diantrement Scottish, à savoir la soirée Robert Burns. Le lieu du crime était l’Auld Alliance, le pub écossais sur le point de devenir l’un des quelques QG des Victorian Frogs (and Ladies). Et voici mes acolytes : Chiffonnette, Cryssilda, Emma, Fashion, Fée de passage, Isil, Pascale et Titine !

Voilà donc tout un petit groupe de Frenchies dans un pub peuplé d’Ecossais en kilt, lors d’un repas purement écossais entrecoupé de lectures de poèmes, de toasts et de morceaux à la cornemuse. Pour commencer, here was the masterpiece of the night !

 

Address To A Haggis

Fair fa’ your honest, sonsie face,
Great chieftain o’ the puddin-race!
Aboon them a’ ye tak your place,
Painch, tripe, or thairm:
Weel are ye wordy o’ a grace
As lang’s my arm.

The groaning trencher there ye fill,
Your hurdies like a distant hill,
Your pin wad help to mend a mill
In time o’ need,
While thro’ your pores the dews distil
Like amber bead.

His knife see rustic Labour dight,
An’ cut you up wi’ ready sleight,
Trenching your gushing entrails bright,
Like ony ditch;
And then, O what a glorious sight,
Warm-reekin, rich!

Then, horn for horn,
they stretch an’ strive:
Deil tak the hindmost! on they drive,
Till a’ their weel-swall’d kytes belyve,
Are bent lyke drums;
Then auld Guidman, maist like to rive,
« Bethankit! » ‘hums.

Is there that owre his French ragout
Or olio that wad staw a sow,
Or fricassee wad mak her spew
Wi’ perfect sconner,
Looks down wi’ sneering, scornfu’ view
On sic a dinner?

Poor devil! see him ower his trash,
As feckless as a wither’d rash,
His spindle shank, a guid whip-lash,
His nieve a nit;
Thro’ bloody flood or field to dash,
O how unfit!

But mark the Rustic, haggis fed,
The trembling earth resounds his tread.
Clap in his walie nieve a blade,
He’ll mak it whissle;
An’ legs an’ arms, an’ heads will sned,
Like taps o’ thrissle.

Ye Pow’rs wha mak mankind your care,
And dish them out their bill o’ fare,
Auld Scotland wants nae skinking ware
That jaups in luggies;
But, if ye wish her gratefu’ prayer,
Gie her a haggis!

“Discours à un Haggis”

Salut à ton honnête, à ton aimable face,
Toi qui parmi les puddings es le chef de ta race!
C’est à toi que revient la première des places
Dessus tripoux, panse et abats,
Tu mérite que tous vraiment te rendent grâces
Longues comme mon bras

Tu remplis le tranchoir qui sous ton poids se plaint.
Tes fesses font penser à la colline à la colline au loin
Ta pointe pourrait bien réparer le moulin
Si le besoin en advenait,
Tes pores cependant distillent comme un suint,
De l’ambre en chapelet

Regarde le rustaud essuyer son couteau,
Se mettre à découper avec aise et brio,
Creusant comme un fossé, en excisant la peau
Tendue et chaude de tes miches.
Dans quelle gloire alors tu suscites les oh!
Que ton fumet est riche!

Tous alors, coude à coude, approchent et s’entrepoussent,
Ils s’empiffrent comme s’ils avaient le diable aux trousses,
Jusqu’à ce que leurs ventres tendus et maousses,
Résonnent comme tambours en somme,
Et qu’un vieil échevin, d’éclater plein de frousse,
Entonne un Te Deum.

Y a-t-il être ici-bas aux moeurs dégénérées
Qui irait préférer ragoût ou fricassée,
Un olio propre aux porcs à donner la nausée,
Et qu’ils repousseraient, maussades,
Alors qu’ils peuvent ainsi faire franche lippée
De telle régalade?

Pauvre diable! Voyez-le devant son assiette
Comme un roseau fluet, tout l’air d’une mauviette,
Le poing guère plus gros qu’une pauvre noisette,
Tout flageollant sur ses guiboles.
Comment à l’ennemi peut-il faire sa fête,
Quand vient l’occasion folle?

Mais, nourri au haggis, voyez un peu le gars!
Il fait en s’avançant tout trembler sous son pas,
Dedans son poing robuste une épée plantez-moi,
Il la fera sitôt siffler,
Et toc, comme chardons, têtes, jambes et bras
Il va vite élaguer.

Vous, puissants, qui voulez le bonheur pour la masse
Et veillez que soit bien bon le menu qu’on lui fasse,
L’Ecosse, sachez-le, ne veut pas de lavasse
Qui dans le bol clapote et bruisse.
Mais si vous entendez rester en bonne grâce,
Donnez-lui du Haggis

2010.01.26 Robert Burns 03 copy.jpg

Comme vous pouvez le constater, un whisky attendait tous les convives. Ce whisky avait pour but – outre le caractère purement gustatif de la chose, de nous permettre de porter un toast… au Haggis. Alors, pour ceux qui ne connaissent pas cette chose curieuse et qui n’ont jamais vécu une soirée Robert Burns, voilà comment se déroule le cérémonial : une panse de brebis farcie aux abbats (oui, je sais, ça fait saliver d’avance) est présentée, entière, sur un plateau qui est porté à travers toute la salle, tandis qu’un joueur de cornemuse suit religieusement le porteur dudit objet de culte. S’ensuit la lecture du poème de Burns en écossais (nous avons compris en moyenne entre 5 et 10 mots, vu l’accent subitement adopté par un Ecossais jusqu’ici parfaitement compréhensible), puis un toast porté au Haggis (par une assemblée restée debout pendant  tout ce temps).
Puis, parce qu’on était quand même à Paris et que quelques Français un peu bizarres avaient fait le déplacement, nous avons eu droit à la version française sous titrée (l’intégrale avec cornemuse et présentation du plateau, of course).
2010.01.26 Robert Burns 01 copy.jpg
Parmi les blogueuses qui étaient là incognito, se trouvaient deux extraterrestres sortis tout droit du Tardis (et déjà bien alcoolisés – les voilà d’ailleurs pris en flagrant délit).
2010.01.26 Robert Burns 02 copy.jpg
Nous avons été interviewés par la chaîne Planète. On ne sait jamais, on retrouvera peut-être un jour le programme (et la déclaration d’Emma : c’est un plat pour les vieux Ecossais, non ?). Dans le fond, même si on le voit mal, le joueur de cornemuse en action.
On a donc mangé ça :
2010.01.26 Robert Burns 04 copy.jpg
Oui je sais, comme ça ça n’a pas l’air fameux. Mais les Highlanders que nous sommes se sont régalés (et pour ma part j’ai découvert que le Haggis au goût un peu trop corsé combiné aux carottes un peu bouillies faisaient un excellent mélange). ça ne vaut peut-être pas la fricassée, mais aucun Français ne peut prétendre accompagner aussi bien ses petits plats (cornemuse oblige !).
2010.01.26 Robert Burns 05 copy.jpg
Je vous rassure tout de suite : contrairement aux apparences, la soirée n’a pas été trop arrosée. Pour ma part, je me suis d’ailleurs contentée de mon whisky, même si le verre ci-dessus le prouve : d’autres ont été plus judicieuses que moi…
2010.01.26 Robert Burns 06 copy.jpg
Ce qui a tout de même engendré des sursauts de création artistique inouis. Ici, un portrait façon Blair Witch, magnifique, tout en sobriété. Je vous ai épargné la photo sobrement intitulée « portrait d’une grenouille au verre », de même que les photos de nos jambes et des pieds de table prises par Emma, qui a quelque peu râté sa soirée puisqu’elle n’a pas réussi la mission ultra secrète qu’elle s’était fixée : révéler au grand jour toute LA vérité sur l’affaire du kilt.
Encore merci aux filles pour la soirée vraiment excellente (et ses points culminants : Isil et moi dansant de la techtonique et des choses non identifiées sur des airs de cornemuse et Fashion nous faisant des révélations à propos d’un homme caoutchoux et d’un mariage mouvementé). Et bien sûr un grand merci aux organisateurs de la soirée et à l’équipe de The Auld Alliance ! Je ne leur dis pas « à l’année prochaine », car nous n’attendrons pas autant pour reprendre nos bonnes résolutions et, avec le printemps, nos petits déjeuners écossais !

Commentaires

ouaaah genial didonc toute une soiree..bien thematique…;o)…prost!

Écrit par : rachel | 28/01/2010

Eh bien, quelle soirée !!! à votre place, j’en aurais perdu mon écossais!!!

Il était bon, le wisky? quel clan? 😀

Écrit par : Pimpi | 28/01/2010

Oui, c’était une soirée géniale, je me suis follement amusée! Vivement les petits déjeuners écossais! :)))

Écrit par : fashion | 28/01/2010

Super comme soirée 🙂 J’aurais adoré (sauf le whisky que je peux plus voir en peinture depuis une soirée mémorable il y a … 25 ans ! mdr !)

Écrit par : Joelle | 28/01/2010

bien sympathique en effet, j’ai été deux fois en écosse mais je ne me suis pas risquée au haggis 😉

Écrit par : niki | 28/01/2010

Je crois que le Robert Burns Supper va devenir une tradition pour nous! La soirée était vraiment géniale et toujours aussi délirante!!

Écrit par : Titine | 28/01/2010

Amusant, je ne viens que de temps en temps en touriste sur ce blog, hier j’ai feuilleté au hasard un Exbrayat (de la série Imogene, of course!), et justement, on y parlait des ces Robert Burns Suppers…

Écrit par : Caty | 28/01/2010

Ah ça devait être sympa !! si c’est annuel je tenterai bien la prochaine fois (mais hier soir on était à l’Olympia voir les Fatals Picards, chouette soirée aussi !!)

Écrit par : DViolante | 28/01/2010

Heureusement que mon namoureux ne fréquente pas trop les blogs, il serait vert de jalousie d’avoir manquer une telle soirée. Depuis le temps qu’il veut me faire découvrir le Haggis!
(en tout cas très sympa le portrait façon Blair Witch )

Écrit par : Tiphanya | 28/01/2010

Je suis jalouse les filles. J’adore ton compte rendu 😉

Écrit par : hydromiel | 28/01/2010

@ Rachel : to Haggis !

@ Pimpi : je ne suis pas fan de whisky, je n’en ai bu qu’une seule fois pur et je n’aimais pas trop… cette fois, c’était pas mal. Je l’ai trouvé doux (même si ça réchauffe bien).

@ Fashion : oh yeah ! Mais ma chère Fashion, tu auras peut-être droit à un brunch irlandais la prochaine fois :o) Pile ou face ?

@ Joëlle : oui j’avais aussi un mauvais souvenir de mon premier (et dernier je crois) whisky coca ! Sinon je n’avais consommé qu’une seule fois avant !

@ Niki : le pire c’est que je mange peu de viande et presque pas d’abats, mais je me force toujours à goûter ce que je ne connais pas dans les pays où je vais (ok je ne suis pas encore allée en Chine et je pense que je ne me risquerai pas à la cervelle de singe vivant ni au chien, j’ai mes limites;o)). J’avais déjà pris deux fois du Haggis dans ce pub parce que c’est typique, ce n’est pas non plus mon plat favori.

@ Titine : mais on est super sérieuses nous, non ? La prochaine fois avec Isil on fera la choré de Night feeever night feever sur les cornemuses !

@ Caty : le hasard fait bien les choses :o) Et merci au passage pour le petit clin d’oeil laissé ici !

@ DViolante : j’ai une amie qui était presque fan, mais pour ma part je connais super mal la scène française… il faudrait que j’écoute un peu ce groupe ! Pourquoi pas à l’année prochaine oui ? Il va falloir que Cryssilda réserve en avance, à ce rythme-là, en dehors du personnel, il n’y aura que des Françaises dans la salle !

@ Tiphanya : pourquoi ne pas venir l’an prochain ? Quant à la photo Blair Witch, l’intéressée ne l’a pas encore vue, je vais me faire taper sur les doigts (mais ce n’est pas moi qui ai pris la photo – la pauvre on l’a mitraillée pour avoir une photo où elle sourit).

@ Hydromiel : merciii !

Écrit par : Lou | 28/01/2010

c’était cool !
Maintenant, il va fallooir attendre un an avant de réessayer de regarder sous les kilts…

Écrit par : emma | 28/01/2010

@ Emma : un an, sauf si on a de la chance en Ecosse et qu’il fait un peu de vent (je dis bien « un peu », parce que bon, il faut qu’on puisse y voir quelque chose – ou alors on se fait couper les cheveux avant de partir :))

Écrit par : Lou | 28/01/2010

tsssssssss encore une soiree que j’ai ratée!!!!!
bon faudrait pas en avoir trop d’avance sur moi les filles sinon je démissionne du club moi!!!! :o)))
Vivement le 6 et les prochains brunchs!!!
Quand à la photo tssssssss tsssssssss même pas je vais faire de commentaire vu que vous allez toutes mourirrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrrr quand elle va la voir!!!!! :o)))

Écrit par : lamousme | 29/01/2010

@ Lamousmé : ouais j’ai l’impression qu’elle ne l’a pas vue, je n’ai pas encore reçu de colis piégé !
Et dis donc, au lieu de démissionner, arrête de nous abandonner tout le temps (avec des prétextes douteux comme « incident voyageur » sur le rer A ;o))
J’ai hâte d’être au 6 !! Et au fait, j’espère que j’ai bien fait avec le CD !

Écrit par : Lou | 30/01/2010

Comment ça j’arrive après la bataille pour poster un commentaire ? Non mais c’est parce que j’étais partie avec le joueur de cornemuse ! j’adore ton petit compte rendu 🙂

Écrit par : fée de passage | 08/02/2010

@ Fée de passage : avec Peter (comme Mr Lou d’ailleurs) ? mais il était un poil plus âgé que nous tout de même, non ?;o) Eh bien eh bien, nous sommes de sacrés numéros nous toutes !

Écrit par : Lou | 08/02/2010

Merci d’être passée sur mon blog, voilà qui me donne l’occasion de découvrir le tien. Je n’ai pas le temps de tout parcourir mais déjà il me plait bien, je vois que nous avons des points communs : les auteurs anglais et les héroïnes victoriennes, Sherlock, L’Auld Alliance… je vais sûrement être une visiteuse régulière 🙂
Salutations elfiques.

Écrit par : Folfaerie | 12/02/2010

@ Folfaerie : tu vas à L’Auld Alliance ? oh oh, mais je sens qu’il va falloir qu’on s’organise une petite rencontre entre blogueuses au pub :o) Et oui comme tu le vois je suis légèrement, très légèrement obnubilée par l’Angleterre, l’époque victorienne, Austen et bien d’autres… ^^

Écrit par : Lou | 13/02/2010

Hélas, j’y allais (passé révolu) quand je travaillais sur Paris. Depuis que j’ai choisi de m’exiler en Nièvre, terminé, pas l’ombre d’un Ecossais ici. En revanche, maigre consolation, j’habite à une distance raisonnable (au sens où les ruraux l’entendent, hum) de la maison du président de la société Sherlock Holmes qui a projeté d’ouvrir un musée dédié à mon héros dans quelques mois. 221 b Baker Street vient à moi :-))

Écrit par : Folfaerie | 13/02/2010

@ Folfaerie : c’est excellent ça ! et tu fais aussi partie de la société Holmes ? Je visiterai la « maison de Sherlock Holmes » à Londres la prochaine fois que j’y vais en tout cas, ce sera déjà pas mal :o)

Écrit par : Lou | 14/02/2010

Les commentaires sont fermés.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *