Je ne sais pas pourquoi mais Stendhal passe chez moi comme un nuage, mes souvenirs en la matière étant toujours particulièrement brumeux. Le Rouge et le Noir avait été une lecture d’été plaisante pour mes 19 ans, mais je crois que c’est l’un des classiques dont je me souviens le moins aujourd’hui ; quant aux nouvelles Vanina Vanini et Le Coffre et le Revenant lues il y a environ un mois, on dirait bien que le sort qui leur est réservé n’est pas plus enviable. Je serais étonnée de me souvenir encore de leur trame dans six mois.
Dans Vanina Vanini, l’héroïne se prend de passion pour une jeune femme cachée par son père et soignée en cachette. Lorsqu’elle découvre qu’il s’agit d’un carbonaro poursuivi par les autorités, elle croit avoir trouvé son héros après avoir refusé maintes demandes en mariage. Mais le jeune amant est partagé entre la belle Vanina Vanini et son sens de l’honneur. Leur histoire n’est donc pas de tout repos.
Dans Le Coffre et le Revenant (et je me souviens que j’avais choisi ce livre au collège ou au lycée en raison du mot « revenant », qui n’en est pas un mais il m’a fallu dix ans pour le découvrir !), il s’agit du malheureux mariage d’une douce jeune femme avec le terrible directeur de la police qui, jaloux et possessif, entend bien écarter définitivement l’ancien fiancé de sa pauvre épouse. L’amoureux éconduit à contrecœur tente de retrouver sa belle en se cachant dans un coffre censé contenir des étoffes. Au péril de sa vie, car le mari-tortionnaire veille.
Voilà deux textes qui se laissent lire mais qui ne vont pas franchement constituer une révélation dans ma vie de lectrice ; ils auraient pour moi parfaitement trouvé leur place dans une feuille de chou publiant en épisode des histoires rythmées pour un public avide de sensations (feuilles de chou qui ont ceci dit publié des romans incontournables). Stendhal ne nous épargne rien, pas même l’improbable, à commencer par cette Vanina Vanini qui prend son futur amant pour une fille malgré de nombreux échanges. Je sais bien qu’autrefois au théâtre il suffisait à un homme de porter la robe et une perruque pour jouer le rôle d’une femme, mais j’ai trouvé l’étonnement de Vanina Vanini assez grotesque. Certes, Stendhal est un passionné, ses personnages sont magnifiés par la force de leurs émotions et patati et patata mais vraiment, que c’est mal ficelé ! Au final, je n’ai trouvé aucune des deux histoires crédibles (ce qui dans le fond ne me dérange pas car ce n’est sans doute pas le but), tandis que ni le style, ni l’impression de mouvement ne m’ont réellement emportée. La très courte introduction suggère le choix d’un réalisme (ah bon ?) politique, soulignant le fait que Stendhal a été chassé d’Espagne et d’Italie, les lieux décrits, pour ses convictions. C’est un point intéressant mais qui ne me convainc pas tout à fait de l’intérêt de ces nouvelles.
J’avoue que Vanina Vanini est intéressante : maîtresse passionnée, on pourrait attendre d’elle un dévouement total alors qu’en réalité, il s’agit d’un personnage profondément égoïste qui ne soutient les projets de son amant que lorsque cela sert son propre intérêt. C’est une femme pragmatique, qui après sa malheureuse histoire, choisit de se marier à un autre, se plaçant bien loin des clichés romantiques. Quant à la deuxième nouvelle, dont la fin est catastrophique pour l’héroïne, on peut s’étonner du peu de moralité de l’histoire et de la manière crue avec laquelle en quelques phrases coupantes comme ce qu’elles énoncent, on apprend le meurtre de la femme malheureuse, une fin brutale qui finalement rétablit l’équilibre, laissant le tortionnaire dans sa situation de célibat initiale et mettant fin au désordre matrimonial occasionné par le retour de l’ancien fiancé. Malgré tout, je ne peux m’empêcher d’avoir l’impression que ces textes sont un peu légers. J’ai surtout bien ri et lu rapidement l’ensemble pour satisfaire ma curiosité. Je suis comme vous vous en doutez un peu déçue car après tout, c’est Stendhal, que diable !
108 p
Stendhal, Vanina Vanini, 1829 / Le Coffre et le Revenant, 1830
Commentaires
Écrit par : Isil | 13/07/2009
Écrit par : Cachou | 13/07/2009
J’ai lu Vanina y’a très longtemps, et je ne sais plus de quoi ça parle… mais bon, pas touche à Stendhal quand même siouplé! 🙂 (nan mais!)
Écrit par : Cryssilda | 13/07/2009
et peut-etre que cela fut justement publie en episode…ces auteurs avaient tellement besoin de pecules…;o)
Écrit par : rachel | 13/07/2009
Écrit par : Karine 🙂 | 14/07/2009
J’aurais donc choisi pour rien le prénom d’un de ses héros pour le donner à mon cher descendant?
Comme Cryssilda, je m’insurge et lance un cri de révolte: pas touche à Stendhal siouplaît! Non mais Oh! Où va-t-on?
:))
Écrit par : Mango | 14/07/2009
Écrit par : Titine | 14/07/2009
Écrit par : Laetitia la liseuse | 14/07/2009
:))
Écrit par : fashion | 14/07/2009
Pour les nouvelles, il est préférable de lire » les Chroniques italiennes ». Plusieurs de ces histoires sont très bonnes.
Je t’ai décerné un blog d’or, si le coeur t’en dit….
Écrit par : Dominique | 15/07/2009
@ Cachou : si un membre de la grande maison dit ça alors je culpabilise un peu moins ^^
@ Cryssilda : ah bin non, toi je croyais que tu défendais juste Wilkie bec et ongles, on ne va pas s’en sortir si tu continues comme ça, hehe ! Bon alors dis-moi quel Stendhal absolument renversant saura me faire succomber grâce à son charme irrésistible ?:o)
@ Rachel : ce sont des textes courts donc a priori publiés d’un seul bloc… mais si ça peut te rassurer, j’ai fait un bac L et une prepa sans jamais étudier Flaubert, Balzac, Proust et Stendhal. Encourageant, n’est-ce pas ?? (en fait je dirais plutôt « flippant » mais c’est une autre question)
@ Karine 🙂 : pour l’instant je lirai plutôt « le Rose et le vert », un recueil de trois nouvelles (je crois) qui m’attend. Mais la « Chartreuse » finira par venir. Le coup de la réglisse ce n’est pas mal !
@ Mango : je cours me cacher sous mon encyclopédie Universalis qui va me servir d’abris temporaire ^^ d’autres conseils sur Stendhal ?
@ Titine : j’ai bien aimé « Le Rouge et le Noir » sur le coup, à une époque où je lisais peu de classiques par moi-même. Mais ça n’a pas non plus été une révélation pour moi.
@ Laetitia la Liseuse : tout à fait ! Entre les grands auteurs de notre pays et ceux du monde entier, il faudra compter sur de nombreuses réincarnations pour lire tout ce qui nous interpelle !
@ Fashion : help ! Je range mon Universalis et cours me cacher sous ma PAL anglo-saxonne ultra étanche et surtout d’une épaisseur à toute épreuve ^^ et à toi aussi : aurais-tu un livre en particulier à me conseiller ?
@ Dominique : merci pour les conseils et je m’incline devant ce joli blog d’or que tu me décernes, me voilà qui rosis de plaisir :o)
Écrit par : Lou | 15/07/2009
Quelle question, pfff… :)))
Écrit par : fashion | 15/07/2009
je me suis amusee a me souvenir des « romans » etudies….bin ce sont surtout des pieces de theatre…peut-etre plus facile pour les profs..
Écrit par : rachel | 15/07/2009
Écrit par : belledenuit | 15/07/2009
Écrit par : Lilibook | 15/07/2009
@ Rachel : argh tu crois qu’on « étudie » Marc Levy et Gavalda (tu me diras en CM1 avec les cours de grammaire où on doit trouver le sujet le verbe et le complément dans la phrase, ce genre de littérature peut s’avérer pratique) ? Qu’on ne décourage pas les ados de les lire c’est normal, il faut bien apprendre à aimer lire avant de faire le tri si on le souhaite, mais de là à les étudier… bon en 5e on avait étudié « Les Fourmis » de Werber mais je trouve que c’était assez bien comme ça forçait toute une classe de 12 ans à lire 300 ou 400 p et que pour une fois, le choix du texte avait facilité pour beaucoup cette épreuve. J’en garde d’ailleurs un bon souvenir. Mais je trouve tout de même que la moindre des choses serait qu’on sorte d’un bac L avec un bagage culturel un peu plus lourd, en ayant étudié au moins un roman ou au pire une nouvelle de tous les grands classiques français et en ayant une idée plus précise des différents mouvements ainsi que des influences qui ont marqué les auteurs les plus connus, y compris les influences étrangères. Par exemple Baudelaire avec Maturin et Edgar Allan Poe notamment.
Et sinon moi c’est pareil, j’ai étudié beaucoup de pièces, quelques nouvelles et finalement très peu de romans.
@ Belledenuit : ces textes se lisent bien tout de même, et puis comme « Le Rouge et le Noir » ne m’a pas laissé un grand souvenir j’imagine qu’ils pourraient davantage plaire aux admirateurs de Stendhal.
@ Lilibook : moi ça remontait à 7 ans déjà, mais de toute manière j’ai encore plusieurs oeuvres à découvrir alors il va falloir que j’attende moins longtemps la prochaine fois.
Écrit par : Lou | 16/07/2009
Écrit par : Edelwe | 16/07/2009
Écrit par : Cleanthe | 16/07/2009
Écrit par : Naïk | 17/07/2009
Écrit par : Theoma | 17/07/2009
mais bon c un sujet assez delicat…car le probleme est que la majorite des etudiants rejettent ce qui vient de l’ecole…sans chercher a apprecier…bien dommage…
Écrit par : rachel | 18/07/2009
Écrit par : Lilly | 20/07/2009
@ Cléanthe : pour la relecture, ça viendra un jour, du moins en diagonale, mais ce n’est pas vraiment urgent comme beaucoup de classiques m’ont beaucoup plus convaincue il y a aussi un certain nombre d’années…. notamment « Mrs Dalloway », « the Turn of the Screw » de James, « La Curée » de Zola et « Les Liaisons Dangereuses », roman lu il y a dix ans… mais je note pour « la Chartreuse », qui semble avoir conquis presque tous ses lecteurs !
@ Naïk : je suis tombée follement amoureuse des « Chroniques du règne de Charles IX » de Mérimée l’an dernier. Les as-tu lues ? Sinon lis mon billet et j’espère te tenter, ça a été ZE classique de mon année 2008 ! Balzac aussi me parle beaucoup plus que Stendhal, quant à Gautier je garde un souvenir vague mais ébloui du « Capitaine Fracasse », autre classique à relire absolument ! Décidément j’ai de quoi faire…
@ Theoma : bah de rien :o)
@ Rachel : c’est un vaste sujet que celui-ci… la part de classiques et de contemporains, doit-on donner envie de lire ou viser uniquement l’accès à la culture, et à quel prix, comment conjuguer l’enseignement et le plaisir et ne pas dégoûter des élèves qui en plus ont de plus en plus de soucis d’orthographe et de problèmes de lecture, etc etc… ? J’ai bien peur de n’avoir que de vagues théories mais encore plus de questions… Cécile Ladjali (qui est un super auteur contemporain au passage) a écrit un livre assez controversé à ce sujet, en tant qu’enseignante. Je le lirai peut-être d’ailleurs, même si je lis assez peu d’essais.
@ Lilly : je n’en ai fichtrement aucune idée, en tout cas si c’est un grand cru c’est que Stendhal et moi ne sommes pas faits pour vivre ensemble (hors petits moments de collocation improvisée).
Écrit par : Lou | 20/07/2009
bon pour l’orthographe…la grammaire…je ne prefere pas en parler….on a tellement alleger certains programmes que cela en devient alarmant….et j’avoue que euh je ne suis pas forte dans ce domaine…helas…
euh pourquoi contreverse?…
Écrit par : rachel | 20/07/2009
Écrit par : Lou | 22/07/2009
peut-etre que tu dis rien de nouveau…mais cela ne bouge pas, ou si oui c pas dans le bon sens…
Écrit par : rachel | 22/07/2009
Écrit par : Lou | 23/07/2009
il y a vraiment trop de facteurs en place pour repondre a cette question….comment passionner les eleves a la litterature, la vraie?…;o)..deja qu’est-ce la vraie?…;o)…trop de facteurs…une sacre equation…;o)
Écrit par : rachel | 23/07/2009
Écrit par : Lou | 26/07/2009
Écrit par : rachel | 26/07/2009
Sinon pour les petits je crois que ça ne change pas vraiment maintenant. HP était bien pour la génération qui a grandi avec, en ayant sensiblement le même âge que le héros à chaque parution. C’est toujours bien maintenant mais ceux-là ont eu de la chance je trouve. Mais tout de même il y a eu d’excellents livres jeunesse bien avant, comme les collections Rouge et Or, la bibliothèque rose et la bibliothèque verte depuis longtemps, que mes parents, mes cousins et moi avons adoré. Et puis en littérature plus contemporaine j’ai du mal à trouver un égal à Roald Dahl. Bref depuis longtemps les livres ne manquent pas mais soit on ne sait pas bien donner envie de lire, soit il faut se résoudre et considérer que certains n’aimeront jamais lire, tout comme d’autres n’aimeront jamais le sport ou les maths.
Écrit par : Lou | 27/07/2009
bon j’ecrivais HP mais c vrai qu’il y a toutes ces bibliotheques (ah la rose…ah, que de souvenirs!)…
Écrit par : rachel | 27/07/2009
Écrit par : Lou | 28/07/2009
Écrit par : rachel | 28/07/2009
Écrit par : Lou | 29/07/2009
Écrit par : Nicolas | 31/07/2009
Écrit par : Lou | 21/08/2009
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