Ayant repéré récemment l’affiche du film Le Secret de Moonacre, j’ai décidé de découvrir Elizabeth Goudge avec ce roman (The little white horse en VO) avant de me diriger d’un pas décidé vers les salles de cinéma.
What’s going on ? : Epoque victorienne. Maria Merryweather se rend chez un oncle inconnu après le décès de ses parents. Accompagnée de sa gouvernante Miss Heliotrope (sujette aux indigestions et grande consommatrice de bonbons à la menthe), la jeune fille découvre un monde enchanteur, peuplé de personnes exubérantes et d’animaux franchement étranges (dont un chat géant, un chien qui ressemble à tout sauf à un chien et une licorne). Si la joie de vivre semble régner sur le domaine et au sein du village tout proche, une vieille malédiction fait peser sur les habitants une menace bien réelle, avec les terribles Hommes de la Forêt des ombres qui monopolisent l’accès à la baie et pillent leurs voisins. Je suis certaine que vous ne serez pas surpris de savoir que selon la légende, seule une princesse de la Lune pourra réconcilier les Merryweather et les hommes de la Forêt et que celle qui parviendra à rétablir la paix dans la vallée n’est autre que Maria, notre héroïne (accompagnée de quelques adjuvants, dont un charmant jeune garçon – bizarre bizarre !).
Le Secret de Moonacre (apparemment rebaptisé ainsi pour la sortie du film) est un roman jeunesse charmant qui m’a fait agréablement rêvasser pendant quelques heures. L’époque, les lieux (le manoir, la propriété et les collines alentours sont tous entourés de mystère et de magie) ainsi que les personnages aux rôles très définis (pour ne pas dire stéréotypés) font de cette histoire une aventure très mignonne qui rappelle d’ailleurs quelques classiques pour enfants. Notamment Peter Pan et Robin des Bois via l’un des personnages ainsi qu’Alice au pays des Merveilles (avec la chute dans un trou qui n’est pas sans évoquer un certain terrier), sans oublier une fuite qui fait penser à celle de Blanche-Neige dans la forêt. Bref, nous voilà plongés dans une sorte de conte de fées un tantinet modernisé, avec une galerie de personnages sympathique et une ambiance ma foi fort « doudouesque ».
Ce livre vaut très certainement beaucoup de romans d’aventures contemporains et devrait plaire à tous ceux qui aiment l’univers victorien des histoires à la Burnett et à la James Matthew Barrie, même s’il ne renouvelle pas franchement le genre. J’ai évidemment savouré les influences très marquées et passé un bon moment, mais je regrette des défauts tout de même évidents : l’absence quasi-totale de surprise, aussi bien dans le déroulement passées les 100 premières pages que lors de la fin (je pensais que l’orpheline atterrirait chez un oncle déplaisant mais c’est bien le seul point sur lequel je me suis trompée) ; une certaine lenteur dans le récit, notamment due à la répétition de quelques journées plus ou moins semblables ; enfin, une tendance insupportable à la profusion de bonnes intentions, avec quelques moments terribles de « bisounours’itude ». Exemple: « Je suis née dans les Cornouailles, où la mer tonne contre les falaises rocheuses et où les géraniums sont les plus beaux de la terre » (p231). Mais surtout vers la fin : « Se disputer ne servira à rien, dit-elle. Si vous pardonnez à Sir Wrolf d’avoir voulu prendre la terre de William Le Noir, Sir Benjamin vous pardonnera de vous être livré au vol et au braconnage. Et si vous promettez de ne plus être méchant, nous deviendrons amis pour toujours… » (p271). Joli programme.
Le Secret de Moonacre n’est donc pas un exemple impérissable de littérature jeunesse réussie, mais c’est tout de même un roman féerique qui se défend (pour les plus grands) et se dévore (pour les plus petits). Amateurs de romans pour enfants/ados, parents de petits lecteurs et amoureux d’ambiances victoriennes, ce livre devrait vous plaire !
Quelques extraits :
A la Alice : « L’escalier aboutissait à une porte si minuscule qu’aucun adulte de taille normale ne pouvait la franchir. Mais pour une jeune fille de treize ans, elle était parfaite. Maria l’examina le coeur battant. Bien que petite, étroite, basse et manifestement vieille de plusieurs centaines d’années, elle semblait avoir été spécialement faite pour elle. En effet, si Maria avait eu la possibilité de choisir sa porte, c’est assurément celle-ci qu’elle aurait prise. (…) En chêne vert, ornée de clous argentés, elle avait en guise de heurtoir un délicat fer à cheval, si poli qu’il jetait des éclats. A sa vue, Maria repensa immédiatement à l’adorable petit cheval blanc qu’elle avait cru apercevoir dans le parc et qu’elle avait voulu montrer à Miss Heliotrope. » (p33)
A la Peter Pan : « Mais Robin avait disparu de sa vie deux ans auparavant ; dès qu’elle avait commencé à coiffer ses cheveux en chignon et à adopter des allures de dame, il avait cessé de venir. » (p50)
« La baie de Merryweather avait la forme d’un croissant de lune. De magnifiques falaises, trouées de grottes, enserraient une petite plage de galets multicolores, bordée par une bande de sable blond, où des rochers retenaient des flaques peuplées d’anémones aux couleurs éclatantes, de coquillages et d’algues qui s’étiraient comme des rubans de satin. Au loin, la mer était d’un bleu profond, parsemée de crêtes blanches qui ressemblaient à des chevaux au galop, des centaines de chevaux blancs s’élançant vers l’horizon dans un déferlement de lumière. » (p280)
334 p
Elizabeth Goudge, Le Secret de Moonacre, 1946
Commentaires
Écrit par : Lilly | 17/06/2009
Écrit par : Lou | 17/06/2009
Écrit par : Maribel | 17/06/2009
Écrit par : rachel | 17/06/2009
Écrit par : Keltia | 17/06/2009
Écrit par : Mango | 17/06/2009
Écrit par : Miss Babooshka | 17/06/2009
Écrit par : Rory | 17/06/2009
Écrit par : Edelwe | 17/06/2009
Écrit par : Naïk | 18/06/2009
Bon bah je vais le lire et le voir alors !
Écrit par : Emma | 18/06/2009
Écrit par : Leiloona | 18/06/2009
Écrit par : hydromiel | 18/06/2009
Écrit par : Lilibook | 18/06/2009
@ Rachel : ça me rappelle un peu les vieilles histoires de princesses, le méchant devint gentil, ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants… malgré tout la plume de Goudge est très agréable et l’univers enchanteur.
@ Keltia : oui je dois voir le film maintenant moi aussi !
@ Mango : disons qu’il se passe des choses ensuite mais je voyais venir la plupart des péripéties, qui ne sont pas vraiment renversantes côté suspense !
@ Miss Babooshka : je crois que le casting est très hollywoodien… Aurore et l’oncle sont vieillissants dans le livre mais on dirait de jeunes premiers ou presque dans le film j’ai l’impression.
Écrit par : Lou | 18/06/2009
@ Edelwe : tu avais aussi repéré le film ? Tu le verras finalement ?
@ Naïk : you’re very welcome :o)
@ Emma : tu m’intrigues ! Qu’est-ce que c’est que cette boussole machin chose ? Une adaptation d’un livre de Goudge ? Je ne vois pas du tout là ^^
@ Leiloona : je pense que le film devrait me plaire, moi qui adore les films en costumes.
@ Hydromiel : ça m’arrive souvent, surtout pour des films qui n’ont pas marché au ciné comme « Miss Potter ».
@ Lilibook : c’est très mignon. Je l’ai lu pour profiter du film rapidement mais sinon je pense que ses livres plus connus ont l’air plus intéressants (« Le pays du dauphin vert » etc).
Écrit par : Lou | 18/06/2009
Écrit par : Emma | 19/06/2009
Écrit par : Hathaway | 19/06/2009
@ Hathaway : Burton, un nouveau film ? J’espère qu’il me plaira plus que « Sweeney Todd ».
Quant au film tiré du livre de Goudge, je ne sais pas encore ce qu’il vaut :o)
Écrit par : Lou | 19/06/2009
Écrit par : Hambre | 19/06/2009
Écrit par : Lou | 19/06/2009
Écrit par : Karine 🙂 | 29/06/2009
Écrit par : Lou | 29/06/2009
Je croise les doigts pour que leur projet tienne la route et qu’elles ne font pas changé d’avis d’ici une semaine 😉 Car je trouve que c’est un beau projet ! Et si tu pouvais me prêter le livre Le Secret de Moonacre, cela serait bien sympa ! Un grand merci si c’est possible sauf si c’est en V.O
Écrit par : Malice | 18/01/2012
Écrit par : Lou | 18/01/2012
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