« Julia Leigh is a sorceress. Her deft prose casts a spell of serene control while the earth quakes underfoot. » Toni Morrison
Olivia revient dans le château familial avec ses deux enfants après avoir quitté un mari violent. Un retour inattendu, d’autant plus que la famille s’est opposée à son mariage et à son départ quelques années plus tôt. Cet événement imprévu est rapidement suivi par l’arrivée du frère et de sa femme Sophie, accompagnés de leur bébé mort-né.
Disquiet de Julia Leigh (Ailleurs) est un curieux texte court qui rappelle un peu l’atmosphère de The Turn of the Screw d’Henry James et du film Les Autres. D’abord par la demeure imposante, auréolée de mystère au début du récit ; puis par l’étrangeté des relations qui lient les personnages. Faits de non-dits, les échanges tacites sont parfois déconcertants. La douleur, le long apprentissage de deuil de Sophie sont compris par le reste de la famille, au point de la laisser se promener avec le bébé mort, chercher à le nourrir et à le tenir dans ses bras à proximité des enfants d’Olivia.
Malgré tout, l’ambiance qui se dégage de ce court roman est très particulière et la comparaison avec James me semble assez imparfaite. La tension qui est créée ne repose pas tant sur l’incursion du fantastique dans le récit ; la folie est présente mais moins palpable. Pour moi, les personnages sont sans cesse au bord d’un gouffre qui pourrait en effet les pousser à accomplir des actions à première vue irréfléchies. Cependant c’est surtout en raison de la douleur que tous éprouvent, pour des motifs différents et de diverse manière ; cette souffrance profonde leur permet aussi de se comprendre mutuellement et les rapproche.
Voilà un texte curieux qui m’a séduite pour le style sobre et élégant associé à un univers frôlant toujours l’irréel, le fantasmagorique. Tout est pourtant extrêmement réaliste, tout dépend toujours du monde que construisent autour d’eux des personnages que rien ne distingue vraiment de nous. J’ai aimé cette capacité à créer une impression d’étrangeté à partir d’un récit pragmatique, parfois même banal.
“The next moment she turned toward her son. My child. He was ancient and implacable, a boy most beautiful. But no boy is mountain and lake and knowing this – knowing that mountain is rock and lake is water, that even rock sheds fine grains and water shapeshifts, knowing it impossible to be rock or water, and knowing the disappointments she had visited upon herself – she made a wish for him. Hold, hold.”
Quelques avis : Lamousmé, qui a vu dans ce texte une forte influence de Lewis Carroll (notamment avec Sylvie et Bruno) ; Lilly ; Isil…
121 p
Julia Leigh, Disquiet, 2008

Commentaires
Écrit par : choupynette | 02/04/2009
Écrit par : Keltia | 02/04/2009
Écrit par : Lilly | 02/04/2009
Écrit par : Brize | 02/04/2009
Écrit par : wictoria | 02/04/2009
Écrit par : Isil | 02/04/2009
Écrit par : Ofelia | 03/04/2009
Écrit par : Karine 🙂 | 03/04/2009
Écrit par : freude | 03/04/2009
Écrit par : Neph | 03/04/2009
Écrit par : mango | 03/04/2009
Écrit par : Cléanthe | 03/04/2009
Écrit par : Titine | 04/04/2009
Écrit par : Cécile | 04/04/2009
Écrit par : Laetitia la liseuse | 04/04/2009
Écrit par : Hathaway | 07/04/2009
Écrit par : jumy | 07/04/2009
Écrit par : Florinette | 08/04/2009
@ Lilly : je dois absolument relire « The Turn of the Screw »… j’essaie aussi de mettre la main sur le film de 99 mais ce n’est pas évident !
@ Wictoria : c’est en cela qu’on pense un peu à James… on imagine qu’il n’y a aucun vrai mystère, seulement le malheur d’une famille, mais le doute subsiste…
@ Isil : Lamousmé ne devrait pas parler de livres qui sont presque introuvables !:p Et sinon je me souviens encore de tes commentaires sur la scène de l’épilation. En même temps tout le livre repose sur la tension entre fantasmes, imaginaire et réalité… du coup je trouve cette scène comme allant de soi ou presque, dans un sens.
@ Mango : ce qui est sûr c’est que je suis passée à côté des allusions vues par Lamousmé… il faut donc que je connaisse mieux un certain Lewis !
@ Cléanthe : (copie de ma réponse sur ton blog, j’avoue j’avoue)
J’ai oublié de te répondre au sujet de Julia Leigh (et je viens de voir avec effroi que je n’ai pas répondu aux commentaires sur son livre – mais je le jure, je les ai lus !). « Ailleurs » (« Disquiet ») n’est pas tout à fait comparable à Henry James et je ne voulais d’ailleurs pas trop insister sur ce point. J’ai un peu retrouvé l’ambiance de « The Turn of the Screw » (le tour d’Ecrou) mais le style tout comme la narration sont assez éloignés de l’image que je garde de ce livre de James (lu en fin de prepa il y a donc plus de 6 ans). C’est un livre très curieux, que j’ai aimé pour son originalité et l’ambiance étrange. Il n’égale cependant pas Henry James – même si de toute manière la comparaison me semble moyennement appropriée.
@ Titine : j’ai vu « Les Autres » quelques mois avant de lire le court roman de James et j’ai associé immédiatement les deux univers. Y a-t-il vraiment un lien à ton avis ?
@ Cécile et Jumy : la couverture francaise est vraiment laide, je ne comprends pas pourquoi car en général l’éditeur est plus doué en la matière. J’aime la photo mais le design est une vraie horreur !
Écrit par : Lou | 16/04/2009
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