Comment rater un bon gâteau ? C’est la question que je me pose à la lecture du roman de Kirsty Gunn Le garçon et la mer. Prenons donc la recette : les ingrédients rappellent Pluie, premier roman de toute beauté. L’adolescence et ses blessures, le rapport à l’eau, la multitude d’impressions et un crescendo dramatique que l’on pressent dès les premières pages. Est-ce la sauce qui n’était pas assez liée ? Le glaçage qui gâtait une pâtisserie jusque-là prometteuse ? Toujours est-il que je n’avais aucune envie de faire un billet mitigé sur Kirsty Gunn, d’autant plus que je n’ai lu que des critiques positives sur Le garçon et la mer et que je me demande pourquoi je suis la seule à être sceptique.
Ici il est question de Ward, que nous suivons au cours d’une journée déterminante pour lui. Il aime le surf, ne se sent pas à l’aise avec les jeunes de son âge, recherche la solitude et accepte avec difficulté de suivre l’exemple de son meilleur ami, qui vit pleinement son adolescence. Plus encore, le garçon est obsédé par le père adulé de tous qui lui a appris à surfer et semble l’ignorer royalement. S’il ne supporte pas de marcher dans l’ombre de son père, Ward est aussi gêné par les démonstrations de tendresse de sa mère et la complicité entre ses parents qui l’exclut de son foyer. Le rapport à la mère s’efface avec l’entrée en scène de la mer, presque incestueuse. Ou peut-être que la relation malsaine ne se limite pas au simple contact de l’eau ? L’ambiguïté n’est jamais vraiment levée.
« Allez viens »…
Et voilà son fils maintenant, là-bas au large, dans ses rêves il dérive au loin…
Un peu plus profond, dit la mer.
Il fait frais ici, il fait bon…
« Mais je ne veux pas ! »
Et la mer, elle commence à voir des trucs, souviens-toi…
L’un chancelant sur sa planche, l’autre debout et sûr de lui… « Allez viens maintenant ! Ne fais pas le bébé ! »
La femme sursaute dans son sommeil : « Je vous aime tous les deux ! »
Parce qu’un garçon, deux garçons…
Père ou fils…
Pour la mer ils reviennent au même.
Ils sont à moi…
Elle ouvre la bouche et tous les garçons s’y engouffrent en glissant.
Cet extrait me plait beaucoup mais pour être franche, je n’ai pas du tout retrouvé la poésie de Pluie. Les descriptions sont moins abouties, le style haché intéressant mais finalement moyennement agréable. On pense à La Baie de Katherine Mansfield (mais le charme n’est pas le même), avec ses familles se retrouvant à la plage, ses bains de soleil, ses souffrances et l’évocation d’une mer sublime. Un garçon torturé découvre les affres de l’adolescence, avec une histoire personnelle particulièrement douloureuse. Difficile de rester insensible, malgré tout je n’ai pas apprécié l’écriture cette fois-ci et, après avoir relu des extraits de Pluie, je continue de penser que Le garçon et la mer est malheureusement nettement moins réussi que cet autre roman de Kirsty Gunn. Je renouvellerai l’expérience malgré tout, sans doute en anglais pour éviter le biais de la traduction.
Beaucoup d’avis positifs, tous séduits par l’exercice de style de Kirsty Gunn : Louisa, qui parle d’un « texte oedipien » et d’un « récit court, haché, brutal » ; la Matricule des Anges ; Clarabel, qui évoque avec raison l’atmosphère accablante ; André Clavel pour Le Temps ; Julie Coutu pour Chronicart, rappelant la « longue litanie d’émotions, de silences intériorisés » ; Beaucoup de bruit pour rien ; Citrouille, librairies sorcières.
Mon billet sur Pluie.
166 p
Kirsty Gunn, Le garçon et la mer, 2006

Commentaires
Sinon, désolée, j’ai bien reçu ton paquet. Comme le mien est parti hier et que je te remercie (le livret sur Victoria est une idée géniale !!) de ton paquet dedans, j’ai complètement zappé que le message ne serait pas immédiat…
Toutes mes excuses :o)))
Sinon, je n’ai pas résisté, je viens de lire le Rosamund Haden cet aprèm. C’est vrai que c’est une jolie histoire !
Écrit par : Lilly | 17/01/2009
hop!
Passe me voir à l’occasion
http://masmouse.blogspot.com
tu serasbien reçue
Écrit par : GM | 17/01/2009
Écrit par : Aifelle | 17/01/2009
Écrit par : fashion | 18/01/2009
Écrit par : Anne | 18/01/2009
Écrit par : Florinette | 18/01/2009
Ca sonne un peu URSS non ?
Juste pour te dire que j’ai enfin créé le mouvement de nos rêves à toutes : le CDVL.
C’est visible ici : http://lcdvl.unblog.fr
A bientôt !!!!
Écrit par : Léthée | 18/01/2009
Pour l’avis j’ai vu celui de Clarabel et d’autres en ligne mais ces articles ne répondaient pas à mes propres questions quant au style et au rapport à la mère, sur lequel je me suis beaucoup interrogée. Ils donnent tous un bon aperçu du roman en revanche.
Je suis contente de voir que tu as aimé le Haden !
@ GM : merci pour l’invitation ! je ne connaissais pas encore votre blog et vous souhaite la bienvenue ici aussi !
@ Aifelle, Fashion et Florinette : ça y est… mais je vous dirais plutôt d’aller voir celui sur « Pluie » ;o)
@ Anne : très judicieux !!
@ Léthée : tu m’as bien fait rire avec le flux URSS… back in the USSR ;o) Je vais voir le mouvement de nos rêves de suite !
Écrit par : Lou | 18/01/2009
Écrit par : Florinette | 19/01/2009
Écrit par : In Cold Blog | 20/01/2009
Écrit par : Lou | 20/01/2009
Écrit par : Karine 🙂 | 24/01/2009
Écrit par : Lou | 24/01/2009
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