Je viens de vivre une expérience des plus périlleuses puisque, évoluant pendant deux jours aux côtés d’un tueur méthodique prêt à assassiner sauvagement tout ce qui se trouvait à portée de main histoire de s’en griller une un peu plus jouissive que les autres, je n’en menais pas large avec mon statut de non-fumeuse tout à fait satisfaite de ne plus partir dans des quintes de toux en écumant les bars avec une bande de potes tout autant insensibles aux appels de sainte nicotine.
Ce titre n’était pas celui qui m’attirait le plus a priori et, sans Elodie et le prix Landerneau, je serais sans doute passée à côté de ce roman sympathique. Car n’est pas tueur efficace qui veut et notre héros du jour Valentine m’a séduite avec son approche légèrement compulsive mais diablement efficace, sans parler de son sens de l’à-propos ironique et plein d’humour (faire périr dans une explosion un brûleur de pigeons, une des hypothèses envisagées par exemple).
Fume et tue. Un titre également bien choisi compte tenu du sujet : soudain privé du plaisir que lui procurait la cigarette, Valentine découvre par le plus grand des hasards un remède à ce mal en la montée d’adrénaline provoquée par un meurtre tout à fait accidentel (et que nous, pauvres lecteurs compatissants, fumeurs et non-fumeurs, trouvons finalement tout à fait naturel et excusable).
Récit à la première personne d’un homme emprisonné pour avoir commis quatre crimes, ce roman revient sur l’enfance du narrateur, ses premiers contacts avec le tabac, sa première cigarette et la place indétrônable que celle-ci occupe dans sa vie, aux côtés d’une épouse non fumeuse écrivant dans une revue consacrée à l’art moderne. Celui-ci apparaît en toile de fond, via les photos d’Andy Warhol ou de Francis Bacon. Ou bien encore lorsque Valentine se souvient du jour où il avait pris pour un cendrier une œuvre contenant les cendres de la sœur de l’artiste. Sans parler de son jugement à mon sens parfaitement exact du travail de Damien Hirst, gentiment qualifié de « parfaitement vomitif » (voir photos pour ceux qui ne connaîtraient pas encore celui qui fait se pâmer Madonna et je ne sais plus quelle autre célébrité en plongeant des animaux découpés dans du formol).
Fume et Tue est un roman agréable, à ne pas prendre pour un polar (le titre est peut-être trompeur sur ce point). L’écriture est fluide, le personnage principal attachant, les autres apportent un peu de piment. L’histoire, qui pourrait sembler fumeuse (en oubliant le mauvais jeux de mots parfaitement involontaire), paraît assez crédible. Ce n’est sans doute pas un livre dont je me souviendrai bien longtemps mais c’est un bon divertissement et, après tout, c’est ce qui importe.
Atteinte de flemmingite aigüe je me permets de citer Fashion qui a trouvé le récit « très enlevé » et renvoie vers « Les avis unanimement enthousiastes de Lily, Papillon, Pascal, Katell, Michel, Cathulu, Anne, Cuné et Caro[line] » (merci Fashion !). Au passage, ce livre est le coup de cœur de Caro[line] parmi les 8 finalistes du prix Landerneau.

Et je ne résiste pas au plaisir de vous présenter A Thousand Years, une composition originale de Damien Hirst qui ne se contente plus de découper des animaux en tranches ou d’utiliser des squelettes. Particulièrement palpitant, ce travail met en scène la vie de larves contenues dans la boîte à droite. Lorsqu’elles grandissent et souhaitent voler de leurs propres ailes, elles passent de l’autre côté du cube de verre pour se délecter d’une vieille carcasse gentiment posée là par l’artiste. Sauf que celui-ci, un brin sadique sur les bords, a également ajouté en haut un tue-mouche électrique auquel les pauvres petits insectes peuvent à tout moment se frotter. Sans doute histoire d’illustrer le darwinisme ou d’ajouter un petit côté tragique à son opéra !
280 p
Antoine Laurain, Fume et Tue, 2007
Commentaires
Écrit par : Karine | 20/08/2008
Écrit par : Anne | 21/08/2008
@ Anne : en effet :o)
Écrit par : Lou | 21/08/2008
Écrit par : Daniel Fattore aka Captain Beaujol | 25/08/2008
Et encore une fois, je suis ravie qu’un roman français contemporain t’ait plu ! 😉
Écrit par : Caro[line] | 27/08/2008
@ Caro[line] : eh oui, Damien Hirst n’est pas une invention cauchemardesque de l’auteur :o) C’est pour Ça que j’en ai parlé car il n’est pas très connu ici, à moins de vraiment s’intéresser en particulier à l’art contemporain. Je l’ai moi aussi découvert très récemment en suivant un cours sur l’art et l’argent !!
Et tu verras vite qu’un autre roman franÇais m’a conquise !
Écrit par : Lou | 29/08/2008
Écrit par : Cécile de Quoide9 | 14/09/2008
Écrit par : Lou | 17/09/2008
Écrit par : Molly | 11/05/2009
Écrit par : Lou | 12/05/2009
Écrit par : maggie | 21/02/2010
Écrit par : Lou | 21/02/2010
Écrit par : maggie | 21/02/2010
Écrit par : Lou | 22/02/2010
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